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Pomare était en ciFet p arti, avee plus de deux mille hommes
tous armés, pour les bords de la rivière Tamise , afin.de
faire couper mon bois. A leur arrivée, ils trouvèrent que j’avais
mis à la voile pour le port où j’étais en ce moment avec
le Research. En conséquence ils remontèrent la Tamise dans
leurs pirogues jusqu’au point où cette rivière cesse d’être navigable;
de bà ils avaient traversé par terre le pays de Borou,
et y avaient été reçus d’une façon très-hospitalière. Pomare
avait alors invité avec instance les gens de la tribu de Borou à
l’assister dans une invasion qu’il projetait du pays de W a ï-
Kato , mais les Borou l’avaient refusé, et l’avaient prié de retourner
paisiblement sur son territoire. En conséquence il redescendit
la rivière pour gagner les îles Barrière, rendez-vous
général de ses forces. Là , un de ses chefs nommé Tawaï déclara
qu’il ne s’en retournerait pas sans avoir tué quelqu’un ,
parce qu’il avait la plus grande envie de faire nn repas de
cbair bumaine. Tawaï s’en fut donc débarquer sur la grande
terre, mais une troupe d’hommes du canton, qui avaient
soupçonné son dessein, était en embuscade près du rivage, et
le tua ainsi que tous ses guerriers.
Pomare attendit pendant quelques jours le' retour de Tawaï;
ne le voyant pas revenir, il en conclut qu’il lui était arrivé
quelque accident, et il alla à sa recbercbe. En pénétrant avec
sa pirogue dans une crique étroite, dont les bords étaient
très-escarpés, il fut subitement as.sailll par une décharge de
mousqueterie accompagnée d’une grêle de flèches et de pierres
que lançaient sur lui un parti embusqué des deux côtés de la
crique. Avant que les gens de Pomare pussent atteindre aux
endroits commodes pour débarquer, ils furent presque tous
tués. Il n’y eut que lui, son fils aîné et quelques-uns des siens
qui purent mettre pied à terre. Pomare reçut une balle dans
la cuisse et tomba sur un genou; alors les ennemis accourureux
habitans de la baie S liou ra li, déjà si maltraités par ceux de la baie des
Iles.
rcnt en masse pour l’attaquer; il en tua deux avec son fusil
double; mais, avant d’avoir pu recharger, il fut tué lui-même,
et on lui coupa la tête.
Ainsi périt Pomare, sous les coups d’ennemis dont il n’avait
pu reconnaître la présence que par les soudains et terribles
effets de leurs fusils et de leurs javelots. Ses ennemis conservèrent
sa tête, mais ils dévorèrent son corps, ainsi que celui
de son fils aîné qui était mort en combattant avec intrépidité
aux côtés de son père.
Les deux fils de Pomare qui me racontaient la mort de leur
père étaient aussi présens à cette affaire. En cherchant à fuir
pour gagner la côte, ils avaient été faits prisonniers. L’un
d’eux était grièvement blessé de trois coups de bacbe. On les
emmena dans l’intérieur où on les vendit comme koukis ou
esclaves. Le père de Bryan les délivra de servitude peu de
temps après, et leur fournit une pirogue avec des vivres
pour les mettre à même de retourner cbez eux, en les priant
de ne pas oublier cet acte de bonté, si son fils arrivait dans
leur bâvre.
Bryan ne contesta pas la probabilité de leur bistoire ; mais
on ne put le déterminer à débarquer avec ces jeunes gens.
( Tome /, page zSy.) J’ai souvent eu des entretiens avec les
sauvages. Ils m’ont tous dit que la première fois qu’ils avaient
vu des Européens, ils les avaient supposés descendus des nuages
, et s’étaient figuré qu’ils ne pouvaient avoir d’autre dessein
, en venant dans leur pays , que d’enlever leurs provisions
et d’emmener leurs femmes et leurs enfans en esclavage. Cette
idée était fondée sur l’babitude générale de ces insulaires d’enlever
les femmes et les enfans de leurs ennemis dans leurs expéditions
guerrières, tandis que lorsqu’ils vont rendre une visite
amicale aux babitans d’une île voisine ou d’un pays étranger,
leurs femmes et leurs enfans les accompagnent d’ordinaire.
M. Dillon raconte aussi la visite que lui fit Shongui
à son retour à la Nouvelle-Zélande ; il est bon de rappeler
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