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leur tête jusqu'à ce que leurs nez se touchassent; après quoi ils
s’entretinrent des exploits des compatriotes de Bryan dans les
dernières guerres.
L ’accueil que fit K in g -G eo rg e , che f de Korora-Reka ,
à ce même Bryan Borou, n ’est pas moins curieux. ( T . I ,
pag. 196.)
Le 4 juillet. Je reçus dans la matinée la visite de la reine
Tourourou, de son frère Maounga, et de son fils le roi George,
qni était de retour à Korora-Reka.
A peine le roi George était-il monté sur le pont, qu’il s’informa
de Bryan Borou. C e lui-ci, que j’eus beaucoup de
peine à y déterminer, consentit enfin à se présenter. Le roi
George s’approcha de lui et l’embrassa tendrement, ce que firent
aussi sa mère et Maounga; après quoi il adressa un
long et éloquent discours à Bryan Borou et à Mac-Marragb ,
pour les prier, à leur arrivée dans la Tamise, d’informer leurs
amis que lui et les cbefs du Nord n’avaient pas oublié la perte
de Pomare, et que son intention était de partir pour leur pays
dès que la récolte des patates serait rentrée, c’est-à-dire au
mois de janvier suivant, pour tirer vengeance de la mort de
Pomare et de plusieurs autres de ses amis, qui avalent été tués
dans la bataille livrée Tannée précédente. Il avoua en même
temps que la bataille dans laquelle Pomare avait péri s’êtalt
donnée en plein jour; qu’il n’y avait pas eu de trahison nocturne,
et que tout s’était passé loyalement. Il fit ensuite présent
à Bryan Borou de quelques corbeilles de patates, Tassuranl
qu’il avait la plus grande estime pour son père, et qu’il était
extrêmement peiné que les lois de -la Nouvelle-Zélande l’obligeassent
à rechercher sang pour sang , et à faire la guerre aux
amis de ce jeune prince.
On sera bien aise de trouver ici comment les naturels
PIÈCES .1U.STIFICATIVES. 7Ü5
de Korora-Reka racontèrent à M. Dillon les circonstances
qui causèrent et suivirent la mort de l ’infortuné capitaine
Marion. ( T . / , pag. 200 et suiv.)
Maounga (qui a pris le nom de King-Charley) ayant mentionné
le nom de Marion , je jugeai à propos de m’enquérir
des circonstances qui avaient amené le massacre de ce navigateur
dans la baie même où je me trouvais. Voici ce que j’appris
: le capitaine Marion, dans le cours d’un voyage de découvertes,
relâcha à la baie des Iles, où ses bâtimens jetèrent
l’ancre à un endroit nomméaujourd’bui la Baie-du Vaisseau, et
situé derrière Tîle de Paroa, Tune de celles qui bordent la
côte depuis le cap Brett jusque vers la pointe de Tapeka. La
reine Touroulou dit qu’elle se souvenait parfaitement bien du
massacre; qu’il y avait à bord du bâtiment de Marion une
femme européenne nommée Micki* , laquelle avait avec elle
un enfant; mais je ne pus Comprendre de quel sexe il était.
Micki était descendue à terre à Paroa pour laver du linge, et
des gens de la tribu de 'Wangaroa lui en dérobèrent différentes
pièces. Une rixe s’éleva ensuite entre les matelots et les naturels
, au sujet de quelques poissons pris dans un filet. Micki
fut très-effrayée et se sauva à bord du vaisseau dans un des canots.
Sur ces entrefaites, le capitaine Marion, ignorant ce qui
se passait, était descendu à terre; il fut tué.
La nouvelle de cet événement ne tarda pas à arriver aux
vaisseaux, et deux cents hommes débarquèrent armés de fusils.
Les naturels, se fiant sur leur nombre, leur firent face hardiment.
Le patou-patou et le javelot n’avaient pas beau jeu contre
les balles de fusil, et les gens de Wangaroa, qui tombaient
par douzaines, ne concevaient pas comment cela arrivait, ne
pouvant apercevoir Tobjet qui les blessait. A la fin ils s’enfuirent
sur la grande terre et prirent poste dans un endroit for-
* Il faut peutfotre lire Maikl, nourrice, en langue du pays,
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