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rms ne tinrent aucun compte des paroles des naturels. Quand
le Cossach en sortant passa sur la barre, le dieu des rocbers
se glissa sous le fond du navire : dans sa colère, il se mit à
danser, et fit bondir lo navire comme une balle. Le maître
laissa tomber les ancres; mais le dieu furieux coupa les ancres
(non pas les câble.s) au fond de la mer, et secoua ie navire
jusqu’il ce qu’il fot brisé en pièces. Le Cossach n’aurait point
éprouvé d’accident si les matelots „ ’avaient point provoqué
la iurcur du dieu des vents et des vagues en frappant les rocbers
sacrés. C’est une opinion généralement admise par les
Nouvcaux-Zélandais. Quand je visitai cette rivière et que j ’ap-
procbai de ces rocbers, ils me prièrent de ne point y toueber,
de crainte que je ne mourusse. Telle est la superstition actuelle
clc cc peuple.
Remarques sur le caractère des naturels.
J’ai eu une conver.saliou avec VFare-Porha sur l’état actuel
de la Nouvelle-Zélande. C’est un chef d’une grande influence,
e considéré comme un des plus braves guerriers de ce pays.
1 desire la paix, et m’a prié de parler à Sbongui à ce sujet.
Si S b o n p i voulait renoncer aux combats, la plupart des cbefs
de la baie des Iles semblent disposés à s’occuper de leurs cultures
et de leurs affaires domestiques. Leur intelligence s’accroît
par degrés; mais il leur manque un objet assez important
pour exercer leur activité et leurs capacités. J’ai recommandé
a plusieurs d entre eux de diriger leur attention vers la construction
d’un navire de cent vingt tonneaux environ , qui leur
servirait a entretenir une communication régulière avec Port-
Jackson. S’ils voulaient fixer leur attention sur l’agriculture
et le commerce, ces arts leur fourniraient une matière suffisante
pour occuper leurs esprits; ils accroîtraient par là tout
ensemble leurs besoins et les moyens d’y satisfaire. Jusqu’au
moment ou quelque cbose do ce genre aura été adopté, je
oe puis concevoir comment leurs guerres pourront avoir un
J
terme. Quand ils ont perdu un proche parent dans un combat
, leurs esprits s’appesantissent sur la mort de leur ami, car
ils n’ont rien pour les occuper. S’ils sont en état de venger
sa mort, ils tentent de le faire le plus tôt possible, sinon ils
songent à leur perte durant des années entières et ils en gardent
le deuil; enfin, s’ils peuvent nn jour en obtenir satisfaction,
tant qu’ils vivent ils n’cn laissent point échapper
l’occasion. Ils ne connaissent point l’oubli pour les outrages
qu’ils ont reçus ; pour eux , c’est un devoir envers leurs
parens défunts que de punir ceux qui ont causé leur mort,
quand bien même ils auraient succombé par les suites ordinaires
de la guerre. Si ces hommes avaient des rapports réguliers
avec les nations civilisées, et des objets d’une certaine
Importance pour occuper leurs ames, la force de leurs affections
naturelles et de leurs notions superstitieuses diminuerait
par degrés, et leurs ressentimens s’apai.seraient. Il faut espérer
que la génération actuelle aura des idées et des sensations
différentes, car elle sera mieux instruite des arts de la civili-
.sation et moins accoutumée à leurs babitudes guerrières.
— J’ai eu un long entretien avec Rcwa, le premier pour le
rang après Sbongui. Il avait appris que son frère avait été tué
dans le combat, et, si cette nouvelle était exacte, il se voyait
obligé d’aller venger sa mort sur-le-cbamp. Je lui représentai
les calamités de la guerre , et combien il vaudrait mieux pour
eux de cultiver les arts de la paix. Il répliqua que son coeur
était si brisé en songeant à son frère, qu’il ne pouvait pas se
consoler, et qu’avant d’éprouver aucun repos il fallait qu’il
eût satisfaction. Je lui dis que je croyais que les cbefs de la
baie dos Iles pourraient se réunir pour construire un bâtiment,
et que, dans ee cas, je leur ferais avoir nn permis de
navigation. Plusieurs d’entre eux désiraient aller à Port-Jack-
.son, et ils pourraient alors le faire quand cela leur plairait.
11 répondit que les cbefs ne pourraient jamais s’accorder pour
avoir un navire, car cbacun d’eux voudrait en disposer suivant
son gré ; il fit ob.server aus.si qu’ils ne permettraient jamais