je découvris un feu qui étincelait comme une étoile, paraissant
et disparaissant à courts intervalles. C’était le signal que le
village était proche ; Wiwia était resté un peu en arrière, et
je marchais avec nn de ses officiers. Avant d’entrer dans le
village, il héla les habitans, et leur annonça mon arrivée.
Plusieurs de ces gens avaient visité l ’Active.
Nuit passée à Waï-Kadi.
Je cheminai vers l’endroit où j ’avais vu la lumière, pour
me procurer nn abri contre la pluie. Aussitôt que je fus arrivé
h la butte, je m’y introduisis par une petite porte de deux
pieds buit pouces de haut. J’y trouvai plusieurs femmes et des
enfans, avec quelques serviteurs de Wiwia. Au centre de la
butte se trouvait un petit feu fait d’une poignée de branches
allumées, autour desquelles les enfans tout nus étaient couchés.
Quelquefois ce feu flambait un moment, puis il s’étei-
gnait. La cabane était plus remplie de fumée qu’une cheminée,
car elle n’avait d’autre issue que la petite porte. Cet étrange
groupe de naturels fut charmé de me voir. Je quittai tous mes
vêtemens , car j’étais excessivement mouillé et tout transi.
Les enfans coururent obercber un peu de bois à brûler. Wiwia
m’apprêta deux nattes propres, pour m’envelopper et me servir
de lit, et un morceau de bois pour oreiller. Les femmes et les
enfans s’occupèrent de ranimer le feu et de sécher mes bardes.
Je trouvais la fumée très-gênante, mais je pensai qu’il serait
plus prudent de tolérer cet inconvénient que de m’exposer à
gagner un refroidissement en dormant dans une cabane sans
feu. Wiwia me dit qu’il ne pouvait rester dans celle-ci à cause
de la fumée; comme je ne voulus point la quitter, il se retira
dans une autre cabane à lu i , et me laissa avec ma société qui
m’entretint une grande partie de la nuit, me parlant de ses
chefs et de leurs intérêts. Les enfans et les femmes furent
très-polis et très-attentifs, et firent tout ce qu’ils purent pour
rendre ma situation agréable.
Quand ces sauvages dorment, ils s’étendent par terre avec
une légère couverture, quelques-uns même n’en ont pas. Un
arbre est placé au centre de la cabane et dans toute sa longueur,
qui est de trente pieds environ. Les naturels se couchent
de chaque côté de Tarbre ou la tête appuyée dessus.
Alors je n’avais avec moi ni Européens, ni d’autres hommes
que ceux de Wiwia. Mon but était d’acquérir sur le caractère
de ces naturels une connaissance aussi exacte qu’il m’était
possible, tandis que j ’étais dans leur pays; et je ne pouvais le
faire quelquefois qu’en sacrifiant les douceurs et les avantages
de la vie civilisée. Je n’avais aucune appréhension pour ma
sûreté personnelle, car je n’avais jamais reçu la moindre insulte
d’aucun d’eux.
Traitement des malades.
Vers minuit, Wiwia vint à ma hutte, et me dit qu’une
de ses femmes était fort mal, ainsi que son petit enfant; il
avait peur qu’elle ne mourût, et il m’invita à prier pour elle
dans la matinée ; ce que je lui promis de faire. Il semblait
s’intéresser vivement à cette femme. J’avais entendu une personne
pleurer amèrement durant la nuit, comme si elle eût
été très-faible et souffrante; et parfois un petit enfant pleurait
aussi. Le matin, de bonne heure, je me levai et visitai la
pauvre femme. Je la trouvai couchée avec un petit enfant de
trois jours, exposée en plein air, et n’ayant pour tout abri
qu’un mince entourage de roseaux contre lequel le vent et la
pluie venaient battre. C’est là qu’elle avait passé toute la nuit,
malgré la tempête. Elle était d’une pâleur effrayante, et semblait
près d’expirer. Je lui adressai quelques paroles. Elle parlait
à peine, mais elle sourit faiblement, et parut reconnaissante
de mon attention pour elle. Je m’agenouillai près d’elle,
avec Wiwia et quelques-uns de ses gens, et offris mes supplications
au Père des miséricordes en sa faveur. Elle comprit le
sens de ma prière sans en connaître les paroles, car les Nou