et agréable à pratiquer, comparativement à celle qu’il nous
avait fallu suivre le jour précédent.
Après avoir marché très-vite jusqu’à six heures du soir, en
ne prenant qu’un seul repos très-court, nous arrivâmes harassés
à Kidi-Kidi. Nous y trouvâmes Sbongui; mais M. Butler
et les cbarpentiers étaient à Rangui-Hou. Pressé de me
reposer, j’allai sur-le-cbamp me coucher dans l’unique bâtiment
qui fût encore terminé.
Sbongui m’apprit que deux jours auparavant, un cbef
nommé Tinana avait tué .sa femme pour cause d’adultère. Elle
fut prise sur le fait et reconnut sa faute ; alors son mari lui
asséna un coup de son bâton sur la tête. Sbongui disait que cette
punition était juste. Le frère de la femme vint et prit le corps,
qui fut transporté dans le sépulcre de ses amis. C’était une
femme de baut rang. Comme le mari avait agi suivant les coutumes
établies, les amis de la femme ne lui infligèrent d’autre
punition que d’emporter quelques-unes de ses corbeilles de
patates, comme satisfaction pour la mort de la femme. Quelquefois
un bomme se contente de répudier sa femme dans le
cas d’adultère ; mais il peut la mettre à mort quand le fait est
avéré, s’il le juge à propos; et sa conduite, en ce cas, est
toujours généralement approuvée.
12 octobre 1819. Cc matin nous comptions retourner à
Rangui-Hou après le déjeuner. Shongui avait fait préparer
une quantité de patates douces pour nous et nos amis.
Je fus tres-satisfait des progrès qu’avait faits notre nouvel
établissement. Pendant notre absence, une étendue de
terrain considérable avait été défrichée et plantée en maïs.
Une quantité de graines apportées d’Angleterre à Port-Jackson
avaient été semées dans le jardin et avaient levé. Plusieurs
des jeunes plants de vigne étaient en feuilles. On avait aussi
planté des arbres à fruit, et l’établissement entier commençait
à prendre une apparence de civilisation qui pénétrait l’ame
de la plus douce satisfaction. Un édiflcc avait été aussi élevé
pour l’usage des naturels occupés aux cultures. D’après ce
que j’avais sous les yeux, je restai convaincu que tout le monde
avait Iravaillé avec zèle, et qu’on avait beaucoup fait en
peu de temps, nonobstant le peu de moyens que M. Butler
et ses compagnons avaient à leur disposition.
Visite au village de Motou-Iti.
Vers neuf heures, nous quittâmes Kidi-Kidi ; et dans notre
route le long de la rivière, nous visitâmes un village nommé
Motou-Iti, situé sur la rive méridionale. Il appartient à un
cbef nommé Shouraki, à qui nous avions promis une visite.
Nous le trouvâmes cbez lui avec plusieurs chefs d’autres cantons.
Il fut très-content de nous voir. Tandis que nous
étions arrêtés dans ce village, le vent s’éleva, et amena une
pluie violente. Après avoir attendu jusqu’au soir sans aucun
espoir que le ciel s’éclaircît, et voyant la mer agitée, je me
décidai à demeurer jusqu’au lendemain. Shoui^ki m’assura
qu’il serait dangereux de m’exposer dans la pirogue , attendu
qu’il y avait beaucoup à craindre qu’elle ne chavirât; et il
me recommanda d’attendre jusqu’au jour suivant. M. Kendall
était très-impatient de regagner sa maison. En conséquence,
je le laissai libre de faire ce qui lui plairait ; il s’embarqua
pour Rangui-Hou, ayant environ sept milles de traversée à
faire sur une mer ouverte et clapoteuse. Pour moi, je restai
avec les cbefs, et passai toute la nuit à Motou-Iti.
Là je trouvai Moiangui, ce chef qui était allé en Angleterre
avec M. Savage, douze ans auparavant environ. 11 demanda
particulièrement des nouvelles de la reine qu’il avait vue. Il
remarqua qu’elle était âgée. Il désira savoir si elle était encore
en vie; je lui dis qu’elle était morte depuis huit mois environ. Il
voulut savoir si le prince de Galles, le duc d’York et les autres
membres de la famille royale se portaient bien. Il donna aux
chefs qui l’entouraient des détails sur ee qu’il avait vu en Angleterre.
H leur parla du pont de Londres et des jets d’eau de
cette ville. 11 leur dit comment l’eau se trouvait conduite, au
1 !
U