qu’aucun d’eux ne fût insulté, quand ils se trouvent à bord.
Avant cette époque , j ’avais souvent eu des entretiens avec
les cbefs au sujet de la perte du Boyd ; et je leur avais représenté
l’injustice de mettre .à mort l’innocent avec le coupable,
comme avaient fait en ce cas ceux de Wangaroa. Ils convenaient
parfaitement que le coupable seul devait être puni ; et
ce qui me fit le plus de plaisir, fut de voir que Toupe inculquait
fortement cette même idée dans l’esprit des naturels , en
leur recommandant de ne maltraiter personne à bord du Jefferson
, que l ’bomme qui avait commis l’offense.
Retour à Rangui-Hou.
Tous les différends étaient apaisés, j ’attendais l ’arrivée de
r Active, qui fut bientôt en vue et vint mouiller non loin du
Jefferson. Nous comptions prendre notre eau en cet endroit,
puis nous rendre à l ’établissement de Rangui-Hou.
Tandis que J Active prenait sa cargaison à K aw a -K aw a ,
nombre de femmes venaient chaque jour à bord. Je leur disais
que je ne permettrais à aucune d’elles de rester durant la nuit
à bord, .à moins qu’elles ue fussent avec leurs maris. Chaque
soir on faisait la visite, et si l’on trouvait quelques femmes
sans leurs maris, on les renvoyait à terre , quelquefois assez
mécontentes.
Durant mon séjour à bord du Jefferson, je reconnus parmi
les femmes plusieurs de mes vieilles connaissances. Elles riaient
et me disaient qu’elles n’étaient pas à bord de VActive maintenant,
et que le Jefferson n’était pas taboué; que quand la
nuit venait, sur ce vaisseau il n’y avait point de, Maï-auta ,
signifiant littéralement qu’il n’y avait point d’ordre de s’en
aller. Je leur répondis que j ’étais fort mécontent du maître et
de l ’équipage , de ce qu’on leur permettait de rester toute la
nuit sur le navire.
Le jour suivant, j’accompagnai M. Kendall à Rangui-Hoii
dans la baleinière du Jefferson.
{Missionnary Register, déc. , pag. 5oo.)
C A R A C T E R E E T M A LA D IE DE D O D A -T A R A .
Je trouvai Doua-Tara très-mal. C’était un véritable contretemps
pour moi. Je voulais le voir, mais la superstition
des naturels ne me le permit point. Ses gens lui avaient donné
une garde et ne souffraient pas que personne approchât de lui.
11 était si ma l, qu’on s’attendait à le voir mourir incessamment.
Je les suppliai à plusieurs reprises et durant deux ou
trois jours de m’admettre près de lui; mais ils avaient taboué
l’enclos où il était couché, et n’osaient permettre à personne
d’y pénétrer. J’en fus très-mortifié, et je compris qu’il ne devait
rien boire ni manger durant cinq jours. Je retournai aux
personnes qui en prenaient soin : elles ne consentirent à me
parler qu’au travers de la palissade , et me refusèrent de nouveau
tout accès. Je leur dis alors que j ’allais conduire VActive
près de la ville et la faire sauter s’ils ne voulaient pas m’admettre.
Ils répondirent que j ’étais maître de le faire si je le
jugeais convenable. Voyant que je ne pouvais ni les persuader
par mes prières, ni les intimider par mes menaces, je m’adressai
au cbef, neveu de T ep abi, qui possède la plus grande influence
et l’autorité principale dans cet endroit; je lui dis
comment on m’avait refusé durant plusieurs jours l’accès près
de Doua-Tara, ajoutant que ce chef n’avait ni vin, ni thé,
ni sucre, ni viande, ni pain, toutes choses auxquelles il était
habitué, et que, s’il ne prenait point de ces alimens, il
allait mourir. Je lui déclarai en outre que j’étais décidé à tirer
avec les gros canons de VActive sur la ville, dès que je serais
de retour à bord. Il témoigna son regret de ee qu’on n’avait
pas voulu me laisser voir Doua-Tara , et me pria de venir
avec lui, pour voir ce qu’il serait possible de faire. Quand il fut
près de l’enclos , il parut Irès-alarmé, marcha à pas trè.s-lents,
et se parla à lui-même, comme s’il redoutait quelque jugement
de la divinité : il fit des signes à quelques-uns des gardes
qui lui parlaient au travers des palissades, leur représenta l’ef