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dans leur fuite, traversèrent la colline où je me trouvais, et
Tun d’eux, en passant, me lança un dard barbelé qui m’atteignit
en dedans de la cui.sse gaucbe. Deux femmes le retirèrent
au moyen d’une incision qn’elles firent tout autour avec une
écaille d’buître ; l’opération laissa une plaie de la largeur d’une
coupe à tbé ordinaire, et quand elle fut terminée, je fus transporté
au travers de la rivière, sur le dos d’une femme,
jusqu’à ma cabane; là , ma femme appliqua sur la blessure
quelques berbes fraîcbes qui sur-le-cbamp arrêtèrent
l’effusion du sang, et rendirent ia douleur beaucoup moins
violente.
„ Bientôt nos gens revinrent victorieu:^, ramenant avec eux
plusieurs prisonniers. Tous ceux qui sont pris dans les combats
, cbefs ou non , deviennent les esclaves de ceux qui les ont
pris. Un denos cbefs avait été tué d’un coup de fusil par Sbongui
, son corps fut rapporté et déposé sur des nattes devant les
cabanes. Vingt têtes furent plantées sur de longues lances autour
de nos maisons., et un nombre presque double de cadavres
furent placés sur les foyers pour les faire cuire suivant la
coutume. Notre armée ne cessa de danser et de cbanter toute
la nuit, et le lendemain il y eut un grand festin, dont les
coips des tués et la racine de fougère firent les frais, pour
célébrer la victoi.re que nous avions remportée. Le nom du
cbef dont le corps était déposé devant nos cabanes était Wana ;
c’était un de ceux qui avaient pris part à l’enlèvement de notre
•navire. Son corps fut ensuite découpé en plusieurs morceaux,
et empaqueté dans des corbeilles recouvertes de nattes noires,
et mises à part dans une des pirogues pour être transportées avec
nous le long de la rivière. Outre Wana, il y eut encore cinq
autres cbefs tués de notre côté, savoir : Nene, W a r i , Tome-
T o u i, Ware-Oumou et Rau. Du côté opposé , trois cbefs furent
tués, savoir : Cbarlaï, le fils aîné de Sbongui, et deux fils
de Moudï-Waï, cbef puissant du Sbouki-Anga. Leurs têtes
furent rapportées par nos gens comme des trophées de la
guerre, et préparées à l’ordinaire.
» Nous quittâmes Kai-Para sur un grand nombre de pirogues,
et nous descendîmes la rivière jusqu’à un endroit nommé
Shouraki, où ré.sidait la mère d’un des chefs qui avaient été
tués. Quand nous arrivâmes en vue de cette place , toutes les
pirogues se réunirent et les guerriers qui les montaient entonnèrent
l’bymne funéraire. Durant cc temps, plusieurs des coteaux
vis-à-vis de nous furent couverts de femmes et d’enfans
dont le visage était barbouillé d’ocre et ia tête ornée de plumes
blancbes, et qui agitaient leurs nattes en l’air, en criant de
toutes leurs forces ; Aire mai. Aire maï; c’est le salut par lequel
ils accueillent les étrangers cbez eux. Quand le chant funéraire
fut terminé, nous débarquâmes de nos pirogues que nous
bâlâmes à terre, et tous nos hommes complètement nus exécutèrent
une danse; puis ils furent accueillis par une autre
troupe de guerriers qui arriva de derricré la colline, et ils
figurèrent en.seniblc un simulacre de combat qui dura vingt
minutes environ. Ensuite les deux bandes allèrent s’asseoir
autour de la maison qui appartenait au cbef du village, et devant
cette maison Ton plaça les corbeilles qui renfermaient le
corps mort. On les ouvrit toutes, et la tête ayant été retirée
et ornée de plumes, fut placée au-dessus de Tune de ces corbeilles,
tandis que les autres têtes qui avaient été enlevées dans
le combat furent plantées sur de longues lances, en diverses
parties du village. Pendant ce temps, la mère du cbcf qui avait
péri se tenait sur le toit de la maison, tournant continuellement
la tête, se tordant les mains et poussant des cris sur la
perte de son fils.
» Le corps mort ayant été peu de jours après enterré avec
les cérémonies accoutumées, nous nous préparâmes tous à
nous en retourner cbez nous. Shouraki est un des endroits les
plus délicieux de la Nouvelle-Zélande, et j’y ai observé plus
de terres cultivées qu’en aucun autre pays. Tandis que je my
trouvais , je vis une esclave manger une partie de son propre
enfant, qui avait été tué par le cbcf son maître. J’ai eu connaissance
de plusieurs exemples où des femmes de la Nouvelle