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43(5 P IE C E S JUSTIFICATIVES.
gué, et ce qu’il en dit sera lu avec beaucoup d’intérét.
Ce chef e.st considéré comme un des plus grands guerriers
delà Nouvelle-Zélande; et j ’avais souvent entendu parler de
sa renommée par Doua-Tara, Touai et d’autres. Il avait été le
rival de Shongui et de sa tribu , durant ces vingt dernières
années. Avant le naufrage du Boyd à Wangaroa en i8og,
Sbongui marcha contre Moudi-Panga avec de grandes forces.
Moudi-Panga le défit, tua deux de ses frères, le blessa, tua la
plus grande partie de ses officiers et de scs guerriers, et le réduisit
à chercher son salut dans la fuite. Les chefs du sud de
la baie des Iles réunirent ensuite leurs forces, et allèrent attaquer
Moudi-Panga. Comme ils comptaient sur leurs mousquets
et non sur leurs armes ordinaires, les lances et les patous,
Moudi-Panga usa de ruse avec eux : quand les deux armées
furent sur le cbamp de bataille, Moudi-Panga, sachant que ses
adversaires étaient armés de fusils, ordonna à ses hommes, au
moment où l’ennemi avancerait et serait sur le point de faire
feu , de se lai.sser tomber à plat contre terre, et aussitôt qne
leurs armes .seraient déchargées, de courir à leur rencontre. Cc
stratagème réussit; la volée de l’ennemi passa au-dessus de ses
bommes, qui s’élancèrent aussitôt sur ceux de la baie des Iles,
les mirent en déroute et tuèrent une quantité de leurs cbefs,
parmi lesquels le père de Wivia et celui de King-George : les
chefs qui s’échappèrent n’eurent d’autre ressource que la fuite,
et ne ramenèrent avec eux que quinze bommes, le reste ayant
été tué ou fait prisonnier. J’ai souvent entendu ces mêmes
chefs parler de cette bataille.
Moudi-Panga est un bomme d’un esprit vif et pénétrant, et
toujours avide de s’instruire par des observations utiles. Son
regard est fier, spirituel et perçant; son corps d’une taille
moyenne , mais robuste et actif. Il peut avoir environ cinquante
ans; si j’en juge d’après sa physionomie pleine d’e.xpres-
sion et son attitude martiale, il ne peut manquer de commander
le respect A scs compatriotes.
PIECES JUSTIFICATIVES. 437
J’avais tant entendu parler de ce cbef depuis nombre d’années
, que je fus enchanté de me trouver avec lui. Il me dit
que sa résidence était encore à quelque distance; mais qu’il
était venu pour me présenter ses respects , aussitôt qu’il avait
appris mon arrivée, et qu’il espérait me voir à son village. Je lui
répondis que je lui étais très-obligé d’une attention aussi marquée
, et que je lui ferais ma visite le jour suivant.
Le lendemain matin, aussitôt que nous eûmes déjeuné, je
me préparai à rendre à Moudi-Panga sa visite. Plusieurs des
principaux cbefs m’accompagnèrent. En une beure environ,
nous arrivâmes à la résidence du fils de Moudi- Panga, Kabou,
qui fut très-content de nous voir et nous supplia de dîner avec
lui. Comme j’avais consacré cette journée à des visites, je n’eus
pas d’objection à lui faire. Le dîner fut aussitôt préparé, et de
la fougère fraîche fut étendue sur la terre pour nous servir de
tapis. Kabou est un fort beau jeune bomme, et il n’y a pas
long-temps qu’il est marié. Sa résidence est dans une riche
vallée, dont le sol est très-propre à la culture des patates et des
pommes de terre ; on en prépara en abondance pour notre
dîner.
Quand le dîner fut fin i, nous poursuivîmes notre route vers
la demeure de Moudi-Panga. Chemin faisant, nous passâmes
par un pâ très-beau et très-fortlfié, appartenant à Ma-Wete,
et traversâmes ensuite plusieurs plaines fertiles. Dans l’une de
ces plaines, un combat avait eu lieu deux mois auparavant, et
un chef y fut tué.
Quand nous arrivâmes chez Moudi-Panga, il était prêt à
nous recevoir. Ses enfans étaient tous habillés et leurs têtes
ornées de plumes. Sa femme principale avait revêtu sa belle
natte en peau de chien. Moudi-Panga avait préparé un tronc
d’arbre pour me servir de .siège, et l’avait recouvert d’un coussin
de broussailles en guise de tapis. Il me témoigna l’extrême
satisfaction que lui causait ma visite, me régala d’un énorme
cocbon , et fit aussitôt préparer des provisons pour mes compagnons.
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