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514 PIÈC ES .ILSTl FICATIVES.
moyens. J’ai maintenant en crue cinq ou six acres de blé sur
nn très-bon terrain qui était couvert de bois il n’y a que doux
ans; mais la saison a été humide , et la terre étant maigre , la
récolte promet peu. Maintenant il y a peu d’apparence que
je puisse tenter aucune culture un peu considérable, non-
seulement parce que je ne puis trouver de bras pour travailler,
mais encore à cause de la répugnance qu’éprouvent les
naturels .à céder leurs terres. Quand j’acquis pour la première
fois de la terre à Kawa-Kawa, ils m’en promirent une grande
étendue qui était contiguë. Environ trois mois après , je m’adressai
aux babitans pour en acheter encore une acre, afin
d’équarrlr le territoire de la Société; mais ils s’y refusèrent de
la manière la plus péremptoire. Alors je leur rappelai la promesse
qu’ils m’avaient faite jadis de me céder une plus grande
étendue de terre; mais voici la réponse qu’ils me firent :
« Quand cette terre ne produira plus que des patates grosses
comme le bout de notre petit doigt, vous pourrez la prendre. »
Ils me signifièrent aussi que je ferais bien de demeurer à Mars-
den’s-Vale, et de ne point m’établir cbez euk, attendu que le
bétail que j’y mènerais avec moi ferait tort à leurs plantations
de patates douces.
— Pour le moment les besoins du Nouveau-Zélandais se
réduisent à peu de chose. Il lui suffit de nous apporter quelques
patates pour se procurer des outils; puis il choisit un
morceau de bonne terre dans un bols, abat les arbres, les
réduit en cendres, et plante son champ en patates ; il en porte
le produit à des navires, et les vend pour des mousquets et de
la poudre. En voilà assez pour en faire un grand personnage.
Comme les pommes de terre forment ce qu’ils appellent la
récolte d’hiver, à son retour du navire avec ses mousquets et
sa poudre , il commence à préparer sa terre pour une seconde
récolte, qui est généralement de patates douces.' Dès qu’elles
sont plantées, il dirige toute son attention vers la guerre, pour
avoir une occasion d’essayer son mousquet et de se faire une
réputation parmi ses compatriotes.
PIEGES JUSTIFICATIVES. 515
Les naturels des environs no nous ont apporté ni patates
ni porc à vendre durant ces six derniers mois, bien qu’ils en
eussent en abondance ; sans le secours du Herald, nous n’aurions
pas eu une patate à manger, et il eût fallu fermer nos
écoles qui donnaient tant d’espérances. Les naturels ne nous
apportent plus de bols à vendre comme de coutume; de sorte
que nous sommes obligés d’aller dans les bols couper nous-
mêmes celui dont nous avons besoin. La raison de cette conduite
de leur part est palpable. Les baleiniers fréquentent
régulièrement la baie pour acheter des cocbons et des patates
aux insulaires. Il y vient souvent des marchands pour acheter
le bois et les divers articles qui leur conviennent, et tous ces
marchés se font babituellement moyennant des fusils et de la
poudre. Quand un chef a deux ou trois outils d’une espèce, il
est satisfait, et il ne so soucie pas d’en avoir davantage pendant
un certain temps, à moins qu’il ne veuille faire des présens
à ses amis. Mais il en est tout autrement des fusils, un
chef n’est pas content que cbacun de ses guerriers no possède
une telle arme : 11 y a plus, je ne sais pas trop combien il
faudrait de ces armes pour satisfaire entièrement les désirs d’un
Nouveau-Zélandais. Maintenant ils en possèdent plusieurs milliers,
tant à la baie des Iles que dans la rivière Tamise. Les
peuples de la rivière Tamise ont dernièrement remporté une
victoire complète sur une troupe de naturels de la baie des
Iles, et ils sont aujourd’hui enflés de leurs succès. Sbongui est
dangereusement malade, et s’il meurt, nous ne savons pas
quel effet cet événement produira parmi les naturels; car il
est probable que plusieurs cbefs aspireront à lui succéder dans
son autorité. Les malheureux babitans de Kawa-Kawa et de
plusieurs autres endroits sont dans un état d’inquiétude et
de crainte sur ce qui pourra leur arriver si Shongui vient à
mourir. J’ai entendu dire qu’ils étaient convenus de n’acheter
rien autre chose que des fusils et de la poudre pour se préparer
à tout événement ; car ils s’attendent à combattre les uns
contre les autres à la mort de ce cbef.
SSII
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