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de fer. Tandis que tout cela se passait, nous fûmes retenus
dans la pirogue ; mais à la fm, quand le soleil fut couché, ils
nous conduisirent à terre dans uu de leurs villages, où ils nous
attaclièrent à plusieurs petits arbres. Le maître avait rendu le
dernier soupir avant que nous fussions à terre, de sorte qu’il
ne restait plus que douze de nous en «vie. Les trois corps
morts furent alors emportés et pendus par les pieds à la branche
d’un arbre, afin que les chiens ne pussent pas y toueber.
Une quantité de grands feux furent allumés sur le rivage pour
éclairer les pirogues qui ne cessaient d’aller de terre au navire,
et du navire à terre, durant toute la nuit, bien qu’il ne cessât
de pleuvoir la plus grande partie du temps.
» Lecteur compatissant, s’écrie Rutherford, considère maintenant
la triste situation où nous étions réduits ; notre navire
perdu, trois de nos compagnons déjà massacrés, et le reste
d entre nous atta<¡bés chacun à un arbre , épuisés de faim , de
froid et d humidité, et sachant que nous étions entre les mains
de cannibales. Le lendemain matin je remarquai que le ressac
avait fait passer le navire par-dessus la barre ; qu’il se trouvait
alors à Temboucbure de la rivière et échoué près de l’extré-
mitè du village. Tout ce qu’il contenait ayant été emporté,
vers dix heures du matin les sauvages y mirent le feu; ensuite
ils se rassemblèrent tous dans une pièce de terre inculte près
du village, où ils restèrent quelque temps debout; mais, k la
fin , ils .s’assirent tous , k l’exception de c in q , qui étaient les
chefs, pourlesquelson réserva une grande place au inilleudel’as-
semblée. Les cinq chefs, au nombre desquels était Emaï, s’approchèrent
de l’endroit où nous étions ; après s’être consultés
quelque temps ensemble, Emaï me détacha, ainsi qu’un
autre de mes camarades, et nous ayant conduits au milieu du
cercle, il nous fit signe de nous asseoir, et nous obéîmes. Quelques
minutes après, les quatre autres chefs vinrent aussi dans
le cercle, amenant avec eux quatre autres de nos hommes,
qu’on fit asseoir par terre entre nous. Alors les cbefs marchèrent
en avant et en arrière dans le cercle, avec leurs mere à la
main , et ils continuèrent de parler ensemble durant quelque
temps, mais sans que nous comprissions ce qu’ils disaient. Durant
tout ce temps le reste des naturels garda un profond silence
; ils semblaient écouter leurs ebefs avec une grande
attention. A la fin, un des cbefs parla à l’un des naturels qui
était assis par terre; celui-ci se leva sur-le-champ, prit :i la
main son easse-tctc, et alla tuer les six hommes qui étaient liés
aux arbres. Les malheureux jetèrent plusieurs fois des cris
en luttant contre les dernières souffrances de la mort; e t, à
cbaque c ri, les naturels poussaient de longs éclats de rire.
Nous ne pûmes nous empêcher de pleurer sur le triste sort de
nos camarades, sans savoir, en même temps, si notre tour n’allait
pas venir tout de suite. Plusieurs des naturels , en
voyant nos larmes, se mirent à rire et nous montrèrent leurs
mere.
» Quelques-uns d’entre eux creusèrent alors buit grands trous
de forme ronde, d’environ un pied de profondeur cbacun;
ils y jetèrent ensuite une grande quantité de bois sec et le couvrirent
de beaucoup de pierres. Ils mirent le feu au bois, qui
continua de brûler jusqu’à ce que les pierres fussent chauffées
à rouge. En même temps quelques-uns d’entre eux étaient
occupés à dépouiller les corps de nos compagnons morts; après
les avoir d’abord lavés dans la rivière, ils les coupèrent par
morceaux pour les faire cuire ; puis ils les portèrent sur plusieurs
branches vertes qui avaient été arrachées aux arbres et
étendues par terre, près des feux, pour cet objet. Les pierres
une fois chauffées à rouge, les plus gros morceaux de bois enflammés
furent retirés de dessous les pierres et jetés au large; des
branches vertes, après avoir été d’abord trempées dans l’eau,
furent placées tout autour des pierres, tandis qu’on les couvrait
avec quelques poignées de feuilles vertes. Les morceaux
de cbair furent ensuite placés sur ce las de feuilles, et une
quantité d’autres feuillesles recouvrirent ; après quoi une natte
en paille fut étendue par-dessus chaque trou. Enfin, trois pintes
d’eau environ furent répandues sur chacune de ces nattes ,