quait au costume des simples guerriers que les manteaux de
poils pour le rendre aussi riche que celui de leurs supérieurs ;
car sous tout autre rapport il était semblable et quclquefoi!
même plus brillant. Plusieurs portaient des nattes, enrichies
de bordures chamarrées et décorées en outre avec un art qui
témoignait à la fois en faveur du goût et du talent de celui
qui les avait fabriquées. D’autres avaient des nattes encore
plus belles, car elles avaient le poli du velours , un lustre
éclatant et des dessins d’iine rare élégance. Toutes ces nattes
étaient en lin du pays, et quelquefois rougies avec de l’ocre, cc
qui produisait un effet agréable et particulier. Chaque individu
en portait deux et souvent davantage ; celle de dessous
était toujours bée autour du corps avec une ceinture dans laquelle
était placé le patou-patou. C’est leur principal instl-u-
ment de guerre, et les naturels le portent en tout temps, non
moins pour se tenir tout prêts à l’attaque et à la défense, que
comme un ornement indispensable. Il n’y a rien d’extraordinaire
à cela; cette coutume se retrouve dans tous les pays, ci-
vilisés ou non, et il n’y a de différence que dans la nature des
armes en usage. Du reste, le guerrier de Wangaroa est tout
aussi fier de son grossier patou-patou, que l’officier le plus
glorieux peut l’être de son sabre traînant.
A 1 exception des cbefs, un petit nombre seulement étaient
tatoués ; mais tous avaient leurs cheveux proprement peignés
et réunis au sommet de la tête par un noeud orné de longues
plumes blanches de mouettes. Plusieurs portaient des décorations
qui ne pouvaient manquer de rappeler leur férocité guerrière
: c’étaient les dents des ennemis qu’ils avaient tués dans
le combat, que plusieurs d’entre eux mettaient en guise de
pcndans d’oreilles, comme des trophées de leurs sanglantes
victoires. Mais ils portaient aussi des ornemens moins révol-
tans pour l’observateur civilisé; et j’en observai quelques-uns
en jade vert fort curieux. Ceux qu’ils estiment le plus offrent
l’imitation grossière d’une figure humaine travaillée avec une
certaine adresse; ils les portent suspendus sur la poitrine.
Leurs armes sont aussi variées que leurs costumes et leurs
décorations; et l’on n’en trouverait pas deux qui eussent exactement
la même figure et les mêmes dimensions. Le plus grand
nombre portait des lances de diverses longueurs et de formes
différentes, bien que dans leur ensemble on pût remarquer
quelque ressemblance générale. Plusieurs étaient armés
de lances courtes destinées k tenir lieu de mousquet, en usap
dans d’autres pays pour attaquer l’ennemi à une certaine distance,
et ces naturels savcntles darder avec une grande adresse.
Les lances longues, dont la pointe est armée d’un os de baleine
très-acéré, leur servent quand ils combattent de près. Quelques
uns portaient des haches de guerre, ainsi qu’un instrument
qui ressemble à une hallebarde de sergent, et dont le
sommet est orné de grosses touffes de plumes de perroquet.
D’autres brandissaient dans leurs mains de longs casse-têtes en
os de baleine, et tous portaient le patou-patou, instrument
dont les dimensions ne sont pas fixes, bien qu’elles soient communément
de onze ou douzepoucesdelongsur quatre de large.
Pour la forme, il ressemble assez bien à un battoir, mais il est
aiguisé sur les bords ; et un seul coup de cette arme suffit pour
fendre le crâne le plus dur. Ils s’en servent pour assommer
leurs ennemis en combattant corps à corps, et nulle arme ne
peut mieux remplir ce but. Ces casse-têtes sont, ou en os de
baleine, ou en jade vert, ou bien en une pierre d’une couleur
foncée, susceptible d’un grand poli. L ’habileté qu’ ils déploient
dans la fabrication de ces armes est réellement surprenante, et
je suis convaincu que le meilleur de nos ouvriers, aidé des outils
nécessaires, n’exécuterait pas avec plus de perfection un de
ces instrumens que ne le font ces sauvages, sans autres moyens
qu’une coquille ou une pierre acérée.
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