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s.ins l’autorité de son père qui s’y opposa; et une femme de
Ran gui-Hou, bien connue dos missionnaires, fit successivement
périr trois enfans du sexe féminin au moment même
qu'ils venaient au monde.
Cet acte barbare s’opère par la mère elle-même qui enfonce
son doigt dans la partie du crâne nommée \a fon ta n e lle sutVeu-
fant nouveau-né , et cause ainsi sa mort d’une manière immédiate.
Bien que l ’infanticide ait lieu lorsqu’il y a excès de fille s ,
pourtant dans leur manière d’élever les enfans, dans la tendresse
remarquable et les soins attentifs que leur prodiguent
ies parens, on n ’a jamais observé de leur part aucun exemple
de partialité pour le sexe ; mais comme les bommes constituent
la force et l’importance d’une tribu , la naissance d’un garçon
esl saluée avec orgueil et ravissement par la communauté; il
reçoit le nom d’un oiseau, d’une riv iè re , d’une île , ou bien
de quelque partie du corps bumain; son front est orné d’une
guirlande des baies rouges d’un arbre nommé kara-manga,
qui passe pour posséder des vertus particulières, et les personnes
de sa tribu profèrent sur lu i des p r iè r e s , afin qu’il soit
f o r t , agile ù la course et invincible au combat. L ’enfant n’est
pas plutôt sevré qu’une grande partie de son éducation est dévolue
aux soins du père; il apprend à passer ses bras autour
du cou de son p è re , et à rester ainsi des journées entières, endormi
ou é v e illé , suspendu aux épaules et recouvert de la
natte de sou père, et il en devient le compagnon fidèle dans
ses plus longs voyages ou dans ses occupations les plus pénibles.
Si Tenfant est un garçon , dès Tâge le plus tendre on lui
enseigne Tusage des armes, la danse de gu e r re , comment il
faut manoeuvrer une pirogue et réciter le chant qui accompagne
cette manoeuvre, il apprend enfin à suivre son père et à l’aider
dans ses excursions. Le premier succès du jeune homme à la
guerre est considéré comme un beureux présage de ce qu’il
fera par la suitCj^Diph'o, fils de S h ongui, pour avoir tué
d un coup de fusil un bomme au cap N o rd , avant d’avoir atteint
sa quatorzième année, avait acquis une grande influence
dans sa tribu.
La pluralité des femmes parmi les chefs est générale ; mais
il y a une distinction décidée entre la principale femme et les
autres. L ’union d’un chef avec sa principale femme esl politique
: elle est la fille d’un chef, .sinon supérieur, au moins égal
pour le rang à Tbomme qu’elle épouse ; et le fruit de cette union,
quant au droit d’hérédité, a le pas sur les enfans des autres
femmes, qui ne sont guère que des servantes, par rapport à
cette première femme. L ’ordre de succession marcbe du frere
au frère et retourne au fils aîné du frère aîné. Les femmes in -
férieuressont souvent choisies parmjles prisonnières de guerre;
mais dans ce cas leur flétrissure disparaît devant le rang du
mari, et les enfans naissent rangatiras ou gentlemen.
L ’infidélité dans la femme d’un chef est quelquefois punie
par la mort des deux coupables ; mais il y a bien des cas où le
grand pouvoir du père de la femme a empêché le mari de sc
porter à cette extrémité.
Dans le cas d’une mort violente ou prématurée pour le mari,
c’est la coutume du pays que la femme principale se pende.
Les naturels nous ont désigné et nous ont fait observer comme
des lieux sacrés ceux où ce dernier témoignage de dévoûment
conjugal eut lieu de la part de la femme de Doua-Tara , sous
la protection immédiate de qui les missionnaires s’établirent
pour la première fois à la Nou ve lle -Z é land e , et de la part de
la femme du frère de T ep ere, qui fut tué dans une bataille près
de Wan ga roa .
Lorsqu’un chef conçoit quelque goût pour une femme , les
inclinations de celle-ci sont rarement consultées. On a vu des
cas où la femme a été enlevée avec une violence brutale par
son futur et avec une résistance apparente de la part de scs parens
; mais un arrangement amical ne tardait pas à suivre cctle
action. Même pour le choix de la femme principale, le consentement
seul du père suffit.
D ’après tout ce que nous avons pu apprendre de leurs guer