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456 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
ou soixante hommes, sont mues avec une vitesse extraordinaire.
Le lieu du rendez-vous général était Vlangaroa
?. cent milles environ du lieu de l’action. Il n’y avait jamais eu
de pareil armement à la Nouvelle-Zélande. Il était vraiment
affreux de les entendre parler du ravage qu’ils se promettaient
de faire : ils voulaient tuer, massacrer, détruire tout sans merci,
ce qui est le plus haut degré de gloire pour un Nouveau-Zé-
landais. Il y avait sur la flotte un prêtre très-vieux , qui avait
songé que toutes les pirogues devaient être mises en pièces par
la tempête; s’il eût fait le même rêve une seconde fois, l’expédition
ne serait pas partie.
Dès que Shongui et ses partisans eurent quitté la baie des
Iles, les missionnaires retrouvèrent la paix et la tranquillité.
Ils étaient cependant inquiets, en songeant au retour de ces
Cannibales qui devant la victoire à la supériorité de leurs
armes, après s’être abreuvés du sang de leurs ennemis, allaient
rentrer dans leurs foyers plus altiers et plus féroces que jamais.
Shongui était parti de la baie des Iles avec trois mille combattans,
parmi lesquels on en comptait cent armés de fusils.
La bataille qu’il livra aux habitans de la Tamise et de la bai!
Mercure réunis fut épouvantable. Un grand nombre périt des
deux cotés , mais Shongui sortit victorieux et revint en grand
triomphe à Kidi-Kidi. Lui-même et Waï-Kato ont raconté
qu’ils tuèrent mille de leurs ennemis, dont trois cents furent
rotis et mangés avant de quitter le cbamp de bataille. C’est là
que Shongui tua de sa propre main un cbef avec qui il était
revenu de Port-Jackson, et qui plusieurs fois lui avait témoigné
le désir de se réconcilier avec lui. Il lui coupa la tête, fit
couler le sang dans le creux de sa main, et s’en abreuva p!ur
satisfaire une vengeance que rien ne pouvait éteindre.
En guerre, ils ne font point de quartier aux bommes. Les
femmes et les enfans sont faits prisonniers et distribués entre
les chefs. Après leur retour, ils tuèrent plus de vingt esclaves,
les firent rôtir et les mangèrent.
PIECES JUSTIFICATIVES. 457
Difficultés récentes de la Mission.
On a rapporté des preuves de l’espoir que donnait la
Mission au retour de Shongui d’Angleterre. Le comité
ajoute dans son rapport :
Mais le retour de Sbongui changea tout-à-coup la face des
choses! Qu’il ait rapporté à la Nouvelle-Zélande un esprit
ulcéré contre les colons, c’est une chose qui a dû paraître fort
surprenante à ceux qui ont vu les soins qu’on s’est donné pour
lui être agréable; mais après toutes ces politesses, cette nouvelle
disposition de son caractère a été cruellement ressentie
par les colons restés à la baie des Iles, durant son absence.
La manière dont Shongui fit connaître son changement fut
très-affligeante. Apprenant à son arrivée que le commerce
des mousquets et de la poudre avait cessé de la part des colons,
s’imaginant en outre que, si tous ses désirs n’avaient
pas été entièrement satisfaits en Angleterre, c’est qu’on n’avait
pas écrit des lettres en sa faveur, il se tint durant quelques
jours à une certaine distance de l’établissement de Kidi-Kidi.
Les scieurs de bois, qui-avaient jusque-là travaillé paisiblement
et avec zèle, imitèrent sa conduite et quittèrent leur
besogne; insistant pour être payés, soit en poudre et armes
à feu, leurs articles favoris, soit en argent, afin de pouvoir
s’en procurer par les baleiniers. Comme on ne put les satisfaire,
tous quittèrent l’ouvrage, excepté deux, et il devint
nécessaire d’en former d’autres. Un des colons écrivit en octobre
; « Depuis plusieurs mois, ils avaient cessé de demander
ces objets; mais depuis le retour de Shongui, comme il a
rapporté avec lui une quantité d’armes à feu , les naturels,
sans exception, nous ont traités avec mépris ; ils se sont
accoutumés à entrer dans nos maisons au gré de leur caprice ;
à demander des vivres; à voler ce qui se trouve sous leurs
mains; à briser les palissades de nos jardins, et à enlever des