valent nous inspirer plus de confiance : ils nous coiifiinièrent
la nouvelle de l’arrivée prochaine de l’armée de Shouki-Anga,
et nous conseillèrent de nous arrêter jusqu’à ce qu’elle eût
passé. Néanmoins nous nous résolûmes à continuer notre
route, et nous décid.âmes l’un d’eux, qui était un chef de nos
amis dans la baie des Iles, à nous accompagner. Alors, sans
hésiter davantage, nous nous remîmes en marcbe, bien que
nos esprits fussent encore agités des plus vives inquiétudes.
Bientôt, à un détour de la route, nous nous trouvâmes tout
près de l’armée qui nous était annoncée. Sans être aussi nombreuse
qu’on l’avait représentée, elle offrait cependant un
aspect formidable ; elle se composait de plusieurs centaines
d’bommes qui marchaient en troupe serrée, en ordre et dans
le plus profond silence, armés de mousquets, de baïonnettes
et de haches à long mancbe. Ce fut un instant critique pour
nous, car nous ignorions si ces naturels allaient se conduire
en amis ou en ennemis ; Ware-Nouï leur cria de s’arrêter, ce
qu’ils firent à l’instant. Alors il instruisit les cbefs qui marchaient
à la tête de la troupe, de la position où nous nous
trouvions ; sur cette explication, les cbefs nous parlèrent avec
amitié et nous sommèrent de nous placer les uns près des
autres, au bord de l’eau, et de nous tenir assis ou à genoux.
Nous obéîmes, persuadés, nous devons l’avouer, que leur intention
était de nous massacrer : cependant, à notre inexprimable
jo ie , ils se formèrent en cercle autour de nous et ordonnèrent
a leurs compagnons de passer outre, nous protégeant
ainsi contre ceux qui eussent été disposés à nous maltraiter. En
outre, dans la crainte que nous ne fussions exposés à de nouveaux
dangers de la part de quelques traîneurs qui se trouvaient
à une certaine distance de l’arrièrc-garde, un de ces cbefs
bienveillans se joignit à nous et nous accompagna jusqu’à oc
que nous eussions dépassé le reste de l’armée. A sept milles
environ de Wesley-Dale, nous rencontrâmes MM. Staek et
Clarke, qui venaient à notre secours, avec douze naturels.
M. Stack était arrivé à Kidi-Kidi entre quatre et cinq beures
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
du matin ; à la lecture de notre lettre , MM. Kemp et
Clarke manifestèrent le plus vif intérêt pour notre sort, et se
préparèrent à nous secourir sur-le-cbamp. Sans perdre un-
instant ils expédièrent un messager à Pahia, et un autre
à la station des missionnaires de l’Église, à quinze milles
de Kidi-Kidi, pour annoncer aux frères de cette station ce qui
était arrivé et réclamer leur assistance. En même temps, la
compagnie que nous avions eu le plaisir de rencontrer s’était
mise sans retard en route pour Wangaroa. Le récit de nos
dangers et de nos désastres pénétra l’ame de nos amis d’un profond
chagrin , et leur rencontre devint pour nous une source
de consolations, car elle nous procurait les secours dont nous
éprouvions la plus pressante nécessité. Avant d’arriver à Kidi-
Kidi , nous vîmes aussi arriver les amis de Pabia, qui se composaient
du révérendH. Williams, de M. R. Davis et deM. W .
Puckey, accompagnés parM. Hamiin et plus de vingt naturels.
Nous fûmes étonnés de la célérité avec laquelle nos tendres et
cxcellens amis étaientaccourusànotre secours, attendu que dixhuit
heures s’étaient à peine écoulés depuis le départ de M. Stack
de W esley-Dale, et que Pabia est éloigné de près de quarante
milles de cet endroit. Le reste du cbemin, d’un mille environ,
se fît beaucoup plus aisément; car les naturels portèrent
mesdames ^Turner, Davis et Wade, qui étaient tout-à-fait exténuées
de fatigue : la dernière s’était évanouie deux fois sur la
route. Sur les sept heures du soir, après une journée passée
dans une fatigue excessive et dans les dangers les plus imminens,
nous atteignîmes un asile amical, pénétrés de reconnaissance
envers Dieu pour notre conservation miraculeuse, et envers
nos frères de la mission de l’Église pour leur tendre intérêt et
leur généreuse assistance.
Tels sont les événemens qui se rattachent à la destruction
de notre mission. Il est peut-être bon d y ajouter
quelques détails qui arrivèrent à notre connaissance, tandis
que nous étions à la baie des Iles, toucbant ce qui ee passa
à Wangaroa après notre départ, et l’état actuel des affaires
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