quence il se soumettait. Il demanda à Temarangai s’il pouvait
lui donner quelques nouvelles de sa femme et de ses enfans.
Celui-ci lui apprit qu’ils étaient dans le camp , et que s’il voulait
l’accompagner, ils seraient remis sains et saufs entre ses
mains. Warou témoigna à Temarangai sa reconnaissance de ce
qu’il avait épargné leurs vies, et l’accompagna au camp, où sa
femme et scs enfans lui furent aussitôt remis. Ilfit observer que la
mort de son père l’avait rendu fort malbeureux, et supplia Temarangai
de lui donner quelque cbose en dédommagement de
cette perte. Temarangai lui donna un mousquet qui le satisfit,
et les autres cbefs lui firent quelques présens. Ensuite Warou
retourna cbez lui avec sa femme, scs enfans et ses amis qui
avaient été en sûreté sous ^a parole d’bonneur de Temarangai.
Celui-ci m’apprit que les vainqueurs restèrent trois jours sur
le cbamp de bataille , v i^ n t de la cbair de ceux qui avaient
été tués , et firent ensuite voile avec leurs prisonniers et les pirogues
de Warou, pour la baie des Iles, où ils arrivèrent trois
jours après h Dromedary.
Quand j ’eus pris note du récit de Temarangai, il me demanda
SI je comptais l’envoyer en Angleterre. Je lui dis que
je le ferais. Il témoigna 1a crainte que quand ces choses seraient
publiquement connues en Europe, il ne fût mis à mort
lorsqu’il irait par la suite sur un navire anglais. Je lui assurai
que la coutume de manger la cbair bumaine était condamnée
par toutes les nations, et que, sous ce rapport, les Zélandais
étaient redoutés partout; mais en même temps que les Européens
ne le tueraient point à cause de cette coutume. Il convint
qu elle était tres-mauvaise, mais il ajouta qu’elle avait été
de tout temps pratiquée à la Nouvelle-Zélande.
On me permettra de remarquer ici que je notai les particularités
de cette affaire, tandis que j’étais assis sur la hauteur, et
qu’à mon retour sur le Coromandel, je revis mes notes, avec
Temarangai à mes côtés, afin de rapporter les faits, d’après
ses propres expressions, aussi correctement qu’il m’était possible.
Quand nous eûmes fini cette intéressante conversation, nous
descendîmes de la colline au village ; nous visitâmes d’abord
la résidence du cbef principal, Nene , dont la femme nous fit
un accueil cordial; elle destina une de ses meilleures cabanes
à notre usage , et une natte neuve pour me servir de lit.
Une grande abondance de provisions fut aussitôt préparée
pour toute notre bande, et nous passâmes le reste de la soirée
fort agréablement. La plupart des babitans vinrent nous voir.
Il y avait un grand nombre de femmes et d’enfans, mais beaucoup
d’hommes étaient à la guerre. Je fis mettre tous les enfans
sur une file, et leur donnai à cbacun un hameçon , qu’ils reçurent
comme un grand cadeau. Je fis à la femme de Nene
un présent de quelques outils pour son mari lorsqu’il reviendrait
de la guerre.
Aucun navire , à ma connaissance, n’a visité la baie Mercure
depuis le capitaine Cook. Il y avait là un vieux chef que
je vis et qui se rappelait fort bien le passage de ce navigateur.
Les naturels manquent d’outils de toute espèce, ne
recevant jamais la visite des Européens. On pourrait s’y procurer
des provisions pour les navires, car il y a quantité de
patates et de porcs.
Nous demandâmes à la femme de Nene des nouvelles de
Warou. Elle nous apprit qu’il était parti pour la guerre, mais
que son frère Ware était cbez lui. Ces deux cbefs étaient les
adversaires de mon ami Temarangai ; il m’engagea alors à voir
Ware et à opérer entre eux une réconciliation définitive. Il
ne l’avait pas vu depuis le jour du combat. Je lui promis
de rendre visite à Ware le lendemain matin, et de voir ce
qu’il dirait; ce qui parut apaiser l’esprit de Temarangai. Je
lui demandai s’il ne craignait pas que Ware ne se prévalût de
son avantage, maintenant qu’il était seul. Il répondit qu’il
n’en avait pas de crainte ; mais qu’il désirait avoir une occasion
de parler de leurs querelles passées, et qu’il pensait que si je
parlais à W are , il serait aisé d’effecluer une réconciliation.
22 juillet. Ce matin de bonne beure, nons eûmes une quan