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plètement les ravages de la vieillesse. Les têtes chauves sont
très-rares, et nous n’en avons vu qu’un seul exemple; plusieurs
hommes très-âgés descendent dans la tombe sans avoir
un seul cheveu gris. Benny, un des cbefs de la baie des
I le s , q u i, disait-il, était déjà un bomme fait lorsque le
capitaine Cook y pa rut, n’avait pas un seul cheveu gi-is sur la
tête.
Leur habillement consiste en une natte fabriquée avec du
lin du pays, qui est soyeux et fort beau , et adroitement tissu
par les femmes. Ils en portent une sur leurs épaules, tandis
qu’une autre du même tissu et de la même matière est soutenue
autour de leurs reins par une ceinture. En biver^ pour la
nuit ou les temps humides, ils emploient une sorte de natte
très-grossière, qu’ils nomment kakahou; elle est très-chaude ,
impénétrable à la pluie et assez large pour envelopper tout le
corps. Leur tête est toujours nue, même au plus fort de l’hiver,
ce qui explique les maux d’yeux auxquels plusieurs d’entre
eux sont sujets ; mais ces maux affectent rarement leur vue
qui est singulièrement perçante. L a femme du cbef Pomare
formait exception à cet avantage général. E lle demanda de
l ’eau pour ses yeux ; quand on lui en eut donné, elle remarqua
« que si elle ne voyait pas aussi bien que le reste de ses compatriotes,
au moins elle avait la satisfaction d’avoir cela de
commun avec le roi Georges; » faisant par-là allusion à notre
dernier monarque, le seul prince souverain dont le nom soit
connu de ces peuples.
Quand les hommes font des exercices v io len s, ils se mettent
tout nus et ue gardent que leurs ceintures, qu’ils ceignent très-
serrée autour de leur corps. L ’embonpoint dans cette partie du
corps est une cbose inconnue pour eux ; et quand ils le voient
cbez les Européens, ils le tournent en ridicule. Quand ils vont
a la guerre ou qu’ils désirent paraître dans toute leur beauté,
ils se peignent le corps en rouge avec une composition d’huile
et d’ocre; leurs cbeveux sont aussi huilés, réunis en touffe au
sommet de la lêle et ornés de plumes de mouettes ou d’alba-
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tros. Ordinairement ils portent aussi à chaque oreille une touffe
des plumes les plus cotonneuses de ces oiseaux.
Leurs oreilles sont toujours percées dès l ’enfance , particulièrement
chez les femmes. L ’ouverture en est graduellement
élargie au moyen des morceaux de bois qu’on a soin d’y passer
: plus elle devient grande , plus grand est l ’ornement qui
en résulte. L a classe supérieure y suspend la dent d’un poisson
fort rare sur cette eôte ; et les personnes autorisées à porter
cette distinction sont si pointilleuses sur ce chapitre, que les
koukis n’oseraient en aucune circonstance usurper ce pr ivilège.
Ils portent encore , attaché au cou avec une corde et pendant
sur la p o itr ine , un morceau de talc v e r t , sculpté , et
représentant une figure qu’on ne saurait appeler bumaine. Ils
y attachent beaucoup de valeur , non pas pour aucun motif
superstitieux, mais pour son ancienneté, et parce que c’est un
meuble héréditaire dans la famille. L ’habillement des femmes
est précisément le même que celui des hommes. Pour c eu x -c i,
la nudité en aucun temps, ni en aucun cas , n ’est regardée
comme indécente ; mais 11 est bien rare de voir les femmes
manquer à la pudeur sous ce rapport. Elles sont légèrement
tatouées sur la lèvre supérieure, au milieu du menton
et au-dessus des sourcils. Quelques-unes ont quelques traits
sur les jambes; une femme que l ’on vit à Shouki-Anga , et qui
passait pour être venue d’un lieu très-éloigné dans le Sud ,
avait sur la poitrine des dessins qui ressemblaient aux anneaux
d’une chaîne ; en o u tre , une des esclaves de Koro-K oro était
presque autant tatouée qu’un bomme. Les N o u v e lle s -Z é lan -
daises sont aussi belles que les femmes des parties méridionales
de l ’Europe, bien faites, et en général jolies. Avant le mariage,
le concubinage ne passe point pour un c rime, et ne porte
aucun obstacle à des engagemens plus respectables; mais après
le mariage, ce sont des épouses fidèles e l affectionées, etdes
mères passionnées pour leurs enfans. Elles supportent avec
la plus grande patience la conduite violente de leurs maris
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