PIECES JUSTIFICATIVES. PIECES JUSTIFICATIVES. i Î 7
douce ; la crique était navigable pour de petites barques à l’endroit
où je la traversai. Une bataille eut lieu quelques mois
auparavant sur ses bords, et un cbef y fut tué d’un coup de
fusil. Les naturels me montrèrent la place où il sc trouvait, et
le buisson derrière lequel l’ennemi s’ètait cacbé quand il fut
tué. Lorsque nous arrivâmes au pâ, il était trop tard pour
pousser jusqu’à laTamise. Après avoir pris quelques rafraîcbis-
semens, le soir je me procurai une pirogue, et je remontai le
ruisseau d’eau douce qui coule entre quelques collines élevées.
En certaines occasions, ce torrent roule dans la erique un
volume d’eau considérable. La terre, sur ses bords, est très-
ricbe, et pourrait être facilement labourée avec la cbarrue.
Dans la vallée qu’il traverse, je rencontrai une foule de naturels
qui revenaient du travail, et avec lesquels je rentrai dans
le pâ.
Il s y trouvait alors un frère de Tepoubi et plusieurs autres
cbefs; Tepoubi était absent. Je passai la nuit à converser avec
eux sur les funestes suites de la guerre, et les avantages d’un
gouvernement c iv il, de l’agriculture el du commerce. Le frère
de Tepoubi semblait être un bomme très-doux et très-intelligent
; il témoigna combien il blâmait la conduite de plusieurs
des cbefs qui étaient toujours occupés à combattre et à ravager
les babitans. Temarangai m’apprit que ce cbef n’allait jamais
à la guerre, tant elle lui déplaisait.
La nature et l’art se sont réunis pour faire de ce pâ une
place très-forte. Elle est encore protégée par des fossés très-
profonds et par une baute palissade en bois fendu. Dans la
manière babituclle aux sauvages de faire la guerre, cette
place eût pu défier les efforts de quiconque eût voulu l’attaquer;
mais elle cesse d’offrir une défense assurée contre un
ennemi armé de mousquets. Les babitans me montrèrent les
endroits où les balles avaient frappé leurs cabanes, et ils déclaraient
qu’il leur était impossible, avec leurs lances, de résister
à l’effet des armes à feu.
Si le gouvernement britannique voulait jamais former un
établissement à la rivière Tamise, le terrain sur lequel ce pâ
e.st situé serait, à mon avis, le meilleur point à choisir de tous
ceux que j’ai vus. Il possède plusieurs avantages locaux fort
importans. On le rendrait facilement imprenable. Il commande
l’entrée de la rivière d’eau douce, une grande
étendue d’excellente terre à cultiver l’environne , et l’on s’y
procurerait facilement du bois de construction. Bien que les
navires ne puissent remonter jusque-là , cette station est cependant
plus à portée du bâvre où les vaisseaux peuvent mouiller
en toute sûreté, que tout autre point. De petits navires de
cent à cent cinquante tonneaux pourraient même entrer dans
la rivière, et venir mouiller en face de cette place.
Pâ de Variki ou chef principal, à la rivière Tamise.
Celte place, qui porte le nom de Houpa, est située à Injonction
de deux rivières d’eau douce, dont les courans réunis
forment la Tamise. Sur une pointe de terre que les deux rivières
environnent presque entièrement, s’élève le pâ du chef
principal ou ariki, comme l’appellent les naturels.
Le pâ était rempli de monde qui nous accueillit sur le rivage
avec de grandes acclamations, et nous conduisit à l’ariki qui
était assis au milieu de sa famille. C’était nn bomme âgé de
soixante-dix ans, .suivant toute apparence, bien fait et d’une
grande force musculaire. Sa mère était encore vivante, avec
trois générations après elle. Les maisons des naturels étaient
beaucoup plus grandes et mieux bâties qu’aucune de celles que
j’avais vues à la Nouvelle-Zélande. L’ariki en fit préparer une
pour nous loger, ainsi qu’une cinquantaine de naturels qui
nous avaient aidé à remonter la rivière.
Le jour suivant était un dimanche ; nous restâmes dans le
pâ et je passai une bonne partie de cette journée à converser
avec les naturels sur les oeuvre.? de la création— Temarangai
me servait d’interprète.
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