du can;d de la Reine-Charlotte. Précisément vis-à-vis de cette
petite î le , un canal spacieux et profond pénètre, dit cc chef,
fort avant dans les terres. Il décrivait aussi un autre canal, qui
n’est pas tout-à-fait aussi étendu, et qui pénètre dans la terre
située à l’Est, entre le cap Tera-Witi et le cap Palliser. Cette
partie de la côte fut très-imparfaitement explorée par Cook
qui, dons le fait, ne Ta guère figurée que par conjecture ; et
depuis ce temps on n’a eu aucun détail à cet égard. Toupe
assurait que les bords de ces mers iiitcriciircs étaient couverts
jusqu’au bord de Teau de pins magnifiques de Tespèec du
koudi.
Toupe avait été Tune des principales victimes dans le nombre
de ceux qui avaient souffert des invasions de Sbongui, lorsque
ce cbef belliqueux fut de retour d’Europe avec une ample
provision d’armes, et des projets ambitieux de conquêtes qui
ne tendaient à rien moins qu’à subjuguer Tile entière. La partie
la plus voisine des domaines de Toupe n’est pas éloignée
de moins de quatre cents milles de ceux de ce puissant et infatigable
capitaine ; en effet leurs États étaient séparés l’un de
l’autre par la longueur presque entière de l’île. Aussi rien ne
peut donner une idée plus exacte des projets de conquête de
Sbongui, que de montrer qu’elles l’avaient conduit à avoir
pour ennemi un peuple séparé du sien par un intervalle aussi
considérable. Cependant le récit de Toupe ne fait pas connaître
si Shongui envahit effectivement son territoire; peut-être
est-il plus naturel de supposer que, comme cela est ordinaire
dans les guerres de ces peuples, ils convinrent d’en venir
aux mains sur quelque pays intermédiaire, et de vider leur
différend par les armes. Toupe, qui n’avait aucune idée des
armes redoutables que son rival allait lui opposer, n’hésita
pas un instant à accepter le cartel qui lui fut proposé. Quand
même il eût été mieux instruit qu’il ne Tétait de l’effet des
armes à feu, les usages de la Nouvelle-Zélande ne lui eussent
peut-être pas permis de refuser ce défi. Quoi qu’il en soit, les
deux chefs en vinrent aux mains, et la défaite de Toupe en
fut le résultat. Cet événement eut les conséquences les plus
funestes pour cet infortuné cbef. Poursuivant ses succès,
Shongui chassa devant lui son rival vaincu, ju.<;qu’à ce
qu’il Teût réduit à se réfugier avec un petit nombre de ses
partisans dans un de ses pâs ou châteaux-forts. De cette
citadelle, le misérable Toupe, parmi nombre d’atrocités
exercées sur son peuple, fut soumis à Tborreur de voir deux
de ses enfans taillés en pièces et dévorés sous ses yeux par
son impitoyable vainqueur. Bien qu’il fût sans doute accoutumé
aux scènes affreuses de barbarie, si ordinaires dans les
guerres de ce pays, cette horrible scène avait fait sur son
coeur une impression ineffaçable, et le souvenir de cet instant
fatal semblait le poursuivre dans toutes les circonstances
de sa vie. En Angleterre, il fut vivement ému la première fois
qu’il vit un des fils du docteur Traill, petit garçon de quatre
ans environ. Ayant pris Tenfant sur scs genoux, il se mit à
Tembrasser et à pleurer; et quand on lui demanda le motif de
son affliction, il répondit que cet enfant était précisément du
même âge que Tun de ses fils qu’il avait vu tuer et manger;
puis, d’un ton et d’un air qui annonçaient toute son émotion ,
il détailla la manière dont son enfant avait été égorgé. Sa figure
prit une expression terrible quand il fit connaître, par
un petit nombre de mots proférés à la hâte, et par des signes
non équivoques, qu’il avait vu son ennemi arracher les yeux
de son enfant et les dévorer. L ’accès de sa rage se terminait
par des menaces entrecoupées de vengeance , et il était évident
que Tespoir de voir arriver le jour où il pourrait satisfaire ce
sentiment était désormais le voeu le plus ardent de son coeur.
Quoiqu’il fût venu en Angleterre uniquement pour obtenir
les moyens de se mesurer avec son puissant ennemi à armes
égales, il déclarait qu’il était résolu , à son retour, de réprimer
les affreux excès que ses compatriotes ajoutent aux horreurs
inévitables de la guerre. Ils avaient Thabitude, ainsi qu’il Ta-
vouait, de boire le sang fumant de ceux qui succombaient
dans le combat, mais il affirmait qu’il ne permettrait plus à