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306 PIECES JUSTIFICATIVES.
équipages, d’acheter de ces têtes : car si une tribu venait à connaître
que la tête de son cbef se trouve à bord d’un navire, il
est plus que probable quelle attaquerait ce navire pour la
recouvrer, par suite de l’estime et de la baute vénération
altacbées à ces précieuses reliques.
12 septembre 1819. Ce matin le service divin a eu lieu sous
le bangar , sur le rivage ; quelques cbefs de districts éloignés
y ont assisté. Nous n’avons pas éprouvé le moindre trouble de
la part des naturels.
Chagrin de Oudi-Okouna apaisé par des présens. Visite de
différens chefs.
13 septembre. Oudi-Okouna est venu ce matin pour
prendre congé de nous. Il était allé sur le terrain où sc trouvait
sa maison qu’il avait brûlée, pour pleurer avec ses amis.
Pour exprimer son chagrin , suivant la coutume de son pays ,
il s’était coupé et déchiré très-grièvement la figure, les bras et
d’autres parties du corps ; et ses amis avaient suivi son
exemple. Nous lui donnâmes une bêcbe, une piocbe, une
bacbe, une vrille, un miroir, une lime, et deux couteaux,
l’un pour lu i , l’autre pour sa femme. Ces présens réussirent à
calmer sa douleur. Il me déclara qu’il ne reviendrait jamais à
Rangui-Hou, mais qu’il allait fixer son domicile près deTe Koke,
et il me pressa beaucoup d’envoyer un Européen à Kawa-Kawa
pour habiter avec lui et ses amis. Je lui promis d’exaucer ses
voeux aussitôt que nous le pourrions. Toutes les fois qu’il
tournait ses yeux du côté des instrumens qu’il avait reçus, la
joie brillait sur sa figure, et ses chagrins seipiblaient évanouis.
Oudi-Okouna est très-attacbé aux Européens^ et se montra
très-obligeant lors de mon premier voyage à la Nouvelle-
Zélande,
Nous avons aussi reçu aujourd’hui la visite de plusieurs
cbefs qui venaient de différens districts. Leur but était d’obtenir
une bêcbe ou une piocbe , et quelques-uns venaient
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
de plus de vingt milles. Ils nous représentaient leur misère
le plus éloquemment qu’ils pouvaient. Nous leur distribuâmes
trois douzaines de piocbes et quelques autres outils,
en regrettant de ne pouvoir leur en donner trois cents;
mais ce nombre n’eût guère été qu’une goutte d’eau dans un
seau. Ils dansaient de joie en recevant ces instrumens , et
plusieurs d’entre eux vont immédiatement s’en servir pour travailler
, ce qui va accroître considérablement la quantité de
blé et de patates à la procbaine récolte ; car c’est actuellement
le printemps, saison convenable pour planter ces deux
productions. Par là leurs ressources s’en accroîtront, et les
colons seront plus abondamment approvisionnés en porc ,
grains et patates.
A mesure que les ressources des naturels augmenteront,
leur civilisation marchera dans le même rapport. Ils n'ont besoin
que des moyens de se procurer les avantages de la vie
civile. Ils ne manquent ni d’industrie , ni d’intelligence , ni de
force corporelle , car ils possèdent ces avantages peut-être à
un plus haut degré que toute autre nation barbare. Comme
leur climat est en outre, ainsi que leur sol, très-favorable à
l’agriculture, il n’est pas douteux qu’ils ne fa.ssent des progrès
rapides vers la civilisation.
Ce soir, nous eûmes le plaisir de lancer notre canot à fond
plat, en présence des naturels réjouis de ce spectacle. Nous
estimons qu’il portera vingt tonneaux, et c’est le premier navire
qui ait été jamais construit sur l’île septentrionale de
la Nouvelle-Zélande. Nous ne devons le regarder que comme
un grain de moutarde, en comparaison du degré de puissance
navale auquel cette contrée peut atteindre, eu égard à l’énergie
de ses babitans, à leur caractère entreprenant et hardi,
à leurs ports, à leurs rivières et à leurs ressources maritimes.
Koro-Koro se prépare à partir pour la rivière Tamise.
t4 septembre 1819. Ce matin j’ai rencontré Koro-Koro à
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