la partie occidentale de l’île. Ils ont apporté des cochons et
d’autres objets, et sont repartis fort contens de les avoir
échangés contre des haches.
11 juillet. L*Active a appareillé pour Port-Jackson, avec
une cargaison d’espars, de lin, etc. Les cbefs Tekoke , Wetoï
et quelques autres naturels, sont partis sur ce navire.
Peu de jours avant le départ du brick mon vieux
ami Kangaroa èst mort. Je dois regretter la perte de ce cbef
respecté qui m’a toujours voulu du bien, et jouissait d’un grand
crédit sur ses concitoyens. C’était uu bomme actif et industrieux,
e t, sous ce rapport, sa perte sera préjudiciable à son
peuple. Je suis fâché de n’avoir pas eu l’occasion de lui faire
une visite durant sa maladie. Son frère Sbongui, m’a-t-on dit,
en a été accablé de douleur ; il a tenté deux fois de sc pendre,
.mais on l’en a beureusement empêché.
17 juillet. J’ai rendu une visite à mes amis, les habitans de
Tepouna. J’y vis une femme de ce village qui avait gagné un
fort refroidissement qui lui avait causé une inflammation aux
yeux. Sa figure et son cou étaient considérablement enflés, et
elle était condamnée. L ’application des vésicatoires lui a rendu
la santé.
18 juillet. J’ai reçu la visite d’un naturel dans un état fort
alarmant; il avait aussi gagné un refroidissement, et n’avait
pris aucun soin de lui-même. Ces sauvages ne se doutent
nullement des causes de leurs maladies. Ils attribuent à Atoua
tout ce qui les fait souffrir. L ’homme dont je parle disait qu’A-
toua était dans son corps et le dévorait. Il ne semblait aucunement
comprendre les funestes effets de l’eau froide, bue
pendant un accès de fièvre. Je lui donnai les choses que je
crus le plus convenables à son état, et il fut bientôt guéri.
21 juillet. J’ai visité un bomme nommé Tawaï-Moudi, q u i,
m’a-t-on d it , était près de mourir. Il était taboué et assisté par
deux prêtres et quelques autres amis q u i, nonobstant son état,
m’cn laissèrent approcher. Il parut vivement alarmé par la
crainte que le dieu reptile ne fût dans son corps, et ne le fît
bientôt mourir. Je tâchai d’apaiser ses craintes en lui montrant
sa grossière erreur...
Je fis donner un peu de sagou et de thé à ce pauvre homme
qui avait passé trois jours sans manger, et après l’avoir pris il
parut uu peu ranimé.
22 juillet. Comme je traversais le village, quelques naturels
me prièrent de visiter un garçon de treize à quatorze ans qui
semblait être en consomption. C’était une violente fluxion de
poitrine. Je le fis venir chez moi, et lui donnai des alimens
et des remèdes : il fut bientôt rétabli.
Dimanche 23 juillet. Je suis allé, avec madame Kendall, voir
ceux qui pleuraient sur le corps de Tawaï-Moudi, mort ec
matin de bonne heure. Le corps était paré et debout comme à
l’ordinaire. La figure avait été ointe d’buile, pour faire ressortir
les marques du tatouage; les cheveux taillés, proprement
attachés et ornés de plumes. Quand les amis du mort
s’approchèrent pour pleurer, ils s’agenouillèrent sur un rang
devant le cadavre. Alors ils commencèrent à pousser des
cris, à se déchirer et à parler au défunt. Si les Nouvcaux-
Zélandais ne rendent pas un culte aux morts, il paraîtrait
quils n’cn ont pas du tout. Les poumons du mort étaient
affectés; mais je pense qu’il eût pu vivre beaucoup plus longtemps
, si on lui avait donné les soins nécessaires. Quand je le
visitai, il était dans une butte chaude, avec du feu près de lui.
Il sortit pour prendre des alimens, car il n’osait pas manger
dans sa maison, de peur qu’Atoua ne le tuât sur-le-cbamp. Le
temps était froid, et il hâta sa mort en buvant de l’eau froide.
24 juille t. J’allai visiter mon ami W are , malade depuis
quelques mois. Il me parut décliner rapidement, toussant
et crachant sans cesse. Il était aussi taboué; mais il désira
que je lui parlasse, et se hasarda à me prendre la main. Il dit
qu’il avait grand’peur qu’Atoua ne le tuât. Je tâchai de lui expliquer
qu’il n’y avait qu’un grand Atoua qui avait fait l’univers,
etc. Je tâchai de le convaincre aussi combien il était absurde
de croire qu’un de nos yeux devînt une étoile dans le ciel,