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PIÈCES JUSTIFICATIVES.
orn.iient la proue des pirogues. Puis se jetant dans une des
pirogues, elles précipitèrent à l’eau plusieurs des captifs et
les assommèrent, à l’exception d’un garçon qui s’échappa à la
nage. Ensuite la veuve furieuse, s'e dirigeant vers une autre
pirogue, entraîna dans l’eau une femme captive, et lui brisa
la cervelle avec la masse qui sert à écraser la racine de
fougère.
Nous nous éloignâmes de cette scène d’borreur, où notre
entremise ne pouvait être d’aucune utilité. Nous apprîmes
qu après notre départ, Shongui tua de sa propre main cinq
personnes. En tout, il y eut dans cette soirée neuf personnes
massacrées, qui furent ensuite mangées par les ebefs et le
peuple. C’est une coutume pour ces peuples barbares de faire
ces sacrifices, on guise do satisfaction, pour leurs amis tués au
combat.
Les prisonniers de guerre, hommes, femmes et enfans, sont
très-nombreux, mais surtout dans ces deux dernières classes.
On a dit qu’ils montaient à près de deux mille, et ils ont été
particulièrement distribués entre les différentes tribus de la
baie des Iles. Ces sauvages sont maintenant plus que jamais
altérés de sang; ils parlent do repartir bientôt, et projettent
de ravager l’île entière.
Dans cette expédition, ils ont accompli tout le mal qu’ils
avaient annoncé. Le pauvre Inaki a été tué et mangé : ils ont
rapporté sa tête, ainsi que celles de plusieurs de ses compagnons.
Néanmoins Inaki les a reçus plus cbaudement qu’ils ne
s’y attendaient.
22 décembre. Durant la nuit dernière, les nombreux naturels
qui nous environnaient nous ont fait moins de mal que
nous ne devions nous y attendre. Plusieurs des tribus éloignées
sont paisiblement parties ce matin, après avoir fait d’abord
un grand monceau de tous leurs vieux kakabous et y
avoir mis le feu. C’est leur habitude, quand ils retournent
dans leurs foyers, de brûler tous les vêtemens qui leur ont
servi dans le temps qu’ils ont tué des bommes.
PIECES .lUSTIEICATIVES. 463
Parmi les prisonniers de la tribu de Sliouki-Anga, qui est
partie ce matin, sc trouvait une belle femme, avec un joli
g-arçon son fils, qui était vraiment très-bien, et passait pour
le rejeton d’un officier du Coromandel. Le chef à qui elle
appartenait menaçait de tuer l’enfant; c’est pourquoi madame
Butler, par un sentiment d’humanité, le prit sous sa protection.
MM. Kemp et Shephcrd descendirent à la pointe pour
voir le corps de Tete. Shongui était tout occupé à fabriquer
une caisse avec des morceaux de pirogues ornés de plumes et
de sculptures, suivant leur habitude, pour y déposer les corps
des deux frères Tete et Pou.
Une partie des corps de ceux qui ont été tués hier rôtissaient
alors sur uu feu à une petite distance, et d’autres morceaux
de cbair humaine déjà cuits étaient dans des corbeilles
par terre. Sbongui eut l’audace de leur en offrir à manger,
disant que c’était meilleur que du cochon. Les naturels faisaient
cuire, au pied de la colline située derrière nos maisons,
des morceaux d’une des pauvres femmes qui avaient été massacrées
: ils avaient coupé la tète et l’avaient fait rouler le
long de la colline ; plusieurs autres s’amusèrent ensuite à jeter
dessus de grosses pierres jusqu’à ce qu’ils l’eussent mise en
pièces. Puis ils la laissèrent prendre à M. Puckey qui l’enterra.
On nous a rapporté que, parmi les esclaves qui ont été
emmenés hier à Waï-Mate , une femme ne pouvait suivre les
autres, soit quelle fût fatiguée, soit qu’elle fût estropiée. Elle
fut en conséquence tuée et mangée. C’est la coutume de la
Nouvelle-Zélande !
24 décembre.. Shongui est venu à l’établissement ce matin
pour la première fois depuis son retour de la guerre : son but
était de réunir les naturels qu’il pourrait trouver pour tirer
à terre une de ses grandes pirogues. Il m’a aperçu dans la
cour, s’est approché de moi, en me disant : « Comment vous
portez-vous? » Puis il a sur-le-champ tourné d’un autre coté,
et s’en est allé. Peut-être pensait-il que j’allais lui parler des
meurtres qu’il venait de commettre. Il n’agit plus avec cette