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582 PIECES JUSTIFICATIVES.
Ils racontent que ce dieu, par un accident malbeureux, ayant
perdu sa femme, descendit du ciel, plongé dans la plusgrande
consternation, pour la ebercber. Après l’avoir inutilement demandée
en plusieurs autres endroits, il eut enfin le bonheur de
la trouver à la Nouvelle-Zélande où elle s’était égarée longtemps
auparavant. Charmé de l’avoir rencontrée, Heko-Toro
la plaça aussitôt dans une pirogue, et, par le moyen de deux
cordes qu il attacha aux deux bouts, ils furent en un instant
enleves jusqu’au ciel. Là , pour signaler leur réunion, ils furent
changés en un groupe d’étoiles nommé Rangui, que les
naturels affirment être le couple en question.
Parmi les nombreuses traditions des Nouvcaux-Zélandais, il
en est deux fort remarquables. La première a rapport à la création
de l’homme, et a été transmise de père en fils au travers
de toutes les générations. Ils croient que le premier homme a
été créé par les trois dieux Mawi-Ranga-Rangui ou Toupouna
(grand-père), Mawi-Moua et Mawi-Potiki; mais c’est à la
première de ces divinités qu’ils accordent la plus grande part
dans cette oeuvre. Ils croient aussi, ce qui est le plus curieux,
que la première femme fut formée de l’une des côtes de l’homme;
et pour rendr£ cette coïncidence encore plus frappante, leur
terme général pour os est fo i qui, dans notre opinion, pourrait
etre une corruption du nom de notre première mère. Ce
nom leur aurait été communiqué dans le principe par quelque
moyen que nous ignorons, et conservé sans être bien altéré
dans le nombre de leurs traditions grossières.
Quant a I autre tradition, ces hommes racontent, suivant le
récit de Doua-Tara, que jadis, lorsque la lune ne donnait aucune
lumière et que les nuits étaient enveloppées de ténèbres
completes, un certain individu de leur pays, nommé Rona,
sortit de nuit pour aller chercher de l’eau dans un puits du
voisinage. Au retour, en cherchant son chemin à tâtons, il
lui arriva de se heurter les pieds par accident, et il fut si estropié
qu’il neput revenir cbez lui. Dans cette position, comme
sa douleur lui arrachait des plaintes ot qu’il tremblait de peur.
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la lune vint tout-à-coup à paraître ; alors il saisit un arbre et
s’y accrocha pour tâcher de se sauver; mais ses efforts furent
vains, car la tradition rapporte que l’arbre fut arraché jusqu’aux
racines et emporté, avec l’homme qui y était suspendu,
dans la région de la lu ne , où il fut replanté et où il existe encore
aujourd’hui avec Roua. Le lecteur, je pense, aura peine
à croire qu’il existât chez les Nouvcaux-Zélandais une histoire
si semblable à celle de notre bomme dans la lune , Man in the
moon; cependant Doua-Tara aff.rma positivement que cette
tradition leur était propre, ainsi que celle qui précède, et je
n’ai jamais en de sujet de suspecter sa véracité. D’après sa dè^^
claration, ses compatriotes considèrent toute violation du pouvoir
de leurs dieux comme une horrible impiété, et ils croient
fermement à leur présence en tous lieux. La partie des cieux
où ils se tiennent tous se nomme Te Kainga Atoua, et on la
représente comme étant d’une grande beauté. Les naturels y
rattachent aussi les idées de tous les plaisirs bizarres que leur
imagination sauvage peut enfanter.
Doua-Tara mV encore raconté que la pratique suivante était
invariablement suivie cbez les Nouveaux-Zélandals. Quand il
leur naît un enfant, on le porte au tohounga ou prêtre, qui lui
répand de l’eau sur la figure avec une certaine feuille qu’il
tient à la main. Ils pensent que cette cérémonie est non-seulement
avantageuse pour l’enfant, mais que l’omission en serait
suivie des plus funestes conséquences. Dans ce dernier cas,
ils croient que l’enfant serait exposé à une mort immédiate ;
ou , s’il lui était permis de v ivre, qu’il ne croîtrait qu’avec les
dispositions les plus perverses et les plus vicieuses.
( Page 05.) Doua-Tara nous dit qu’il était impossible à un
voleur d’échapper au châtiment à la Nouvelle-Zélande ; car si
les hommes ne pouvaient le trouver, la vigilance de la divinité
qui voit tout était sûre de le découvrir. Pour cela il fit usage
des paroles suivantes, qui sont non-seulement expressives,
mais même éminemment poétiques. U Atoua ou Dieu, it i ,
se lève sur le voleur comme une lune dans son plein ; il se pre