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jamais vu personne parler d’une manière plus touchante que
ce jeune homme ; il pleurait sur la condition dégradée de son
pays, et semblait avoir peu d’envie de prolonger son existence.
Il étaitrare, quand j ’allais voir Waï-Tarou, ou qu’il venait
me voir, que la mort de son fils ne fût pas le sujet de sa conversation.
En tout temps, il exprima le désir que les os de ce fils
fussent rapportés à la Nouvelle-Zélande : comme il se trouvait
lul-même indisposé à cette époque, il demanda, s’il ne
pouvait y aller lui-inême, que je permi.sse à sa femme de faire
ee voyage. Je lui promis, à mon retour, de lui envoyer ces
restes, si personne ne venait les réclamer. Partout les Nouveaux
Zélandais attachent un grand prix aux ossemens de leurs
amis morts.
Un conseil de guerre des naturels.
Sur la route de Kidi-Kidi à Waï-Mate, qui en est à dix
ou douze milles, M. Marsden rencontra une foule de naturels
qui lui demandaient où il allait. Il écrit à cc sujet :
Quand nous les eûmes satisfaits, ils nous apprirent sur-le-
cbamp que l’Atoua était à Waï-Mate. Je ne pus comprendre
ce qu’ils voulaient dire par là , car ils semblaient tous vivement
occupés de l’Atoua. J’imaginai que quelque chef était
mort ou sur le point de mourir, attendu qu’il y avait beaucoup
de personnes assemblées à Waï-Mate.
Nous arrivâmes en ee Heu vers le soleil couchant, dans une
habitation appartenant au chef Tareha. Nous y trouvâmes la
réunion de naturels la plus nombreuse que j ’eusse jamais vue.
Tareha nous reçut très-cordialement, et nous procura une
bonne cabane, et quantité de patates pour nous et nos porteurs.
La se trouvaient, avec leurs guerriers, quelques-uns des
chefs des tribus depuis Shouki-Anga, sur la côte occidentale
de la Nouvelle-Zélande , jusqu’à Bream-Head, sur la côte est.
Nous nous promenâmes autour des différens groupes, car ils
s’étalent formés en corps séparés. Nous trouvâmes une assemblée
de cbefs assis en cercle , et plongés dans une profonde
consultation. Nous apprîmes que les cbefs de différentes tribus
s’étalent réunis pour entreprendre une expédition militaire, et
que chaque tribu devait fournir un certain nomljre d’hommes.
Le concours du peuple et le mouvement qui en résultait
ressemblaient plus à une foire de campagne qu’à toute autre
chose.
Je demandai quel était le motif d’une si nombreuse réunion
de cbefs et de districts aussi éloignés. On me raconta qu’avant la
destruction du Boyd, qui eut Heu il y a dix ans à peu près,
Shongui et sa tribu déclarèrent la guerre aux habitans de Kaï-
Para ; qu’alors il fut défait, et perdit un grand nombre de ses
officiers et de ses tommes, parmi lesquels étaient deux de ses
frères ; et que les chefs de la tribu de Sbouki-Anga avaient convoqué
celte assemblée pour former une expédition contre Kaï-
Para , et venger la mort de ceux qui avaient péri dans cette
funeste guerre. J’appris aussi que depuis sa défaite, Shongui
n’avait cessé de réunir des munitions pour se mettre en état de
renouveler la guerre contre les peuples de Kaï-Para, et qu’il
avait laissé des ordres à ses officiers pour commencer les hostilités
peu de mois api-ès son départ pour l’Angleterre.
Nous passâmes la soirée à converser avec les différens groupes.
Ils semblaient tous fort joyeux et satisfaits. Ils se régalaient
à leur manière, et ils mangèrent avec du poisson quelques
centaines de corbeilles de patates et de pommes de terre.
Le tumulte dura toute la nuit, plus ou moins fort. Quand
nous nous retirâmes à une beure avancée, nous laissâmes les
cbefs encore assemblés en cercle au même endroit où nous les
avions trouvés et poursuivant leurs délibérations.
Depuis notre arrivée, nous n’avions cessé d’entendre de
grandes lamentations du côté d’une métairie qui semblait
éloignée d’un mille de nous. Quand nous en demandâmes la