Irès-cordialement, el versa beaucoup de larmes, partieuliè-
rement en revoyant son jeune parent; plusieurs autres l ’iini-
tèrent et pleurèrent à ebaudes larmes. Je lui présentai une
bacbe, une herminette et (jnelques ciseaux, avec d’autres bagatelles.
Il répondit qu’il n’avait pas besoin d’autre faveur de
moi que celle de ma compagnie, ayant souvent entendu parler
de moi à ceux de son peuple et à d’autres. Je lui expliquai
que le but de ma visite était de lui demander son agrément,
afin de couper du bois dans son district, pour bâtir
les maisons des Européens à Rangui-Hou. Il témoigna désirer
vivement qu’ils voulussent bien venir habiter avec lui. Je lui
fis observer qu’ils ne pouvaient le faire pour le moment, et
qu’ils devaient rester avec Doua-Tara par suite de notre ancienne
connaissance avec ce chef, mais qu’avec le temps quelques
Européens viendraient vivre avec lui. Tara nous donna
la permission de prendre tout le bois dont nous aurions
besoin. Il m’apprit que le blé qu’il avait reçu de VActive
dans son précédent voyage, était en pleine croissance. J’allai
le visiter, et le trouvai presque mûr.
Comme l ’Active continuait Je faire route, que la nuit approchait,
et qu’on m’avait dit que nous étions à plusieurs
milles de l’endroit où nous pourrions mouiller, je voulais
prendre congé; mais le vieux chef ne voulut point y consentir
avant que nous eussions pris quelque nourriture. 11 ordonna à
ses esclaves de préparer le plus vite possible quelques patates
douces: suivant eux, c’est l ’aliment le plus exquis. En quelques
minutes , uu panier de ces racines cuites fut prêt et servi
devant nous. Le cbef s’assit près de nous, avec ses femmes et
quantité d’hommes, de femmes et d’enfans. Il ne voulut point
manger avec nous, et ne le permit à aucun de ses gens; quand
nous le quittâmes, il ordonna qu’on mît deux paniers de patates
douces dans notre canot. Je l’invitai à venir à bord de
l A ctive, ce qu’il promit, et nous lui fîmes nos adieux, très-
reconnaissans de l’accueil que nous avions reçu de lui et de
son peuple.
Arrivée à Kawa-Kawa.
Mercredi 28 décembre i8i4. — Ce matin nous reçûmes la
visite d’un grand nombre de naturels de différens districts. Je
fis marché avec quelques-uns des cbefs inférieurs pour une
cargaison d’espars. L ’Active était mouillé à douze milles environ
de la rivière d’eau douce où croissaient les pins : comme
il ne s y trouvait pas assez d’eau pour recevoir le navire, je la
remontai avec MM. Nicholas et Hall, pour visiter les bois;
sur les bords de cette rivière, nous trouvâmes un village considérable
nommé Kawa-Kawa. Quand notre arrivée fut connue
, nous fûmes bientôt environnés de naturels qui rivalisaient
de soins à notre égard. Aucun de nous ne conçut
plus d’inquiétude que si nous eussions été au milieu d’Européens.
En dix jours environ notre cargaison fut embarquée,
et nous fûmes prêts à retourner à Rangui-Hou.
Pendant que les naturels étaient occupés à couper du bois,
M. Nicholas et moi, nous visitâmes différens lieux, à plusieurs
milles à la ronde; nous passâmes une nuit avec un vieux chef
qui nous donna des détails sur le séjour du capitaine Cook
à la baie des Iles. En ce temps, lui-même était encore un
jeune homme. Il nous montra l’endroit où les Européens
avaient planté leurs tentes, lavé leur linge, fait l ’eau du navire
et coupé leur bois, et il rapporta plusieurs faits qui eurent
lieu à cette époque.
Retour à Rangui-Hou.
^ 6 janvier i 8i 5 . — Notre cargaison étant prête, nous levâmes
l ’ancre, et fîmes voile de Kawa-Kawa pour Rangui-Hou.
Quand nous arrivâmes, la cabane que j ’avais donné ordre de
construire était presque terminée. Mon intention était, aussitôt
que les colons et leur bagage seraient débarqués en sûreté,
de faire voile, soit pour Wangaroa, soit pour la rivière Ta-
TOME m .