sept mois auparavant. Il était presque mûr; l’épi était épais et
bien plein. Ce cbef en faisait un grand cas, car il avait appris
a en connaître la valeur pendant le peu de mois qu’il avait
résidé à Parramatta. J’avais aussi envoyé un peu de graine
de lin d’Angleterre. Il avait été semé, et était venu bien
supérieur à celui que j ’avais observé dans la Nouvelle-Galles
du Sud.
Shongui nous traita, durant cette visite à son village, avec
tous les égards et l ’hospitalité que ses moyens lui permirent.
11 avait tué deux cochons, et tout ce qui nous en fut nécessaire
fut préparé selon notre propre coutume.
On revoit le village de Tareha.
Mercredi i i janvier i 8 i 5. — Ce matin, de bonne heure,
nous prîmes congé de cette singulière forteresse et du peuple
qui l’habitait, avec le projet de déjeuner au village de Tareha
distant de cinq milles environ. Shongui ordonna à ses serviteurs
d’emmener avec eux deux beaux cochons, pour les be-
soins du navire.
Nons arrivâmes au village de Tareha un peu avant sept
heures, et nous fûmes honnêtement reçus. Les feux furent
allumés et on prépara le déjeuner. Nous fûmes ici joints par plusieurs
naturels que nous n’avions pas encore vus. Tareha n’était
point de retour.
Quand nous eûmes fini de déjeuner, M. Nicholas et moi, je
fis du thé pour les femmes de Tareha et de Sbongui, qui nous
entouraient. Elles refusèrent toutes d’en prendre; Shongui
me dit qu’elles étaient tabouées, et qu’il leur était défendu
de rien prendre autre que de l ’eau. Je pressai Shongui de permettre
à une de ses femmes qui avait un petit enfant d’un
mois environ, et qui nous avait suivis depuis son village, d’en
prendre un peu. Il me répliqua qu’elle ne pouvait pas le faire,
car si elle le faisait, l’enfant mourrait. J ’étais pleinement convaincu
que ce refus de prendre du thé était fondé sur ipieG
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ques notions superstitieuses, car elles étaient toutes passionnées
pour le pain et le sucre. Je leur distribuai ce qui en restait
, et Shongui but le thé avec tous les autres cbefs.
Retour à bord de VActive.
Au bout de deux heures environ nous nous dirigeâmes vers
l ’anse où nous avions laissé la pirogue de guerre, le lundi matin.
La distance que nous eûmes à parcourir était de dix milles environ.
Notre troupe se composait de vingt-cinq personnes,
tous Nouveaux-Zélandais, excepté M. Nicholas et moi. En
trois heures nous atteignîmes la pirogue. Ici nous nous arrêtâmes
pour dîner, puis nous fîmes route vers VActive.
Quand nous ne fûmes plus qu’à sept milles du navire, nous
rencontrâmes Doua-Tara dans sa pirogue de guerre, avec un
renfort de provisions, particulièrement de thé , sucre et pain.
II craignait que nous n’eussions besoin de ces articles , attendu
que nous avions déjà été absens un jour de plus que nous ne
comptions en quittant l ’Active.
Quand Shongui et Doua-Tara furent près l’un de l ’autre,
ils tirèrent chacun un coup de fusil, cérémonie qui passait à
leurs yeux pour une marque de politesse.
Ces deux pirogues de guerre étaient presque semblables, et
les naturels eurent envie d’essayer leur force et leur habileté,
pour voir laquelle irait le plus vite. Shongui commandait l’une
et Doua-Tara l’autre. Elles marchaient si rapidement qu’il
était impossible de juger, parfois, laquelle aurait l’avantage.
Nous nous amusâmes beaucoup de l’adresse des naturels et de
1 accord parfait avec lequel ils maniaient leurs pagaies. Dans
chaque pirogue un homme donnait le signal pour chaque coup,
et il changeait à chaque instant : quelquefois les coups de pagaies
étaient lents et alongés, d’autres fois vifs el précipités.
En peu de temps nous atteignîmes TActive.
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