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peine dix ans et après avoir jusqu’alors travaillé comme ouvrier
dans une fabrique de coton de sa ville natale : il paraît
qu’ensuite, et durant plusieurs années, il se retrouva fort peu
en Angleterre et même à terre. Il servit long-temps à bord
d’un vaisseau de guerre , sur la côte du Brésil, et il prit part
à l’affaire de Saint-Sébasticn en août i 8r3. A son retour d’Espagne
dans sa patrie, il passa à bord d’un autre vaisseau du
Roi destiné pour Madras, sur lequel il sc rendit ensuite en
Chine par 1a route de l’Est, et il séjourna près d’un an à
Macao. Dans le cours de ce voyage , son vaisseau toucha à
plusieurs des îles du grand archipel de l’Inde, et entre autres
aux îles Basbec, qui avaient été peu visitées. A son retour des
Indes, il embarqua à bord d’un navire chargé de convicts
pour la Nouvelle-Galles du Sud; puis il fit deux voyages sur
des bâtimens de commerce aux îles de la mer du Sud. Ce fut
dans le premier de ces voyages qu’il vit pour la première fois
la Nouvelle-Zélande, son navire ayant touché à la baie des
Iles, dans sa traversée d’Angleterre à Port-Jackson. Sa seconde
campagne commerciale dans ces mers eut lieu sur h
Magnet, schooner a trois mâts, commandé parle capitaine
Vine; mais ce navire ayant relâché à Hawai, Rutherford
tomba malade et (ut laisse sur cette île. Du reste s’étant rétabli
, au bout do quinze jours environ , il fut reçu à bord de
l'Agnes, brick américain de six canons et quatorze hommes
d’équipage , commandé par nn certain capitaine Coffm, alors
occupé au commerce des perles et de l’écaille de tortue, dans
les lies de 1 Océan-Pacifique. Cc bâtiment, après avoir touché
sur divers autres points, à son retour de Hawaï , accosta la
côte orientale de la Nouvelle-Zélande, dans le dessein de relâcher
à la baie des îles pour y prendre des rafraîchissemens. Le
6 mars i8 l6 , nos navigateurs se trouvèrent en vue des îles
Barrière, situées devant l’entrée de la rivière Tamise , et par
conséquent à quelque distance au sud du port où ils comptaient
aller. C’est pourquoi ils remirent le cap au nord; mais
ils n’avaient pas été loin dans celte direction, quand il commença
à souffler un coup de vent du N. E. qui, joint au courant,
non-seulement les mit dans l’impossibilité d’atteindre la
baie des Iles , mais leur fit même dépasser remboucbure de la
Tamise. Cc coup de vent dura cinq jours, et, quand il cessa, ils
se trouvèrent à quelque distance au sud d’une haute pointe de
terre, q u i, d’après la description de Rutherford, doit être certainement
celle à laquelle le capitaine Cook donna le nom de
cap Est. Rutherford l’appelle tantôt cap E s t, et tantôt cap
Sud-Est, et la représente eomme la partie la plus élevée de la
côte. Elle est presque située par la latitude de Sy" 4^’ S.
La terre précisément devant eux se creusait en une large
baie. Le capitaine ne se souciait nullement d’y entrer , pensant
qu’aucun navire n’y avait encore mouillé. Cependant
nous ne doutons guère que ce ne fût la baie même où Cook
toucha d’abord , à son arrivée sur les côtes de la Nouvelle-
Zélande , au commencement d’octobre 1769. Il la nomma
baie de Pauvreté et la trouva située par 38° 4«’ L. S. La baie
où se trouvait Rutherford doit avoir été du moins fort près
de cette partie de la côte; et sa description correspond exactement
à celle que Cook nous donna de la baie Pauvreté.
«Elle é ta it, dit Rutherford, en forme de demi-lune, avec
une plage de sable tout autour et au fond une rivière d’eau
douce ; celle-ci a une barre à son emboucburc, ce qui la rend
navigable seulement pour des canots. » Il fait mention aussi
de l’élévation de la terre qui en forme les côtés. Tous ces détails
sont aussi mentionnés par Cook. Le nom même qui lui
est donné par les naturels, tel qu’il est rapporté par l’un
d’eux, n’est pas tellement différent de celui que donne l’autre,
qu’il n’est pas hors de vraisemblance que les deux ne représentent
le même nom exprimé également d’une manière
inexacte. Cook TécrilTaone-Roa, et Rutherford Tako-Mardo
* Il parait que celle liaic Tako-MarJo do Riillierford doit êlre la baie
Ïoko-Malou de VAstrolabe, située à quaraïUc milles au N. N. E. de la baie
Taouc-Roa. {Note de M. d’ UivUle.)
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