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poussière d’un jaune brillant comme du soufre, caustique en
l’appliquant sur la peau , et tant soit peu cbaude.
Suivant Rutherford, les cochons errent à l’état sauvage
dans les bois, et on les chasse avec des cbiens. Il fait mention
aussi de quelques bêles à corne dans l’intérieur, qui seraient
provenues de celles qu’auraient laissées sur l’île les navires de
découverte.
Rutherford déclare que, durant son long séjour, il devint
très-adroit, à l’imitation des naturels, à attraper les oiseaux
avec des lacets, et qu’il a pris aussi des milliers de perruches
vertes avec des lignes de cinquante pieds environ de longueur.
Les Nouveaux-Zèlandais sont d’excellens plongeurs, et Rutherford
assure qu’ils vont attraper avec la plus grande adresse
les poissons vivant dans les eaux les plus profondes.
Le point de l’île septentrionale de la Nouvelle-Zélande où
se trouvait le village qu’il fut obligé d’habiter, ne saurait être
fixé bien exactement, d’après le récit qu’il donne de son voyage
de la côte jusqu’à cet endroit. Il est cependant évident qu’il
était situé trop avant dans l’intérieur pour qu’on pût, de cet
endroit, apercevoir la mer.
« Durant la première année qui suivit notre arrivée au village
d Emaï, dit Rutherford, nous passâmes notre temps principalement
à pêcher et à chasser; car le chef avait un excellent
fusil de chasse à deux coups et quantité de poudre et de plomb
à canard, qu’il avait emportés de notre navire; il avait coutume
de me confier cette arme toutes les fois que j’avais envie
d’aller à la chasse, bien qu’il m’y accompagnât rarement lui-
même. Nous étions généralement assez beureux pour rapporter
plusieurs pigeons sauvages, oiseau très-commun à la
Nouvelle-Zélande. A la fin , il arriva qu’Emaï et sa famille se
rendirent à une fête, dans un autre village situé à quelques
mdles du nôtre. Mon camarade et moi nous restâmes à la
maison, avec un petit nombre d’esclaves et la mère du chef,
femme âgée qui était malade et assistée par un médecin. Dans
ee pays un médecin demeure jour et nuit avec ses malades,
et ne les quitte que quand ils sont guéris ou morts. Dans ce
dernier cas, il est traduit devant une cour d’enquête, composée
de tous les chefs,- à plusieurs milles à la ronde. En
l’absence de la famille, mon camarade vint à prêter son couteau
à un esclave pour couper des joncs, avec lesquels il
comptait réparer une maison. Cela fait, le couteau lui fut
remis. Peu de temps après, lui et moi nous tuâmes un cochon
; nous en coupâmes une partie en morceaux et la mîmes
dans notre marmite avec des patates que nous avions aussi
pelées avec nos couteaux. Quand elles furent cuites, la vieille
femme malade nous pria de lui en donner quelques-unes, ce
que nous limes en présence du docteur, et elle les mangea. Le
lendemain matin elle mourut, et le cbef, avec le reste de sa
famille, revint immédiatement cbez lui. Le cadavre fut d’abord
porté dans une pièce de terre inculte, au milieu du village.
L à , Il fut assis contre un poteau , avec une natte par-
dessous , et recouvert jusqu’au menton par une autre natte.
La tête et le visage étaient enduits d’huile de requin ; une
feuille de lin verte était attachée autour de la tête, et l’on y
avait fiché plusieurs plumes blancbes ; car c’est la couleur que
l’on préfère à toute autre. Ensuite ils élevèrent autour du corps
une cloison en branchages, re.ssemblant en quelque sorte à la
cage d’un oiseau, pour empêcher les chiens, les cocbons et les
enfans d’en approcher. Ces opérations terminées, on ne cessa
de faire des décharges de mousqueterie pendant le reste du
jour, en mémoire de la vieille femme. Sur ces entrefaites, les
cbefs et leurs familles de plusieurs milles à la ronde faisaient
leur apparition dans notre v illage, amenant avec eux leurs esclaves
chargés de provisions. Le troisième jour après la mort,
tous les naturels, au nombre de quelques centaines, s’agenouillèrent
autour du cadavre; après avoir dépouillé leurs
nattes, ils commencèrent à crier et à se déchirer, de la même
manière que nous l’avions observé à l’arrivée des différens chefs
dans les villages par où nous avions passé. Après avoir consa