coup, (lisant qu’il ne reverrait plus sa femme ni ses enfans,
et il priait le capitaine de retirer tous les canots des mâts (voulant
parler des voiles), car ils allaient tuer VActive. T oupe,
d’un autre côté, fut tout-à-fait calme pendant le coup de vent;
il disait que ni le tonnerre, ni les éclairs, ni le vent ne pourraient
détruire le navire tant que moi et lui serions à bord,
et il exhortait Temarangai à ne point s’effrayer, l'assurant qu’il
était en sûreté. Malgré tout ce que pouvait dire Toupe, les
craintes de Temarangai durèrent autant que le coup de vent,
et il ne put reposer ni jour ni nuit. Toupe avait coutume de
prier beaucoup, et quelquefois il voulait que quelques naturels
se joignissent à lui. Il avait une forte confiance dans un
certain être suprême ; il avait coutume d’appeler l’objet de son
culte le dieu de la Nouvelle-Zélande. Je fus très-malade pendant
la tempête, et je sortis rarement de ma cabane. Toupe
venait s’asseoir près de moi, et portait sa main sur diverses
parties de son corps, adressant en même temps des prières à
son dieu. Toupe est d’un caractère élevé, supérieur, et le
même dans toutes les circonstances. Durant la tempête, il dé-
ploya nn calme et une constance remarquables.
On atteint Port-Jackson.
Nous fûmes entraînés par le coup de vent à plus de deux cents
milles au nord de Port-Jackson. Quand il cessa, le vent devint
favorable, et nous mouillâmes à Sidney-Cove, le mercredi
23 mars i 8i 5.
Conclusion.
Je vais terminer ce récit en faisant observer que les chefs
de la Nouvelle-Zélande sont une race de gens belliqueux et
très-fiers de leur rang et de leur dignité; ils paraissent n’avoir
jamais oublié ni une faveur ni une offense; ils conservent
un souvenir agréable des Européens qui se sont montrés
honnêtes à leur égard, et ils ont le plus souverain mépris
pour ceux qui les ont injuriés. Ils paraissent vivre en paix
el en bonne intelligence, quand ils sont sous les lois d’un
même cbef; je n’ai point vu de querelle tandis que j’ai été chez
eux; lis sont affables pour leurs femmes et leurs enfans; je n’ai
jamais vu frapper une femme, ni même observé aucun genre
de violence à leur égard. Les colons me dirent qu’ils n’avaient
jamais vu de querelles parmi les babitans de Rangui-Hou pendant
tout le temps de leur résidence, et je pense que les disputes
sont rares parmi ceux de la même tribu ou du même village.
Sur la partie méridionale de la baie des Iles, j ’ai appris qu’on
n’avait fait aucun mal aux Européens, depuis le temps du
capitaine Cook. Les deux frères cbefs. Tara et Toupe, sont
des bommes du meilleur caractère, et qui ne souffriraient jamais
qu on se permît le moindre acte de violence envers les
Européens. Ils citaient souvent les outrages qu’eux et leurs
sujets avaient éprouvés de la part des Anglais, et rapportaient
que le maître d’un navire avait tué dernièrement deux de leurs
hommes. Nonobstant cet outrage, ils ne s’étaient point vengés
sur ces Européens, et ils mentionnaient le fait comme une
preuve du v if désir qu’ils avaient de cultiver notre amitié. Ils
m assuraient que je ne devais pas avoir la moindre appréhension
pour la sûreté de VActive tant qu’il serait mouillé cbez
eux. En réponse , je leur dis que ce navire serait constamment
employé pour leur avantage, et dans le but d’améliorer la position
de leur pays; qu’ils devaient le considérer comme appartenant
à la Nouvelle-Zélande, et qu’il n’y viendrait
jamais dans l’attente de retirer aucun profit particulier de
ses voyages. L ’un des cbefs répliqua qu’il était parfaitement
convaincu de cette vérité, attendu qu’ils n’avaient rien à donner.
Je leur recommandai de récolter et de préparer autant de
lin qu’ils le pourraient pour le retour de VActive, qui aurait
lieu dans trois mois, et je leur dis que je leur enverrais en
échange tous les articles dont ils auraient besoin. Ils promirent
de le faire.
Je suis convaincu que sans un navire on ne peut faire beau