quantité de provisions pour nous traiter, et avait rassemblé
ses esclaves pour nous servir. Je remarquai sur ce pâ plusieurs
tombeaux peints, sculptés et ornés de plumes. Quelques
uns avaient coûté beaucoup de travail. L ’un d’eux, qui
était situé près de l’endroit où nous dînions, attira mon attention.
Je demandai à qui il était, et j’appris qu’une des femmes
du cbef, qui avait été tuée par une explosion de poudre à
canon , y était déposée. Au moment où nous arrivâmes, un
vieux cbef venait de mourir, et plusieurs personnes étaient
rassemblées pour pleurer sur son corps.
Après que nous eûmes dîné, nous prîmes congé de ce cbef
bospitalier et de sa femme, et dirigeâmes nos pas vers la résidence
de Wao, où nous comptions passer la nuit. Wao, moi-
même et trois de nos compagnons, y arrivâmes à l’entrée delà
nuit, très-fatigués, ayant eu à faire une longue journée de
marcbe. Nous ne revîmes le reste de notre bande que le lendemain
matin au point du jour. Ils s’étaient trouvés trop harassés
pour continuer la route et étaient restés en chemin.
ju ille t. Comme la marée nous favorisait pour descendre
la rivière, nous prîmes congé de ce beau jeune homme, qui
semble posséder toutes les qualités nécessaires pour devenir
un grand homme et un membre utile de la société, s’il pouvait
se procurer les moyens de s’instruire. Je l’invitai à venir à
bord dn Coromandel, et il accepta de bon coeur. Sa résidence
était éloignée du navire d’environ soixante-dix milles, suivant
mon calcul.
Réconciliation entre des chefs ennemis.
Lorsque je me vis de retour .à bord du Coromandel, où je
me retrouvai avec Inaki, je désirai m’acquitter de la promesse
que j’avais faite à Tepoubi, de tâcher d’arranger leur querelle.
Afin de juger le meilleur moyen à prendre pour atteindre ce
j® priai Inaki de m’exposer le motif de leur inimitié. Il
raconta que, quelque temps .avant leur démêlé, son père se
trouvait sur la rive orientale de 1a Tamise, dans une pirogue
qui chavira, et qu’il se noya, ainsi que tous les hommes de
1 équipage; il apprit plus tard que leurs corps, ayant été
entraînés au rivage, avaient été pris et mangés par Tepoubi
et ses gens. En conséquence de l’insulte faite aux dépouilles
de son père, il avait déclaré la guerre .à Tepouhi. Je convins
que, si le fait était vrai, la conduite de Tepouhi était très-
blâmable; mais en même temps, je leur fis observer qu’en
s’égorgeant les uns les autres, ils ne faisaient qu’accroître leurs
calamités; et je témoignai à Inaki le désir qu’il se trouvât avec
Tepouhi à bord du Coromandel, et qu’il voulût bien entendre
ce que l’autre aurait .à dire toucbant l’accusation portée contre
lui. Inaki consentit à cette proposition , et, le lendemain matin,
le capitaine Downie eut la complaisance d’envoyer dans
son canot M. Anderson pour prendre Tepoubi, qui revint
avec lui le jour suivant. Aussitôt qii’Inaki aperçut Tepouhi
dans le canot, il sauta dans une pirogue et s’en alla à terre.
Je commençai à craindre qu’il ne voulût point revenir. Quand
Tepouhi fut à bord, je lui fis connaître ce dont Inaki l’accusait
: il me dit qu’il savait bien qu’Inaki l’accusait, lui et son
peuple, d’avoir mangé son père et ses gens, mais que la charge
était fausse; que les corps n’étaient point venus au rivage,
mais avaient été détruits dans l’eau. Il ajouta que l’auteur de
ce rapport était l’xVriki ; ses esclaves et ceux de l’Ariki s’étaient
disputés au sujet d’un peu de paille et de coquilles. Il avait
pris le parti de ses gens, et l’Ariki avait défendu les siens,
d’où s’était suivie une querelle entre eux ; pour se venger,
1 Ariki avait propagé le rapport en question; Inaki et son
peuple, y ayant ajouté foi, lui avaient déclaré la guerre, et
avaient tué son frère et plusieurs autres guerriers de sa tribu.
Tepoubi n’espérait point qu’Inaki revînt à bord ou consentît
à entrer en arrangement avec lui. Toutefois, au bout d’une
heure environ, Inaki revint. Quand il monta sur le pont,
Tepoubi y était assis, et Inaki .alla s’asseoir du côté opposé.
Lun et l’autre restèrent long-temps sans ouvrir la bouche.
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