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étaient bien traités, ajoutai-je, on y en enverrait davantage.
Départ de TVaï-Kadi.
Alors il désira m’accompagner à Porl - Jackson ; je lui répondis
que le nombre de personnes que j ’avais déjà consenti à
prendre était tout ce que VActive pouvait contenir; mais que
je lui donnerais des recommandations pour lui procurer un
passage prochain, s’il avait encore envie de venir me voir.
Il fut satisfait de cette promesse, assurant qu’il en profiterait.
Je lui représentai alors que le navire devant quitter Kawa-
Kawa ce jour même, il fallait que je le priasse de me donner
une pirogue pour m’en retourner. Il répliqua qu’il ne me laisserait
pas partir sans m’offrir deux ou trois cochons. A l’instant
il dépouilla tous ses vêtemens, s’élança dans la rivière avec un
chien el un petit garçon , et la traversa en les soutenant d’une,
main au-dessus de l’eau et nageant de l ’autre. Quand il eut
mis pied à terre, il s’enfonça dans la forêt, suivi du chien et
de l’enfant, et revint peu de temps après avec trois cochons
qu’il jeta dans la pirogue. Alors tout fut prêt pour mon retour
: il me fit présent de quelques nattes, et me dit qu’il allait
m’accompagner au navire.
Quand je fus dans la pirogue, il y embarqua un de ses fils,
joli garçon de neuf ans environ. Je lui demandai ce qu’il voulait
en faire. 11 prétendit qu’il voulait le conduire à Rangui-
Hou , pour le mettre chez M. Kendall, afin que celui-ci pût
l ’instruire. Je lui répondis que la maison de M. Kendall n’était
pas encore prête; mais qu’aussitôt qu’elle le serait, et que
M. Kendall pourrait le prendre chez lu i, je lui parlerais, et
que j ’étais sûr qu’il recevrait son fils. Cette promesse le contenta.
Rapports entre les chefs et leurs peuples.
Il ne sera pas inutile de con.signer ici une conversation que
j’eus avec deux chefs, Toupe et Temarangai, quelque temps
après cette course, par rapport à l’école de M. Kendall. Il
avait déjà commencé à instruire les enfans, et il avait reçu
dans son école deux beaux garçons, qui étaient les fils d’un
homme du peuple de Rangui-Hou. Ces cbefs observèrent qu’il
était inutile de rien enseigner à des enfans du peuple, attendu
qu’ils n’avaient ni propriétés, ni serviteurs, et qu’ils ne pourraient
jamais s’élever à un rang plus élevé que leurs parens,
ma s qu’il serait très-bien d’instruire les enfans des chefs.
D’après ee que j’ai pu apprendre, il parait qu’il n’y a point
de classe moyenne dans le peuple de la Nouvelle-Zélande,
mais qu’ils sont tous cbefs ou esclaves à un certain degré.
Toutefois les chefs ne donnent point leurs ordres indistinctement
à tous leurs gens avec cette autorité qu’emploient les
maîtres vis-à-vis des serviteurs dans les sociétés civilisées.
Ceux-ci ne paraissent point non plus forcés à leur obéir. Il
est vrai que les chefs ont le pouvoir de mettre à mort un de
leurs hommes pour motif de vol ; mais comme ils n’ont
point les moyens de récompenser les services de leurs inférieurs
, ils ne peuvent ordonner à leurs sujets collectivement
de cultiver leurs terres. En temps de guerre ou de péril
public, ils peuvent leur enjoindre de se ranger sous leurs
ordres, et ils sont obligés de le faire : les ebefs inférieurs
sont aussi contraints de suivre leurs supérieurs avec leurs gens
sur le champ de bataille. Les chefs ont des domestiques pour
préparer leurs provisions, les suivre dans leurs pirogues, cultiver
leurs champs, ou remplir tout autre service manuel, et
tous ceux-ci sont entièrement soumis à leur autorité.
Retour à Kawa-Kawa.
Je pris enfin congé du peuple de Wiwia, et retournai à bord