formés de nos intentions de former un nouvel établissement,
et chacun d’eux se montra également jaloux de nous posséder
dans sa juridiction. Sbongui déclara qu’il nous laisserait le
choix de toutes ses terres, et nous en céderait telle quantité
que nous désirerions : Koro-Koro était prêt à en faire autant.
Au reste, il fut arrêté que nous irions le lendemain matin ;'i
Kidi-Kidi, district à douze milles environ de Rangui-Hou,
où Shongui possède ses principales cultures de patates et de
pommes de terre.
17 août 1819. En conséquence, après avoir mis les naturels
à couper dubois pour notre ponton, et donné les instructions
nécessaires aux charpentiers, moi, le révérend John Butler et
MM. F. et W . Ha ll, nous partîmes avec Shongui, dans sa pirogue
de guerre, pour Kidi-Kldi ; nous y arrivâmes dans l’après-
midi, et nous procédâmes sur-le-champ à l’examen du pays.
Kidi-Kidi choisi pour le siège du nouvel établissement.
J avais examiné cette portion de terre et celle qui s’étend
à quatorze milles plus à l’ouest, quand je vins à la Nouvelle-
Zélande en i 8i 5 , et j’avais regardé ce district, parmi tous
ceux que j avais vus dans l’île , comme celui qui promettait le
plus pour un nouvel établissement. Le sol en est riche, le terrain
uni, dégagé de bois, facile à travailler avec la charrue, et
bordé par une belle rivière d’eau douce; les communications
par eau, libres et ouvertes pour toutes les parties de la baie
des Iles; le mouillage sûr pour les navires de toute espèce
de charge, jusqu’à deux lieues de l’établissement. Shongui
nous dit que nous étions entièrement maîtres de prendre autant
de terre que nous en avions besoin, de chaque côté de la
rivière, puisqu’elle lui appartenait en propre à une très-grande
distance. Ainsi nous résolûmes de fixer en cet endroit le principal
établissement, car nous ne pouvions douter que ce sol
fertile ne convînt à toute espèce de culture et ne nous rendît
un produit abondant. En conséquence, nous dîmes à Shongui
que ce serait là que nous nous établirions, avec son approbation.
Il fut enchanté de notre résolution, ainsi que tout
son peuple.
Après nous être promenés dans la campagne jusqu’à la
brune, nous retournâmes au village de Shongui, où nous devions
passer la nuit. A la porte de notre cabane, nous trouvâmes
une belle truie de cent quarante livres environ, que
Shongui se proposait de tuer et d’apprêter pour notre souper,
avec quantité de patates et de pommes de terre : mais comme
nous avions emporté avec nous une quantité suffisante de provisions,
nous le priâmes de ne pas tuer cette bête, et ce fut
avec quelque difficulté que nous le décidâmes à la laisser vivre.
La terre était humide par suite des fortes pluies qui avaient eu
lieu : celle que nous avions reçue dans notre traversée par
eau, autant que notre marche au travers de la fougère mouillée
, avait trempé nos habits. Aussi, en entrant dans la butte
où nous devions passer la nuit, nous les ôtâmes pour les faire
sécher.
Après avoir pris les rafraîchissemens nécessaires, nous passâmes
la soirée dans une agréable conversation avec Sbongui
et ses gens, qui étaient partie dans la cabane avec nous, partie
autour de la porte; puis nous lûmes un chapitre, nous chantâmes
un hymne, et après avoir adressé nos actions de grâces
au Dieu tout-puissant, pour la tendre protection qu’il nous
accordait, et pour la sûreté et la tranquillité dont nous jouissions
au milieu de ces cannibales, nous nous couchâmes en
paix pour reposer jusqu’au matin.
18 août. Nous nous levâmes vers trois heures, chantâmes
un hymne, et offrîmes à Dieu notre prière du matin. A
quatre heures, après avoir déjeuné, nous traversâmes la rivière,
afin d’examiner le terrain de la rive opposée.
Là nous fûmes gratifiés de la vue d’un beau pays, d’une
grande étendue et bien dégagé pour la culture, quoique le sol,
en divers points, ne paraisse point aussi riche que la terre que
nous avions parcourue la veille au soir. Tout bien considéré,
TOME ni. j g