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dit aussi qu’il avait appris que oes naturels avaient dernièrement
pris un navire dans un endroit nommé Wangaroa,
qu’ilsTavaient pillé et l’avaient ensuite laissé aller en dérive; mais
que l’équipage s’était échappé dans les embarcations et avait
repris le large. C’est à ce même endroit que l’équipage du navire
le Boyd fut massacré quelques années auparavant.
» Tandis que je me trouvais avec ces gens, on amena nn
esclave devant un des cbefs; sur-le-cbamp celui-ci se leva,
frappa l’esclave avec son mere et le tua. Ce mere était différent
des autres, car il était d’acier. Le coeur fut tiré du corps de
l’esclave aussitôt qu’il expira, et fut sur-le-cbamp dévoré par
le chef qui l ’avait tué. Je demandai quel était ce chef, et Ton
m’apprit qu’il se nommait Shongui; c’était un des deux cbefs
qui avaient été en Angleterre, et qui avaient été présentés en
ce pays à plusieurs personnes de distinction, dont Sbongui avait
reçu plusieurs présens de prix , entre autres un fusil à deux
coups et une armure complète, qu’il avait par la suite portée
dans plusieurs batailles. Sa raison, me dit-on, pour tuer cet
esclave qui lui appartenait, était qu’il avait volé cette armure
et qu’il s'enfuyait avec elle à Tennemi, quand il fut arrêté
par un détaebement campé sur la lisière du camp. C’a
été le seul exemple de .vol que j ’aie jamais vu puni à la Nouvelle
Zélande. Quoique Sbongui ait babité deux ans parmi
les Européens, je le considère encore comme un des plus féroces
cannibales de son pays. Il protège les missionnaires qui
viennent sur son territoire, uniquement pour ce qu’il peut retirer
d’eux.
» Je revins vers mon parti. Le lendemain matin, de bonne
heure, Tennemi se retira à la distance de deux milles de la rivière;
alors les gens de notre parti jetèrent sur-le-cbamp leurs
nattes et se mirent sous les armes. Les deux armées ensemble
possédaient environ deux mille fusils, qui avaient été principalement
achetés des navires anglais et américains de la mer du
Sud , qui touchent à Tîle. Nous traversâmes la rivière ; arrivés
vers le côté opposé, je m’établis sur un petit tertre à un quart
de mille de l’endroit où notre troupe fit balte; de sorte que
j’avais de là une vue complète de l’engagement. Je ne fus point,
requis de combattre moi-même, mais je chargeai mon fusil
à deux coups, et, muni de cette arme, je restai à mo'n poste
avec ma femme et les deux filles esclaves assises à mes pieds.
Alors le commandant en cbcf de chaque armée s’avança de
quelques verges, et cbacun se plaçant en face de scs troupes,
entonna le chant guerrier. Quand il fut terminé, les deux troupes
exécutèrent la danse de guerre, et chantèrent en même
temps, d’une voix aussi forte qu’il leur était possible, en
brandissant leurs armes en Tair. La danse achevée, chaque
armée se forma sur une ligne de deux bommes d’épaisseur,
tandis que les femmes et les enfans se tenaient à dix verges
environ de Tarrière. Alors les deux corps s’avancèrent a une
centaine de verges Tun de l’autre, et là iis déchargèrent leurs
mousquets. Un petit nombre d’entre eux, pour faire feu, porta
l’arme à Tépaule, mais pourla plupart ils tenaient simplement
le fusil à la position de la charge. Ils ne tirèrent qu’une seule
fois; ensuite jetant leurs mousquets derrière eux, où ils furent
ramassés par les femmes et les enfans, ils tirèrent leurs
mere et leurs casse-têtes de leurs ceintures; puis, tous ensemble,
entonnant le chant de guerre de la manière la plus lugubre,
les deux partis en vinrent aux mains. De la main
gauche Us saisissaient leur ennemi aux cbeveux, tandis qu’ils
cbercbaient à lui couper la tête avec la main droite. Pendant
ee temps, les femmes et les enfans les suivaient de près en
poussant les cris les plus affreux que j’eusse jamais entendus.
Ces derniers recevaient des mains des guerriers les têtes de
ceux qui avaient succombé aussitôt qu’elles étaient tranchées,
et ceux-ci couraient s’emparer ensuite des cadavres au travers
des ennemis; mais il arrivait souvent qu’ils s’emparaient de
corps qui n’avaient point appartenu aux têtes qu ils avaient
coupées. La mêlée ne durait que depuis quelques minutes
quandl’ennemi commença à battre en retraite , et fut poursuivi
par nos gens au travers des bois; quelques-uns des enneml.s.