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serait très-courroucé ; il ferait passer cette pierre au travers de
mes côtes; il la ferait entrer dans mon coeur, et je mourrais.
Tel que je suis, continuait-il, il y a des balles dans mon corps,
une dans mon bras, une autre dans ma cuisse et une troisième
dansmon gosier. » Je tâcbai de lui faire entendre raison sur une
croyance aussi absurde ; mais il était si superstitieux qu’il se
montra sourd à tout ce que je dis à ce sujet. Quand je l’eus
saigné, il dit ; « Là, c’est bon. Maintenant il y a un trou ; peut-
être l’Atoua permettra-t-il aux balles de sortir de mon corps,
et je vivrai. » Avant de continuer mon cbemin, je lui fis
bouillir un peu de tbé qu’il prit ; cela le rafraîcblt sensiblement
; son abattement disparut, et il se sentit beaucoup mieux.
Il n’y a rien dont un Nouveau-Zélandais soit plus reconnaissant
que les petits soins qu’on lui rend pendant qu’il est
malade. Tout ce que nous pouvons faire en ce genre, aux
ricbes comme aux pauvres, ne peut manquer de nous en faire
des amis.
i 5 mai. Aujourd’hui j’ai été témoin d’une scène telle que
je n’en avais jamais vue jusqu’à ce moment à la Nouvelle-
Zélande. Une foule de naturels sont venus dans l’établissement
et ont été fort turbulens. Du reste, ce n’était pas à nous
qu ils en voulaient, et leur conduite était justifiée par les coutumes
du pays. Un des jeunes gens de M. Baker était allé
dans l’intérieur, et pendant ce temps avait épousé une jeune
fille qui demeure cbez M. Clarke. Cette fille, depuis quelque
temps, avait été mise à part pour son beau-père; en conséquence
, elle ne pouvait épouser personne autre sans s’exposer
non-seulement elle-même à la mort, mais aussi son mari.
Après s’être mariés, ils revinrent à Kidi-Kidi. Deux jours
après, la tribu entière vint pour emmener l’épousée, et pour
donner a l’époux une sévère correction : ils n’osèrent pas se
porter à de plus grandes rigueurs à cause du rang dont il
jouit parmi eux. Les naturels se montrèrent fort indisciplinés
en cherchant la mariée ; la présence de Rewa ne put les empêcher
de sauter par-dessus nos palissades, et de courir tout
au travers de nos propriétés pour découvrir où la femme s’était
cachée. A la fin, ils trouvèrent sa retraite, la battirent, et
l’emmenèrent en triomphe avec eux. Ensuite tout se passa
très-bien ; mais l’affaire aurait pu devenir sérieuse, car le frère
de la fille l’ajusta avec son fusil, et allait lui brûler la cervelle
si un ami ne lui eût arraché son arme. Elle ne sera pas maltraitée
davantage ; mais je ne sais pas si on lui permettra de
retourner avec son mari, ou bien si on la réservera pour son
beau-père.
1 " et 3 juin. Une troupe considérable est venue du Sud
pour rendre visite à Rewa. En leur faisant la politesse habituelle,
son fusil a crevé et sa main a été grièvement blessée.
En conséquence de cet événement, tous ses vivres, ses couvertures,
et ses autres possessions, lui ont été enlevés par ses
amis, comme une marque de leur mépris.
n et 12 juin. J’ai visité les habitans de Waï-Mate. Il s’y
trouvait une foule de naturels qui s’y étaient rassemblés de
toutes les parties de Tîle, pour prendre part au festin donné
par le peuple de Waï-Mate à l’occasion de la translation des
os de Patou. J’eus là une excellente occasion de leur adresser
la parole , et ils se montrèrent tous attentifs.
E X T R A IT S DU JOURNAL DU R E V E R EN D W . W IL L IAM S .
2 juin. Rewa s’est blessé grièvement la main avec un fusil
dont le canon a crevé. Il était nécessaire d’amputer trois
doigts, et je lui proposai de lui faire l’opération; mais les
naturels étaient si superstitieux que chacun d’eux s’y opposa.
On me donna même à entendre que, si je lui avais taillé la
main, une troupe d’étrangers qui venaient d’arriver du Sud
auraient probablement été taillés en pièces par la tribu de
Rewa, en expiation de l’accident qui lui était arrivé.
Dimanche 2i juin. Le malin esprit est aux aguets, surtout
maintenant, pour aigrir les naturels contre nous au sujet de