■ Le ±4 à midi, nous étions à deux milles environ de la côte;
nous avions 42“ to’ lat. S. et 189“ 3’ long. C’est une terre
haute et double. Nous ne pouvions apercevoir le sommet des
montagnes, à cause des nuages épais qui nous le cachaient.
Nous fîmes route le long de la côte au nord, en la suivant de si
près que nous pouvions voir briser les lames au rivage. A deux
milles de distance les sondes nous donnèrent cinquante-cinq
brasses, sable gris. Le soir et durant la n u it, il fit calme, et
nous eûmes un courant de l’O. N. O . , qui nous faisait approcher
la côte, tellement que nous mouillâmes notre ancre de détroit
par vingt-huit brasses , fond de vase.
» Le 15 au matin, au moyen d’une brise légère, nous dérâpâmes
et nous nous écartâmes du rivage, en faisant route au
nord. A midi, notre latitudefut4 i ° 4o’ S. et notre longitude 189“
4g’. Nous n’aperçûmes ni babitans ni fumées sur la terre, et nous
pouvions distinguer que près du rivage la terre était nue.
■ Le 16 nous eûmes peu de vent. Latitude à midi, 4o° 58’ S.
Au coucher du soleil, la variation fut 9“ 23’ N. E. L ’extrémité
nord de la terre en vue nous restait à l’E . iy4 N. E. Nous gouvernâmes
au N. E. et à l’E. N- E. Dans le second quart nous
eûmes fond à soixante brasses , beau sable gris.
« Le 17 au soleil levant, nous étions à un mille environ de
terre et nous vîmes des fumées qui s’élevaient en différens
lieux. A midi, latitude estiméee 4°° 32’ S.; longitude 190"
47’. Durant l’après-midi nous cinglâmes à l’E. 174 S. E ., le
long d’une terre basse pleine de dunes de sables, avec des
sondes de trente brasses, sable noir. Au coucher du soleil,
nous mouillâmes par dix-sept brasses, près d’une pointe de
, terre sablonneuse, au dedans de laquelle nous apercevions
une grande baie ouverte, de trois à quatre milles de large. De
cette pointe de sable, un écueil ou banc de sable s’étend à la
distance d’un mille environ à l’E. S. E. sous l’eau, à six, sept
ou huit pieds de profondeur. Quand vous avez dépas.sé ce
banc, vous pouvez donner dans la baie. La variation est ici
de 9» N. E.
» Le 18 au matin nous levâmes l’ancre et gouvernâmes sur la
baie, précédés par notre chaloupe et un canot du Zeehann qui
allaient à la recherche d’un bon mouillage et d’une aiguade.
Au soleil couchant, il fit calme, et l’ancre fut jetée par
quinze brasses, bon fond de vase. Une heure après le coucher
du soleil, nous vîmes plusieurs lumières sur la terre, et quatre
embarcations qui venaient du rivage vers nous. Deux d’entre
elles étaient nos propres canots. Les gens qui montaient les
autres nous appelaient d’une voix forte et rude. Nous ne comprîmes
pas ce qu’ils disaient, cependant nous les hélâmes en
guise de réponse. Ils répétèrent plusieurs fois leurs cris , mais
sans s’approcher plus près que la portée d’un jet de pierre. Ils
jouaient aussi d’un instrument qui faisait un bruit semblable à
celui d’une trompette mauresque, et auquel nous répondîmes
en sonnant de notre trompette. Ceci eut lieu plusieurs fois de
chaque côté. Quand il fit tout-à-fait nuit, ces gens nous quittèrent.
Nous fîmes bonne garde toute la nuit et tînmes nos canots
prêts.
» Le 19 au matin , un canot des naturels, monté par treize
hommes, s’approcha de notre navire, mais à la distance d’un
jet de pierre seulement. Ils nous appelèrent plusieurs fois,
mais leur langage ne ressemblait en rien au Vocabulaire des
îles Salomon qui nous avait été remis à Batavia par le général
et le conseil. Ces hommes, autant que nous pûmes en juger,
étaient d’une taille ordinaire, ils avaient les os saillaus et la voix
rude. Leur couleur est entre le brun et le jaune. Leurs cheveux
sont noirs, liés sur le sommet de la tête , à la façon des Japonais,
et surmontés d’une grande plume blanche. Leurs embarcations
étaient de longues et étroites pirogues réunies deux à
deux, et recouvertes de planches pour s’asseoir. Les pagaies
avaient plus d’une toise de long et se terminaient en pointe.
Leurs vêtemens semblaient être en nattes ou en coton ; mais la
plupart d’entre eux avaient la poitrine nue.
»Nouslcurmontrâmcs du poisson, delà toile etdes couteaux,
pour les décider à s’approcher de nous ; mais ils s y refusèrent