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menaces; malgré sa taille gigantesque, son agilité était surprenante^:
il courait oà et là , la lance à la main, comme
un enfant qui joue à la crossé. En pareil cas, les guerriers de
la Nouvelle-Zélande sautent sur le côté, en se battant les
iancbes et frappant du pied en mesure et avec des gestes
affreux : tantôt ils s’arrêtent tout court, tantôt ils s’accroupissent,
la poitrine gonflée et haletant avec force, comme
pour exciter leur rage au dernier degré de violence , avant de
donner le coup fatal.
M. Eairburn revint au moment où Toï s’assit pour reprendre
baleine, et ils parlèrent long-temps ensemble : Toï réclama
son outou, et déclara qu’il resterait là tout le jour, le lendemain,
et cinq autres journées encore; qu’il engagerait un
grand combat, et que le lendemain, « dix, dix, dix, et puis
dix hommes, levant en l’air ses doigts à chaque fois, arriveraient
, mettraient le feu à la maison et brûleraient le magasin.
. Quand MM. Williams et Fairburn purent dire un mot
à leur tour, ils lui répondirent : « Qu’est-ce que cela signifie,
monsieur T oï? Vous causez beaucoup; vous plaisantez, monsieur
Toï. »
Durant la prière, il resta plus tranquillement assis derrière
la maison, auprès du feu des naturels, c’est-à-dire de ceux
qui nous étaient attachés. Sa femme, quelques personnes des
deux sexes qui étaient venues avec lu i, Apou, la femme de
Waraki , l’un de nos solides amis, et d’autres , regardaient par
la fenetre, et un ou deux chefs s’assirent dans la chambre.
Tekoke, notre chef, était absent.
Après les prières, Toï vint à la fenêtre, et, sans cérémonie,
mit la jambe dessus, en montrant son pied, et demandant le
outou pour le peu do sang.qui en coulait. M. Williams lui
dit de s’en aller, et de reVenir le lendemain comme uu gentleman,
de frapper à la porte comme MM. Tekoke, Watou ,
Houroto , W araki, etc.; qu’alors il lui dirait: .. Comment
vous portez-vous, monsieur Toï-Tapou? » et qu’il l’inviterait à
déjeuner avec nons. Celui-ci répondit qu’il avait trop de mai
aux pieds pour pouvoir marcber ; il renouvela son intention de
rester là plusieurs jours et de brriler la maison ; après avoir parlé
quelque temps, il entra de nouveau dans une colère épouvantable.
Nos amis, en regardant par la fenêtre, m’adressaient
souvent la parole, et s’écriaient l’un après l’autre : « Eb ! mère
(c’est le titre que les filles et les femmes du pays donnent par
amitié aux femmes des missionnaires) — Aire! mai (venez)
apopo (demain vous verrez un grand feu ; la maison — Oh oui !
— Les enfans morts — tous morts — un grand nombre d’hommes
— un grand combat — beaucoup de mousquets). »
M. Williams rentra dans la maison, me pria de me coucher,
ferma les fenêtres, et recommanda au forgeron de veiller avec
soin. Les cbefs, nos amis, s’enveloppèrent dans leurs nattes
fourrées, et allèrent dormir sur des paquets de taihepa. Tandis
que nous nous mettions au lit, Toï commença à chanter, ou
plutôt à hurler d’un ton'lugubre certaines paroles, et M. Fairburn
nous apprit qu’il le faisait pour jeter un charme sur
nous; car ce malbeureux, victime de la superstition et esclave
de Satan, Imaginait, par ce moyen, rendre notre mort infaillible.
Nous fûmes éveillés de grand matin par les cris de Toï et
d’aulrcs naturels, qui ne cessèrent d’arriver jusqu’au moment
où notre habitation en fut tout-à-fait environnée. Avant de
déjeuner, M. Williams avait été obligé de pousser Toï de
force bors de la cour, parce que, dans un transport de rage ,
11 s’était saisi d’un pauvre petit chevreau. Au déjeuner, j ’avais
préparé du tbé pour plusieurs de nos amis, et, curieux de
voir comment Toï le recevrait, nous lui en envoyâmes une
pinte toute pleine bors de la porte, oû il se tenait assis par
terre avec une gravité taciturne, entoure d une foule de ses
partisans qui s’étaient assemblés pour le combat. Au travers de
la palissade , nous le vîmes boire son tbé , et j’eus l’espoir que
cela pourrait le rafraîchir; mais il ne tarda pas à gambader
de nouveau dans la cour, avec plusieurs autres guerriers a
figures bideuscs, armés de lances et de haches d’armes, et
quelques-uns de mousquets.