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ment par le mot booah, nom qu’on leur donne dans les îles de
la mer du Sud.
( Tome I I I , pag. iG». )
Deux mois plus tard, il retrouve la même tradition
dans la baie de la Reine-Charlotte (détroit de
Cook).
Quand nous fumes sous voiles, le vieillard Topaa vint à
bord pour nous dire adieu, et comme nous désirions toujours
d’apprendre si, parmi ce peuple, il s’était conservé quelque
tradition de Tasman , Tupia fut chargé de demander au vieillard
s’il avait jamais entendu dire que quelque vaisseau pareil
au notre eût visité son pays. Il répondit que non , mais il ajouta
que ses ancêtres lui avaient dit qu’autrefois il était arrivé en ce
même endroit un petit bâtiment venant d’une contrée éloignée
appelée ÜUmaraa, et dans lequel il y avait quatre hommes
qui furent tous tués lors de leur débarquement. Lorsqu’on lui
fit des questions sur la position de cette terre éloignée, il montra
le nord. Les Indiens des environs de la baie des Iles nous
avaient parlé d’ Ulimaraa, en nous disant que leurs ancêtres
l’avaient visité. Tupia nous avait entretenus aussi quelquefois
de ce pays, sur lequel il avait quelques notions confuses qui
lui avaient été transmises par tradition , et qui n’étaient pas fort
différentes de celles de notre vieillard, etc.
( Tome I I I , pag. 2o3. )
DEUXIÈME VOYAGE.
Forster lui-même, cet observateur si assidu et si ju dicieux
, n’avait presque rien découvert de leurs opinions,
ni de leurs cérémonies religieuses.
« T upia, le seul qui pût faire une conversation suivie avec
les Zélandais, découvrit bientôt qu’ils reconnaissent un Être
suprême; ils croient aussi à quelques divinités inférieures;
leur système de polythéisme répond à celui des Taïtiens, et
doit être de très-ancienne date, et tirer son origine de leurs
ancêtres communs. Nous n’avons pas observé, à la Nouvelle-
Zélande, une seule cérémonie qui parût avoir le moindre rapport
à la religion, eL je n’ai remarqué que deux choses qui
semblent en avoir un éloigné. La première est le nom ê!Aiuée
(plutôt Touï)y l’oiseau de la divinité, qu’ils donnent quelquefois
à une espèce de bouvreuil ( Certhia circinnata'). On croirait
que ce nom suppose la même vénération qu’on a pour les
hérons et les martins-pêcheurs à Taïti et aux îles de la Société ;
mais je ne puis pas dire qu’ils nous aient témoigné le moindre
désir de conserver la vie de cet oiseau plutôt que des autres.
La seconde chose c’est l’amulette de pierre verte qu’ils portent
sur la poitrine et qui est suspendue à un collier ; elle est de la
grosseur de deux écus, et sculptée de manière qu’elle ressemble
à une figure humaine. Ils l’appellent Etée-ghée (lisez Tiki')^
ce qui, sans doute, équivaut à VEtée taïtien ( qu’on doit prononcer
Tihi ). A Taïti et sur les îles voisines, Etée signifie une
image de bois représentant une figure humaine, érigée sur un
bâton dans les cimetières en mémoire des morts, mais pour
laquelle on n’a aucun respect particulier. Il paraît qu’on fait
usage du Tce-ghêe de la Nouvelle-Zélande dans la même vue;
mais il n’est pas plus révéré, car quoiqu’ils ne voulussent pas
le vendre pour des grains de verre, cependant ils ne manquaient
pas, dans le détroit de la Reine-Charlotte, de nous
le céder pour une demi-verge de drap ou de serge rouge.
En outre, ils parent souvent leur col de plusieurs rangées de
dents humaines que nous prîmes pour des trophées de leur
valeur, puisque c’étaient les dents des ennemis qu’ils avaient
tués. Nous n’avons aperçu parmi eux ni prêtres, ni jongleurs
d’aucune espèce, ce qui explique pourquoi ils sont si peu
superstitieux. «
( l'ome IIy pag. i 3o. )