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IHECES JUSTIFICATIVES.
et le leur étaient bien différens. Ils convenaient également que
je pouvais violer leurs tabous, manger dans leurs maisons , ou
préparer mes vivres à leur feu ; que leur Dieu ne me punirait
point, mais les ferait mourir pour mes crimes.
Je leur demandai s’ils savaient quelque cbose du Dieu de
Kaï-Para , ou s’ils avaient quelque communication avec lui.
Ils répliquèrent qu’ils l’avaient souvent entendu siffler tout
bas. Je demandai à Moudi-Akou si lu i, comme leur prêtre,
avait quelque communication avec leur Dieu. Il dit aussi qu’il
l avait entendu siffler, et il imita les sons qu’il avait produits.
Je répliquai que je ne pouvais ajouter foi à ce qu’ils avançaient
tous, à moins que je ne l’entendisse moi-même. Ils affirmèrent
que ce qu’ils avaient dit était v rai, et que tous les babitans
de la Nouvelle-Zélande savaient que c’était la vérité. Je
persistai dans mes doutes, et dis au prêtre qu’à moins que je
n entendisse l’Atoua moi-même, je ne pouvais croire que lui
ou toute autre personne l’eût jamais entendu, et que j’étais prêt
à l’accompagner partout où je pourrais m’assurer de la communication
qui existait entre lui et l’Atoua. Il dit alors que
l’Atoua était dans les broussailles, et que je ne pourrais pas
l’entendre. Je répondis que je le suivrais dans les broussailles.
Quand il vit que je le pressais de la sorte, il avoua qu’il n’y avait
point de Dieu à Kaï-Para. Il avait entendu dire qu’il y en
avait un à Sbouki-Anga; mais pour eux ils n’en avalent
point. Il me pria de lui donner un de mes dieux, disant qu’il
le mettrait dans une boîte, afin de l’avoir toujours avec lui. Je
n’avais jamais vu d’idole , ni entendu jusqu’alors dire que les
Nouveaux-Zélandals eussent aucune idée d’un Dieu matériel.
En réponse à cette demande, je lui dis qu’il n’y. avait qu’un
seul Dieu vivant, qui avait créé le monde et toutes les choses
qu’il renferme, et que si je lui faisais un Dieu, ce serait en
bois, ou toute autre substance qu’on pourrait facilement
brûler ou détruire. Ils sourirent tous de l’idée de brûler un
Dieu, et sentirent évidemment l’absurdité d’une idole matérielle.
P IEC E S JUSTIFICATIVES. 443
Que Satan ait la permission ' de pratiquer quelque déception
orale pour soutenir son domaine spirituel (car il est le
dieu de ce monde) , et maintenir les sombres ténèbres de la
superstition qui aveuglent généralement l’esprit des pauvres
païens, c’est ce que je ne puis décider. Je n’ai pas rencontre
de Nouveau-Zélandais, même parmi les plus éclairés d’entre
eux, qui ne croie fermement que leurs prêtres sont en communication
avec la divinité ; et plusieurs, tant de leurs prêtres
que d’autres, m’ont dit qu’ils avaient entendu leur Dieu. C’est
un sujet d’une nature si mystérieuse , que je ne puis me décider
à croire ni à rejeter ce qui est si universellement accrédité
à la Nouvelle-Zélande. Je ne prétends pas connaître jusqu’où
l’influence de Satan peut s’étendre sur une nation barbare et
sans civilisation.
Nous continuâmes à causer très-avant dans la soirée, et a
discuter sur leurs idées toucbant la divinité, sur le tabou , et
les diverses superstitions qui les font prodigieusement souffrir.
Temarangai fit observer qu’il y avait un trop grand nombre
de prêtres à la Nouvelle-Zélande, el qu’ils écrasaient le peuple
de tabous et de prières , jusqu’à outrance. Il rappela l’exemple
du prêtre qui avait voulu lui persuader de ne pas m’accompagner
à la baie Mercure, disant que l’Atoua de cet endroit
lui avait révélé qu’il tuerait Temarangai sous quatre jours;
mais qu’en conséquence de mes promesses il m’avait suivi, et
était revenu en bonne santé : ce qui prouvait la fourberie du
prêtre. Temarangai plaidait fortement contre le tabou, bien
qu’en même temps son esprit fût torturé par cette superstition.
Il ne peut s’accoutumer à l’idée que notre Dieu soit aussi le
leur. Il répétait souvent que notre Dieu était bon , et n avait
pas besoin de tabou; mais que le Dieu de laNouvelle-Zélande
était méchant.
Temarangai expliquait au peuple nos coutumes, nos ma-
* Ne perdons point de vue que
ainsi.
c’est un chef de missionnaires qui parle