(Tome I I , page 18 .) Les chefs peuvent en tout temps requérir
les services des hommes de leur tribu , qui se rassemblent
et se préparent pour leur obéir sans jamais demander
pour quel objet ils sont appelés; ils montrent le plus grand
dévouement à leurs cbefs, et sont toujours prêts à marcher aux
scènes de sang et de carnage , ou à s’occuper des travaux plus
doux de l’ètat de paix. Il est bon de remarquer qu’un dénombrement
ou plutôt une revue de toute la population adulte et
mâle, a lieu à certaines époques fixes de l’année : alors les rangatiras
qui sont tous traités avec le plus grand respect aident
à dénombrer les koukis de la même manière qu’un sergent
compte les soldats de sa compagnie. M. Marsden, qui entre
autres renseignemens reçut de Doua-Tara une description
exacte de cette cérémonie, la rapporte ainsi dans une lettre à
un ami : « Les chefs passent la revue de tous leurs bommes à
certaines époques de l’année; la grande revue a lieu après la
récolte des patates. Le terrain d’où l’on a retiré les patates est
dégagé des pierres et des mauvaises herbes, puis tout aplani;
alors tout le monde s’y assemble, bommes femmes et enfans.
Les bommes sont placés par rangs comme dans un régiment,
et sur cinq, six ou sept bommes de profondeur, suivant la volonté
du cbef. Alors un des principaux officiers ou rangatiras
commence à les dénombrer, non pas en les appelant par
leurs noms, mais en passant devant les rangs et les désignant
par leurs numéros. A la tête de chaque cent bommes,il place
un rangatira et continue ainsi jusqu’à la fin , en laissant un
rangatira à chaque cent hommes : ainsi dix rangatiras répondent
pour mille hommes. Jamais les femmes et les enfans ne
sont soumis à cet appel. »
(Tome I I , page 28.) Les quatre bommes qui avaient été de
notre compagnie étaient tous rangatiras, ainsi que Touai prit
soin de nous l’apprendre; car ces naturels ne négligent jamais
de vous faire connaître leur propre dignité et celle de leurs
amis ; je pense qu’il n’y a pas de pays au monde où l’orgueil de
famille soit plus dominant qu’à la Nouvelle-Zélande, sans exccpter
l’Espagne elle-même avec scs grands hautains, ni l’A llemagne
avec scs barons vaniteux.
En opposition à ce qu’avait avancé Forster, M. Nicholas
fait la remarque suivante ( tom. II, pag. 66 ) ;
Loin d’être insolcns et indisciplinés , j’ai au contraire observé
qu’à la Nouvelle-Zélande tous les enfans des deux
sexes sont soumis et obéissans envers leur mère d’une manière
remarquable ; et pendant tout le séjour que j’ai fait dans
ce pays, je n’ai pas vu un seul exemple de conduite indécente.
Outre le témoignage do mes propres yeux, touchant leurs dispositions
douces et traitables, aux nombreuses questions que
j’ai faites à cet égard, jamais on n’a répondu que les enfans
fussent dans l’habitude de traiter leur mère avec mépris.
Quand ils seraient disposés à le faire, je n’ai pu m’apercevoir
non plus qu’ils fussent protégés par leur père, contre le châtiment
dû à ce manque de respect.
(Tome I I , pages 92 et suiv.) Le dimanche matin, 5 février
)8i5, le bruit courut à bord parmi les naturels qu’un grand
combat allait avoir lieu, dans le courant de la journée, entre
Wiwia, le chef contre lequel Koro-Koro venait de diriger ses
forces, et Hinou , le chef dont Wiwia avait séduit la femme.
Comme Temarangai déclara qu’il voulait demeurer spectateur
neutre de ce combat, je n’hésitai point à l’accompagner, d’autant
plus qu’il me garantit que je ne courrais aucun danger.
Nous entrâmes enfin dans celte petite capitale (Waï-Kadi),
et nous n’y trouvâmes qu’une scène de tumulte et de confusion
; elle était remplie d’hommes armés qui couraient de toutes
parts avec un air farouche, au milieu de tous les préludes
d’un engagement sauvage. Là , je reconnus notre ami Toupe,
ainsi que deux autres chefs de ma connaissance, Kouc et Hou :
ils étaient assis sur le toit d’une maison; et Toupe, dès
qu’il m’aperçut, me fit signe d’aller m’asseoir à côté de lui. De
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