les enfans endormis de toutes parts comme des animaux.
J’avais ordonné au canot de venir nous reprendre à terre
au point du jour, et bientôt après Doua-Tara arriva dans le
camp.
La paix établie entre Wangaroa et la baie des lies.
Alors j ’invitai les cbefs à venir déjeuner à bord de VActive,
ils acceptèrent sur-le-cbamp celte invitation. Nous partîmes
tous avec le canot, et plusieurs pirogues poussèrent au large
au même instant pour aller à bord du navire. D’abord à cause
de l’affaire du Boyd, j ’eus quelque doute que les chefs voulussent
se hasarder sur VActive, dans la crainte d’y être détenus
quand ils seraient une fois en mon pouvoir : mais, loin
de montrer aucun signe de frayeur, ils se rendirent à bord
avec une confiance très-marquée.
Je fis part à Doua-Tara du dessein que j ’avais de leur faire
quelques présens. Il me dit que quel que fût l’objet que je
donnerais à l’un d’eux, il faudrait en donner un semblable
a chacun des autres; chaque article devait leur être ainsi distribué,
en commençant par le plus âgé. Les haches, les h a meçons
, les estampes, etc., que je voulais leur donner, étaient
prêts. Après le déjeuner, les chefs s’assirent dans la chambre,
en grande cérémonie, pour recevoir les présens. Je pris place
d’un côté de la table et eux de l’autre. Doua-Tara était debout,
et prenait chaque article séparément. MM. Kendall,
Hall et King, ainsi que le maître de VActive et son fils, furent
l ’un après l’autre présentés aux cbefs. On leur expliqua
en même temps quelle sorte de fonctions chacune de ces personnes
était appelée à remplir ; savoir: que M. Kendall instruirait
les enfans; M. Hall construirait les maisons, les canots,
etc.; que M. King fabriquerait les lignes de pêche, et
M. Hanson commanderait V Active qui serait employé à apporter
de Port-Jackson les haches et tous les autres articles nécessaires
pourla culture des terres et l’amélioration du pays.
Quand on eut terminé la cérémonie dé donner et recevoir
les prësens , j ’exprimai l’espoir qu’ il n’y aurait plus de guerre,
mais qu a dater de ce moment ils se réconcilieraient les uns
avec les autres. Doua-Tara, Sbongui et Koro-Koro secouèrent
la main des chefs de Wangaroa, et pour signe de réconciliation
ils se saluèrent mutuellement en se toucbant le nez. Je fus
ravi de voir ces gens amis, et je souhaite sincèrement que cette
union ne soit jamais rompue. Aussi je considérai comme bien
employé le temps durant lequel nous avions été arrêtés par les
vents contraires.
Les chefs prirent ensuite congé de nous, très-satisfaits de
nos attentions pour eux, et promirent de ne plus maltraiter
à l’avenir les Européens.
Arrivée à la haie des Iles.
N’ayant plus rien à faire, et le vent devenant favorable,
dans 1 après-midi nous dérapâmes, fîmes route pour la baie
des Iles, et atteignîmes l’entrée du bâvre. Nous rencontrâmes
une pirogue de guerre appartenant à Koro-Koro qui réside sur
la partie méridionale de la baie. Dans cette pirogue se trouvaient
le fils de Koro-Koro et une partie de ses serviteurs. Ils
furent enchantés de revoir leur chef. Celui-ci laissa son fils à
bord, et s en retourna immédiatement à terre dans sa pirogue.
Vers trois heures après midi, le mercredi 22 décembre,
nous mouillâmes sur la bande nord du bâvre, à environ sept
milles de l’entrée, dans une anse vis-à-vis la ville de Rangui-
Hou ou Doua-Tara avait coutume de résider. L ’Active fut
aussitôt environné do pirogues. En allant à terre, Doua-
Tara et Sbongui trouvèrent en bonne santé leurs parens et
leurs amis, qui versèrent des larmes de joie de leur retour; les
femmes se déchirèrent de la même manière que celles des Cavalles,
avec des coquilles et des cristaux, jusqu’à ce que le
sang ruisselât. Ce fut en vain queje tentai de les en dissuader,
elles considéraient cette action comme la plus forte preuve