quelle ils parviennent sans porter de branches , sont regardés
eomme propres à donnerdcs inâtspour de grands navires : Tun
est appelé par les naturels hai-katea, et l’autre koudi ou kouri.
Le kai-katca se trouve dans les terrains bas et marécageux,
fréquemment sur le bord des r iv iè re s , et par cela même il est
facile à se procurer. II porte une feuille comme l ’i f et une baie
rouge. Le k o u d i, auquel les babitans de l’île donnent une préférence
marquée, croît dans les terrains secs, c l souvent sur le
sommet des plus hautes montagnes; sa feuille, quoique beaucoup
plus grande, ressemble assez à celle de notre b u is; il
produit un cône et fournit de la résine en abondance. Quelques
uns des arbres de k o u d i, que nous mesurâmes, s’élevaient
à cent pieds au-dessus de terre sans porter une seule branche
et avaient une touffe considérable; d’autres, moins élevés,
avaient des troncs de quarante pieds de circonférence.
(P a g e 6 .) Sous le rapport de la dignité héréditaire , le plus
distingué de nos passagers était un jeune garçon de quinze ans,
nommé Dipiro, fils du chef Shongui. Mais le plus remarquable
pour l’extérieur était Hietoro, bomme de quarante-cinq
a n s , à ce que j’imagine. I l avait six pieds deux p o u c e s , et les
traits de sa figure étaient parfaitement beaux. Quoiqu’il fût
bien tatoué, l’air de bonté et même de beauté de son visage
n’était point détruit par cette affreuse opération.
(Page n . ) Si l ’on demandait aux naturels (tant qu’on était
à la mer ) de quel côté leur pays se trouvait situé, à toute
heure du jour ils montraient l’est avec toute l’exactitude d’un
compas; et quand la nuit les étoiles étaient visibles, ils déployaient
la même intelligence.
(P a g e ig . ) A notre arrivée à la baie d e s l íe s , quand on
permit aux pères, aux frères, etc., de nos naturels de monter
à bord, la scène qui eut lieu ne saurait se décrire ; les mousquets
furent mis de c ô té , et toute apparence de joie s’évanouit.
Ces peuples extraordinaires ont l’habitude de se livrer, en revoyant
leurs amis, aux mêmes démonstrations que lorsqu’ils
prennent congé d’eux. Ils joignent leurs nez et restent dans cette
position au moins une dcmi-bcurc; pendant tout ce temps ils
sanglottent et gémissent de la manière la plus pitoyable. S’il y
a plusieurs amis rassemblés autour de la personne qui vient
d’arriver, le plus proche parent prend possession du n e z , tandis
que les autres sc suspendent à scs épaules, à ses bras et à
scs jambes, et se tiennent en mesure avec le principal pleureur,
si Ton peut le désigner ains i, dans les divers temps de ses la mentations.
Cela fa it, ils reprennent leur gaîté accoutumée et
entrent dans les détails de ce qui leur est arrivé durant leur
séparation. Comme il y avait n euf Nouveaux-Zélandais qui
venaient d’arriver et plus de trois fois ce nombre de personnes
pour les recevoir, leurs cris firent un bruit affreux, et il
en résulta un spectacle si étrange pour tout le monde à bord,
qu’on eut beaucoup de peine à maintenir l’équipage attentif
à la manoeuvre, dans un moment aussi important. Le petit D ipiro,
qui dans la traversée s’était souvent vanté d’avoir le coeur
trop anglais pour crier ains i, fit tous ses efforts pour s’en empêcher,
en voyant approcher son père Shongui. Mais ses premières
babitudes l’emportèrent bientôt sur sa résolution , et il
manifesta peut-être plus de désolation que les autres. I l y avait
quelque cbose de fort respectable dans la tournure de Shongui;
il était de sa personne fort bel homme et il était revêtu d’un
uniforme d’officier anglais. Quoiqu’il fût un des plus puissans
cbefs de la baie des Iles et le guerrier le plus brave et le plus
audacieux, il était loin d’être le plus exigeant de ceux auxquels
011 permit de monter à bord. Tandis que plusieurs autres
tâchaient de pénétrer de force dans la chambre, Sbongui resta
sur le pont avec son fils et ne tenta d’a ller nulle part sans y
être invité.
Nous apprîmes que le New-Zealan der , navire baleinier
qui allait faire voile pour l’Angleterre dans deux jours, allait
emmener Shongui et M. K en d a ll, Tun des missionnaires. Cette
résolution ne plaisait point aux autres : leur petit établissement
avait été formé dans le district de Sbongui, sous sa protection
, et il était difficile de prévoir quelles seraient pour