roucé, car nous étions convaincus que quelqu^^un des naturels
l ’avait pris. Le canot fut aussitôt armé par les hommes de
Doua-Tara, et il s’avança vers une des îles. Je priai Doua-
Tara, s’il trouvait le voleur, de ne point le maltraiter, mais
de se borner à reprendre le ciseau. Une heure après ils revinrent,
sans avoir pu trouver le voleur, car ils avaient débarqué
sur une autre île , à cause de l’obscurité de la nuit.
Samedi i 4 janvier i 8 i 5. Au point du jour, une pirogue vint
nous annoncer qu’on savait où était le voleur, et demander
du secours pour s’en emparer; mais je jugeai plus sage de
laisser tomber l’affaire que de retarder notre voyage. Nous
avions déjà levé l’ancre pour nous avancer vers Wangaroa,
avec une petite brise qui venait de se déclarer; mais le calme
ne tarda pas a revenir, et nous obligea à mouiller de nouveau.
Dans l’après-midi, le vent souffla joliment frais, mais directement
contre nous, et avec Tapparence de s’établir dans cette
direction, de manière à nous défendre d’entrer dans le bâvre
de Wangaroa.
On laisse porter pour la rivière Tamise
Je me déterminai, en conséquençe, à m’avancer vers la rivière
Tamise, et nous laissâmes porter vers cet endroit dès
que 1 ancre fut levée. Le même soir nous passâmes devant l’entrée
de la baie des Iles, avec une jolie brise qui dura toute la
nuit.
Dimanche janvier. Ce matin nous n’étions pas loin des
Pauvres-Cbevaliers, qui sont de petites îles éloignées de
quelques lieues de la grande terre.
Vers dix heures , on distingua une pirogue qui venait de la
terre à bord de V Active. Doua-Tara fit mettre tous ses bommes
sous les armes, et leur ordonna de rester couchés sur le pont,
de manière à ne pouvoir être aperçus quand la pirogue serait
le long de VActive. Lorsqu’elle accosta, on vit qu’elle ne contenait
qu’un vieux chef, trois bommes et une femme ; on leur jeta
une corde pour se retenir. Le vieux cbef s’approcha incontinent
du navire, avec l’intention de monter à bord. Il n’avait
pas aperçu les Nouveaux-Zélandais qui se relevèrent tout-à-
coup , comme il montait l’échelle ; les uns lui présentèrent
leurs mousquets et les autres leurs lances. Cette vue l’alarma si
fort qu’il se jeta dans la pirogue et la fit presque chavirer : il y
resta même quelque temps couché, sans pouvoir se remettre
de sa frayeur. En même temps les Nouvcaux-Zélandais faisaient
un bruit effroyable. Le vieux cbef vint ensuite à bord, bien
content de voir un si grand nombre de ses amis ; il rit beaucoup
du tour qu’on lui avait joué. Après avoir conversé quelque
temps avec nous, et appris qui nous étions et quelles étaient
nos vues, il nous quitta fort content de sa visite.
Nous n’allâmes pas loin sans être accostés par une autre pirogue,
venant d’un autre point de la côte et pleine de très-
beaux jeunes gens. Ils savaient où nous allions; car un d’eux
avait visité VActive, tandis qu’il était mouillé à Kawa-Kawa,
et avait demandé la permission de nous accompagner à la
rivière Tamise, ce que je lui avais accordé.
En ce moment, nous nous trouvions près d’une très-haute
partie de cette côte nommée par le capitaine Cook Bream-
Head. Le cbef de ce district, avec son fils, avait visité VActive
durant son séjour à Kawa-Kawa. Je lui avais fait présent
de quelques bagatelles, entre autres d’une pièce d’indienne
rouge et blanche, et je l’avais informé queje comptais
visiter la rivière Tamise. Aussitôt que nous eûmes dépassé
Bream-Head, le vent soufflant très-frais, nous aperçûmes
deux pirogues qui faisaient tous leurs efforts pour rejoindre le
navire. Une d’elles avait un signal de reconnaissance. Je priai
le maître de venir en travers. Quand les pirogues furent accostées,
je vis que, dans celle qui portait un pavillon, se trouvait
le fils du chef que je viens de citer, et que ses couleurs
étaient la pièce d’étoffe que j ’avais donnée à son père. Il nous
pressa beaucoup d’aller à terre pour visiter son père; je lui fis
obsei'ver que nous.ne pouvions nous arrêter, à cause du vent