Arrivée de Shongui pour une expédition guerrière.
Vers onze heures du matin, Shongui arriva avec ses pirogues
de guerre et ses combattans, faisant route pour Wangaroa.
Il nous reçut très-cordialement ainsi que tous les chefs
qui l’accompagnaient. Je lui dis que nous avions appris son
projet daller combattre contre le peuple de Wangaroa, et je
lui représentai la folie d’être continuellement en guerre les uns
avec les autres. Plusieurs des chefs subalternes me pressèrent
de parler à Shongui pour l’engager à renoncer k cette entreprise,
ajoutant qu’ils désiraient vivre en paix; quelques-uns
d’entre eux me prièrent d’emmener Sbongui à Parramatta,
dans l’espoir que cette mesure tendrait au repos général.
J’employai toute espèce d’argumens avec Sbongui pour le
dissuader de combattre. Il ne fit qu’en rire, et dit qu’il était
bien difficile de complaire .à mes désirs; il ajouta néanmoins
qu’il ne combattrait point tant queje resterais à la Nouvelle-
Zélande, et qu’il m’accompagnerait à Port-Jackson, si j ’approuvais
ce voyage ; que pour le moment il allait suspendre scs
projets contre le peuple de Wangaroa ; qu’il lui fallait toutefois
se rendre sous peu de jours près de cet endroit, pour
relever les os de son beau-père; mais qu’il ne combattrait
point, et que je pourrais aller avec lu i, si cela me convenait.
Je lui répondis que je le ferais si j ’en pouvais trouver le
temps.
Shongui est un homme des manières les plus douces, et paraît
posséder un jugement supérieur.
Des pirogues continuèrent d’arriver pendant la plus grande
partie du jour à Rangui-Hou, jusqu’à ce que le rivage fût
couvert de naturels.
mençâmes à débarquer nos bagages, et nous continuâmes durant
les journées du i 4 et du i 5. Nous eûmes beaucoup de dif-
culté à le faire, au travers de la multitude de naturels qui
couvraient le rivage, avides comme ils l’étaient de nous voir et
d’examiner ce que nous portions. Ils nous prêtèrent toute espèce
de secours pour transporter les effets dans la maison destinée
à les recevoir, et nous ne perdîmes pas dans ces deux
jours un seul article, que je sache, excepté un mouchoir de
soie qui me fut enlevé dans ma poche. Quand je m’en aperçus,
j’en instruisis Shongui, qui au bout de dix minutes me ie rapporta,
Je ne m’informai pas qui l’avait pris, mais je laissai
Shongui arranger l’affaire. Durant ces deux jours, nous descendîmes
tout notre menu bagage et plusieurs des objets
pesans, le temps étant fort beau.
Dans la soirée du i 5 , il survint un violent coup de vent qui
enleva les canots de VActive et du General- Gates sur leurs
amarres et les mit en pièces. Ce fut un accident fâcheux pour
nous; car il ne nous restait plus qu’un canot en état, appartenant
au General-Gates, et qui n’était pas assez fort pour
transporter à terre notre gros bagage.
16 août. Ce matin nous résolûmes de construire un ponton
de vingt-quatre pieds de long sur dix de large, pour débarquer
les effets les plus lourds et pour l’usage général. Le coup
de vent durant encore aujourd’hui, avec une pluie violente,
rien n’a pu se faire : comme nous étions confinés chez nous,
nous délibérâmes sur l’utilité de former immédiatement un
nouvel établissement, oû les opérations de l’agriculture s’exécuteraient
sur une grande échelle.
Rivalité des chefs Shongui et Koro-Koro au sujet des nouveaux
colons.
Difficulté de débarquer les bagages,
i 4 et là août. De bonne heure dans k matinée, nous comDans
la soirée, K o ro-Ko ro, frère de Touai, arriva. Rival
de Sbongui, il commande une grande étendue de côtes, sûr la
partie sud de la baie des lies. Les deux chefs furent bientôt in