dans le panier d’où il l’avait tirée. Les traits de eette tête
étaient aussi réguliers qu’.à Tétat de v ie , et quoique la fille
fût une personne formée, la tête de son père semblait avoir
appartenu à un bomme jeune et vraiment beau.
A quelques toises de cette scène d’borreur était un prisonnier
que le partage du butin avait séparé de sa famille captive
eomme lu i; il pressa le nez d’un enfant contre le sien, tandis
que scs femmes, assises autour de lu i, s’unissaient à ses lamentations,
et pratiquaient avec une coqu ille , sur leurs personnes,
la même opération que la jeune fille venait d’exécuter.
Les esclaves sont assujettis parleurs maîtres à des travaux pénibles;
ils sont nourris comme le re ste de 1a famille, sans avoir
cependant le droit de manger avec les personnes libres, et
leur existence est toujours fort précaire. Quand un membre
de la famille d’un cb e f vient à mourir, un certain nombre
d esclaves, proportionné au rang de la personne, sont sacrifiés
pour apaiser l’esprit du mort. On nous montra une femme
qui avait été deux fois désignée pour un pareil sacrifice;
mais chaque fois instruite d’avance du sort qui l ’attendait, elle
s’y était soustraite en se cachant dans les bois jusqu’.à la fin des
cérémonies.
Leur manière d’infliger la mort en pareil cas est peut-être
Tune des coutumes les plus humaines du pays : l’existence de
la victime est terminée par un coup sur la tê te , asséné par un
casse-tête en pierre nommé mere. L ’exécuteur chargé de cet
office par la tribu ne peut s’y refuser, et la victime est immolée
sans qu’on lui fasse connaître le sort qui lui est réservé.
( Page 48. ) Le corps (d’un m o r t) était d’abord enveloppé
de nattes, mais K o ro-K oro le tira de la pirogue où il était déposé
et le dépouilla. Les tempes étaient ceintes d’une guirlande
de feuilles, et les cheveux ornés de plumes d’albatros;
les genoux étaient rapprochés dn corps, et la tête appuyée
dessus. Le ventre était affaissé, et les entr.ailles en
avaient été certainement retirées, bien qu’on n’aperçût au-
cnne marque d’incision; les membres avaient été r,acornis
par suite du procédé employé pour empêcher la putréfaction ,
dont il n’y avait pas la plus légère apparence malgré le temps
considérable qui s’était écoulé depuis que l’individu était mort.
(P a g . 5o .) L a coutume de conserver les têtes des vaincus
est universelle parmi ces insulaires ; ils les portent avec eux à
la guerre, d’abord comme trophées, puis en cas de p a ix, pour
les rendre au parti à qui elles ont été enlevées, l ’échange
mutuel des têtes étant toujours un des premiers articles de
leurs traités. Maintenant ils les vendent aux Européens pour
des bagatelles.
(P a g . 7 7 . ) Wanga roa est un lieu romantique d’une beauté
singulière. Près de la pointe du nord est un gros rocher percé
qui présente l’aspect d’une arcade gothique ; la mer roule ses
flots au travers, et d’un temps calme les canots peuvent y passer.
L ’entrée de Wangaroa n’a pas plus d’nn demi-mille de
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