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lues ou mangés. En conséquence, ils y revinrent avec moi.
Après avoir résidé un court espace de temps dans le pays , et
avoir observé la conduite des naturels, ils écrivirent en Angleterre
pour demander un plus grand nombre d’Européens. Mais
les maîtres des navires, et d’autres personnes qui étalent prévenues
contre les naturels, d’après les rapports qu’on avait faits
sur leur crnauté, et leur pratique de manger la cbair bumaine,
écrivirent en termes défavorables pour eux. Ces lettres intimidèrent
la Société, et contribuèrent à démentir tout ce que
M. Kendall avait pu écrire en faveur des Nouveaux-Zélandais.
Ce ne fut que lorsque les missionnaires eurent résidé plus de
trois années à la Nouvelle-Zélande, que la Société se hasarda
à y envoyer d’autres personnes d’Angleterre. Si les naturels
désiraient que ces missionnaires resta.ssent dans l’î le , ils devaient
se montrer honnêtes envers eux, ne pas les inquiéter ni
les importuner, en les obsédant de demandes de haches, piocbes
, de peur qu’ils ne se retirassent paisiblement, comme
avaient fait jadis les missionnaires de T a ït i, avec l’intention
de ne jamais y retourner, si Pomare, à diverses reprises, ne
les eût sollicités de revenir.
Les chefs garantissent la sécurité des missionnaires parmi eux.
En réponse à ces diverses observations, les chefs dirent que
jnsqu’à ce moment ils n’avaient jamais aussi clairement compris
le but des missionnaires; qu’à l’égard du principal motif
des craintes des Européens, savoir d’être tués et mangés, ils
prétendaient que de notre part elles étaient lout-à-fait dépourvues
de fondement; et qu’il était absurde de supposer qu’ils
voulussent faire une action aussi opposée à leurs propres intérêts,
que de tuer des gens qui venaient vivre paisiblement
parmi eux, et leur apportaient tant d’objets d’une valeur positive.
En outre, ils dirent que nous vivions chez eux sous l’approbation
et la proteclion de tons les cbefs; que, quand bien
même un chef serait contre nous, tout cc qu’il pourrait faire,
serait de nous importuner par des demandes vexatolres ; qu’il
craindrait l’autorité des autres cbefs, et n’oserait pas nous
faire plus de mal que cela. Mais ils convenaient que si tous
les chefs, ou même la majeure partie, se déclaraient contre
nous, nous ne pourrions pas rester chez eux.
Ils remarquèrent en outre que, comme nons ne leur avions
fait aucun to rt, ils n’avaient point de satisfaction à nous demander
, ni aucuns motifs pour ebercber à se venger sur nous.
Enfin , ils nous firent observer en souriant que, s’ils venaient
à être naturellement affamés de chair bumaine, nous pouvions
être rassurés sur ce point, attendu que la cbair des Nouveaux-
Zélandais était d’un goût beaucoup plus agréable que celle de
l’Européen, en conséquence de l ’habitude que les blancs
avaient de manger autant de sel.
A la fin la conversation roula sur ce qui avait pu donner
lieu à la coutume de manger la cbair bumaine. Ils prétendirent
d’abord qu’elle provenait de ce que les grands poissons
de la mer mangeaient les autres, et de ce que quelques-uns
mangent leur propre espèce. Ils alléguaient que les grands
poissons mangent les petits. Les petits poissons mangent les insectes.
Les chiens mangent les bommes , les bommes mangent
les cbiens, et les cbiens s’entre-dévorent. Les oiseaux de l’air
s’entre-dévorent aussi. Enfin, un dieu dévore un autre dieu.
Je n’aurais pas compris comment les dieux pouvaient s entre-
manger, si Shongui ne m’eût auparavant instruit que, lorsqu’il
était allé vers le sud , et qu’il eut tué une grande partie
des habitans, il eut peur que le dieu de ces derniers ne voulût
le tuer pour le manger, car il se regardait lui-même comme
un dieu. Alors il saisit ce dieu étranger qui était un reptile, il
en mangea une partie, et réserva l’autre pour ses amis, attendu
que c’était une nourriture sacrée. Par ce moyen, ils se Hat-
taient tous de s’être mis à l’abri de son ressentiment.
Quant à leurs importunités toucbant les haches et autres ou-
lils, ils affirmèrent que leur colère était purement feinte, et