veauï-Zélandais pensent que tous leurs maux leur viennent
d’un être supérieur auquel ils ont coutume de s’adresser en cas
de malheur.
La pauvre femme ayant besoin d’alimens, je lui offris un
morceau de biscuit ; mais elle me fit entendre qu’il lui était défendu
de rien manger autre que des patates. Je parlai à W iwia
qui me dit que Dieu serait irrité si elle mangeait du biscuit.
Il le prit, et répétant dessus plusieurs paroles, il le plaça
sous la tête de la malade; il me dit que la présence de Dieu
était maintenant dans ce biscuit, mais que sa femme ne pouvait
pas le manger.
Je regrettai que la pauvre femme eût été toute la nuit exposée
à l’air, car c’en était assez pour la faire mourir. J’appris
que c’était la coutume chez les Nouveaux-Zélandais, quand
une personne était malade, de la transporter hors de sa cabane,
et de la laisser en plein air, de peur de souiller leurs
maisons par sa présence. C’est pour ce motif que ces peuples
ne mangent ni ne boivent dans leurs maisons, mais toujours
en plein air.
Les Nouveaux-Zélandais considèrent leur Dieu comme un
esprit ou une ombre intelligente. Comme je demandais à l’un
d’eux à qui Dieu était semblable, il me dit que c’était une
ombre immortelle. Du reste, dans leurs maladies ils souffrent
beaucoup de la superstition qui les contraint à rester en plein
air; quelquefois ils refusent, des journées entières, de
prendre ni eau ni alimens, dans la conviction que, si un malade
en prenait, il mourrait certainement. Avant ma visite à
Waï-Kadi, j’avais été souvent frappé de l’air maladif et du
visage flétri des jeunes femmes qui avaient eu des enfans ;
maintenant je l’attribue aux refroidissemens et aux maux
qu’elles ont gagnés à l’époque de leurs couches.
En passant au travers du village , je vis un petit enfant tout
nu, couché par terre, et plusieurs personnes pré.sentes. Un
cbef m’annonça que c’était son enfant, et qu'il n’avait que
deux jours; il me désigna la mère qui marchait à quelque distance.
Elle eut été très-probablement aussi couchée près de
lu i, si elle eût été malade. L ’enfant paraissait très-bien portant.
Je mentionne ce fait comme une preuve que les bommes
et les femmes, dans ces temps de danger, sont exposés à des
souffrances inconnues aux sociétés civilisées.
Soin des morts.
A peu de distance de l’endroit où la femme malade de W iwia
était couchée, il y avait une petite cabane et une plateforme
élevée au-dessus. Wiwia m’y conduisit, il me dit que
son père avait été tué dans le combat, et que san corps avait
été enveloppé et déposé sur la plate-forme , où il devait rester
jusqu’à ce que les os se séparassent de la chair. Je ne pouvais
voir aucune partie du corps, parce que la couverture avait été
entortillée à l’entour, et non étendue dessus, comme nous le
pratiquons pour nos morts. A la Nouvelle-Zélande, les chefs
après leur mort sont communément placés sur une plate-forme
dans un terrain sacré, et j’en ai vu plusieurs. Les naturels
n’aiment point à visiter l’endroit où sont leurs amis morts ;
d’ordinaire ils ont soin de placer aux environs quelque figure
affreuse pour épouvanter ceux qui approchent du lieu où ils
reposent, Je fus très-surpris que Wiwia eût son père si près
de lui et au centre du village.
Ce village est situé dans une riche vallée; la terre en est
très-bonne et propre à la culture. J’y remarquai plusieurs pins
superbes.
W^iwiame pressa instamment d’envoyer quelques Européens
résider à Waï-Kadi. Il désignait le terrain où leurs maisons
seraient bâties, sur le bord de la rivière ; il vantait les avantages
dont ils pourraient jou ir, la richesse du sol pour les patates
et le voisinage de l ’eau. Je lui dis qu’avec le temps ses
désirs pourraient être exaucés; mais qu’il fallait d’abord que
nous vissions comment les babitans de la Nouvelle-Zélande se
conduiraient vis-à-vis des Européens à Rangui-Hou. S’ils