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mulilés et ensanglantés; le chirurgien était occupé :'i panser
leurs blessures, assisté par tous les hommes de l’équipage qui
pouvaient lui donner la main. En outre des blessés, il y avait
un grand nombre de femmes et d’enfans qui du village s’étalent
enfuis sur le navire pour y chercher leur .salut. A la
requête urgente du capitaine, je restai sur le navire pour l ’assister
dans ses rapports avec les naturels. On s’attendait à voir
les babitans abandonner leur village et s’enfuir vers les vaisseaux
pour réclamer la protection des Européens ; et dans ce
cas, ils y eussent été probablement suivis par les vainqueurs.
Aussi les navires furent mis en état de défense, et l’on se prépara
à tout événement. Mais il n’y avait pas long-temps que
j ’étais à bord, quand les assaillans se retirèrent et s’en allèrent
dans toute.s les directions. Alors je descendis à terre avec
les capitaines King et Dean. Un spectacle affreux s’offrit
à nos regards, car H y avait près de cent personnes tuées
ou blessées. Peu après que nous eûmes débarqué, les assaillans
eurent la permission de venir reprendre leurs cbefs morts et
blessés, mais ils laissèrent les cadavres des esclaves tués.
Comme ils avaient encore laissé le corps d’un cbef de peu
d’importance, un des chefs du village accourut, lui ouvrit
le ventre avec une hache, et prit un petit morceau de
foie : on me dit que c’était une offrande pour le dieu de la
Nouvelle-Zélande. Après avoir rendu visite aux deux armées
et être restés avec eux jusqu’à minuit environ, nous revînmes
chez nous.
Dimanche 7 mars i 83o. Au point du jour, je fus réveillé
par un bruit de coups de fusils venant de Korora-Reka, qui
cessa avant le lever du soleil. Sur les sept heures, nous vîmes
les pirogues d’Oudou-Roa qui traversaient la baie, se dirigeant
sur Motou-Roa. Toute la journée, il arriva des pirogues
de Korora-Reka avec des bommes, des femmes et des
enfans qui apportaient avec eux tout ce qu’ils possédaient. Le
service fut retardé a cause des blessés. Au dehors, les naturels
faisaient beaucoup de bruit ; mais leur conduite fut pacifique.
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A trois beures après-midi, nous observâmes que les maisons
de Korora-Reka étaient en feu, et toutes les pirogues quittèrent
le rivage en prenant diverses directions. Au soleil couchant,
Oudou-Roa vint avec Toï-Tapou sur notre plage pour
camper auprès de nous : un moment après arriva Rewa avec
.sa famille. Tout était en désordre, et divers bruits circulaient
sur les intentions des Ngapouis.
(M . Williams.')
8 mars. Plusieurs de nos naturels revinrent de leur pâ de
Kawa-Kawa pour observer les mouvemens de l ’ennemi. Nous
leur dîmes que nous tâcherions d’obtenir la paix , s’il était
possible : cette assurance parut leur faire plaisir, mais ils
doutaient que leurs ennemis fussent disposés à s’y prêter. Au
même instant, un navire parut en v u e , et il se trouva qu’il
venait de Port-Jackson , amenant sur son bord notre vieil
ami M. Marsden avec une de ses filles.
L’arrivée de M. Marsden fut accueillie avec joie par
les Missionnaires comme par les naturels ; car sa presence
pouvait fortement contribuer à l’accomplissement du but
qu’ils se proposaient , le rétablissement de la paix.
M. Marsden décrit ainsi qu’il suit l’état des choses à son
Quand j’arrivai à la baie des Iles, je trouvai les Missionnaires
dans une grande agitation ; car les naturels étaient
armés les uns contre les autres et réunis en corps nombreux.
Le 6 du courant, un combat avait eu lieu sur le rivage
opposé, dans lequel il y avait eu soixante-dix hommes tués
ou blessés : les cadavres étaient encore étendus sur la plage.
Mon arrivée dans un moment aussi critique fut d’un v if intérêt
pour les Missionnaires, car ils espéraient que j ’aurais assez
dgnfluence sur les tribus en guerre pour rétablir la paix entre
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