doute qu’ils ne sc vengent avec la dernière fureur; mais je n’ai
point appris qu’ils aient été généralement les premiers agresseurs,
si jamais ils l’ont été. Ils ont au contraire, en diverses
circonstances incorrectement rapportées dans les journaux anglais,
beaucoup souffert de la tyrannie et de l’indigne conduite
de ceux q u i, pour le nom qu’ils portent, devraient se distinguer
par des scntimens de douceur et d’bumanité , avant d’en
venir à une funeste vengeance. Ou sait que le capitaine
Thompson avait fouetté Taara *, un des chefs de Wangaroa,
avant la destruction du Boyd. L ’île de feu Tepabi
à Tepouna avait été ravagée, les maisons consumées par le feu,
et plusieurs bommes, femmes et enfans tués à coups de fusil,
avant que des naturels massacrassent quelques marins du navire
New-Zcalander. D’après les meilleurs renseignemens que
j ai pu obtenir, il ne paraît pas que Tepabi eût pris la moindre
part à l’attentat commis sur le Boyd, bien qu’il eût été accusé
d’y avoir participé avec les chefs du pays, Tepoubi, Pere et
Taara. Les capitaines anglais qui se réunirent pour venger
la mort de leurs compatriotes, paraissent avoir été induits en
erreur par quelques naturels , ennemis de Tepabi. Des personnes
respectables qui le virent après l’affaire du Boyd, et auxquelles
il fit beaucoup d’honnêtetés, ont assuré que Tepabi
était un ami sincère des Européens.
J’ai vu une personne à Tepouna qui m’a appris que plusieurs
de nos marins, en venant prendre des vivres dans la baie,
avaient riiabltudc de duper et de friponner les naturels. Il déclara
que, SI les Anglais commerçaient de bonne foi, les naturels
seraient enchantés de leur fournir tout ce qui leur serait
nécessaire. Il est certain qu’ils ont un grand désir de vivre en
paix avec nous. Ils disent que nous introduisons chez eux les
Taara clan malade depuis cmq jours à bord du Boyd, (piand il entendit
dire au capitaine Thompson qu’il allait le jeter par-dessus le bord.
On le fit sortir de son lit à coups de fouet. On dit que quand son père
rencontra le capitaine Thompson à terre, il le tua.
patates, les choux, les navets, etc., et les outils de toute espèce
dont ils ont continuellement besoin. Une autre considération
agira très-puissamment sur le peuple de la Nouvelle-
Zélande, et tendra à leur inspirer beaucoup de respect pour
rAnglcterre. Ils aiment beaucoup le pain. Quand une fois il y
aura assez de blè semé pour <jue les naturels en apprécient
toute la valeur, ils nous estimeront encore davantage. Peut-
être un jour la Nouvelle-Zélande offrira-t-elle d’amples provisions
de cette denrée à ceux de nos navires qui toucheront à la
Nouvelle-Zélande......
Les Nouveaux-Zélandais sont ennemis des liqueurs fortes. Je
ne crois pas que l’ava-root, qui a fait tant de mal aux naturels de
T a ïli, croisse ici.
Un jour que Wetoï et Touai m’accompagnaient dans une
excursion , je reprochai au dernier d’employer quelques mauvaises
paroles qu’il avait apprises des marins; Wetoï me loua
ouvertement. Il répéta les blasphèmes des Anglais, en disant ;
Ce n’est pas bon. Oui cl non, disait-il, voilà les mots qu’il
faut employer. Ponabou, Dipiro et Shongui ont appris l’al-
phahet en cinq ou six jours. Le dernier a aussi écrit différentes
copies de lettres, et je vous en envoie quelques-unes.
Les Nouveaux Zélandais paraissent avoir plusieurs divinités,
cependant je ne sache pas qu’ils leur rendent aucun culte particulier.
Doua-Tara dit que le contrat de mariage s’opère de la manière
suivante. Quand un jeune homme s’attache à une jeune
tcmmc , et qu’il désire l’épouser, il consulte d’abord Ps parens,
les frères et les soeurs de la fille, car il lui faut leur consentement.
S’ils le donnent, et que la jeune fille ne pleure point,
clic devient immédiatement sa femme. Mais si elle pleure la
première nuit qu’il lui fait sa visite, ou bien , si en lui réitérant
sa visite une seconde ou une troisième fois, elle continue
d’en faire autant, il faut qu’il renonce à son dessein. La simple
fornication n’est p.as considérée comme un crime ; mais l’adiil-
tèrc est puni de mort.