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tûmes; au contra ire, ils n’exprimaient que trop souvent leur
prédilection pour la chair humaine. Dans un homme on ne
peutmanger que les membres, tandis que, la tête seule exceptée,
le corps entier d’une femme ou d’un enfant est un mets délicieux
pour eux. ;
Outre l ’équipage du B o y d , d’autres Européens ont été de
temps en temps les victimes de leur férocité. Mais ils représentent
la cbair des blancs comme fade et insipide comparée
.à celle de leurs compatriotes , et ils attribuent son infériorité
à la coutume universelle que nous avons d’employer du sel
dans nos alimens.
C ’est par suite de motifs superstitieux qu’ils dévorent leurs
ennemis tués dans les combats; mais il y a tout lieu de
croire que leur anthropophagie s’exerce en d’autres circonstances.
Durant notre séjour parmi eux et sous les yeux même des
Européens, il y a eu des femmes esclaves massacrées pour des
crimes trop légers pour justifier une pareille sévérité. Comme
leurs corps étaient aussitôt dépecés , lavés et transportés
dans un lieu où ils pouvaient êtreanangés commodément, et
comme les naturels eux-mêmes ne craignaient pas de mentionner
publiquement le festin projeté, il est à présumer qu’ ils
se plaisaient à satisfaire p a r-là leurs effroyables goûts.
A l’exception du marin du CatkeTÎna, aucun Angla is ne
fut témoin d’un acte de cannibalisme durant notre visite à
la Nouvelle-Zélande , et les naturels prirent totites sortes de
précautions pour nous les cacher; mais les missionnaires ont
pu en observer les préludes immédiats, et ils ont acquis des
preuves irrécusables de son existence. D’après les remarques
qu’ils nous ont fournies, et d’après l’aveu des naturels eux-
mêmes, il est tout-à-falt impossible que les personnes les plus
incrédules du Dromedary soient retournées en Angleterre sans
avoir acquis la ferme conviction que l ’anthropophagie existe
a la Nouvelle-Zélande, non-seulement comme superstition,
mais comme gratification d’un appétit féroce.
P IÈ C E S JU S T IF IC A T IV E S . 663
Les relations fréquentes qui ont lieu entre les équipages des
navires européens et les femmes du pays, comparées avec le
petit nombre de fruits d’un pareil commerce qu’on a pu trouver
dans l’île , ont fait présumer que l’infanticide y régnait à
un baut degijé. Durant notre séjour à la Nou ve lle -Z é land e ,
nous n’avons vu que deux individus de cette classe, et on ne
nous en a mentionné que deux autres. De ceux que nous vîmes
l’un était un enfant, le fils d’un marin d’un navire baleinier, et
l ’autre une jeune fille ad u lte , de seize ans en viron , et dont le
père était un habitant de la N ou ve lle -Ga lle s du Sud. L u n
et l’autre étaient de jolis enfans ; la dernière , quoique élevée
en commun avec les sauvages, avait tout-à-fait Tair anglais,
à cela près que son teint était fortement brûlé du soleil. C ’était
une jolie fille, et à cette époque elle vivait à bord d’un bâtiment
baleinier.
Cc commerce illicite a communiqué à quelques-unes des
femmes de Tîle eette maladie que les Européens transportent
dans toutes les parties du monde où ils séjournent, etnous observâmes
à la baie des Iles quelques exemples déplorables de ses
funestes ravages.
Les femmes niaient devant nous le crime d’infanticide ,
quant aux résultats de leur commerce avec les Européens, et
elles déclarèrent qu’elles en prévenaient les suites par un accouchement
prématuré. Cela peut être v r a i, attendu que les
autres navires ne sont jamais restés dans Tîle qu’un temps
fort court ; mais comme plusieurs femmes n’ont quitté le Dromedary
qu’à une époque très-avancée de leur grossesse, il sera
curieux pour ceux qui nous suivront de rechercher si ces enfans
sont vivans, et dans ce cas 11 y aura lieu d’espérer que
Tburaanltédes Européens prendra des mesures pour améliorer
leur condition.
Dans les familles, quand le nombre des filles excédait de
beaucoup celui des garçons, on a su que la mère , frustrée
dans son attente, avait sacrifié ses enfans du premier sexe.
Une fille de Pomare nous assura que tel aurait été son sort