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chef (le l’endroit était un très-beau jeune bomme de seize ans
environ. Son nom était Wao , et son père, à ce qu’il m’apprit,
avait été tué dans la bataille. Tout le terrain autour de nous
était d’une excellente qualité, et les naturels le préparaient
pour les prochaines plantations. Je communiquai à Wao mes
projets de voyage , et il dit qu’il voulait m’accompagner. Il
nous lit présent de quantité de belles patates et d’un beau
cocbon. Je visitai le pâ de son père défunt, qui n’est plus
maintenant babité; c’a été une place considérable el fortifiée :
j ’y observai plusieurs tombeaux; quelques-uns s’élevaient
au-dessus du sol, ornés de peintures, de sculptures et de
plumCvS.
Nous déjeunâmes dans ce village ; nous tuâmes notre cocbon,
et le fîmes rôtir tout entier pour notre voyage. Les babitans du
village furent très-satisfaits de notre visite, et je leur fis à tous
de petits cadeaux d’hameçons. La femme principale du village
avait une petite maison d’une verge en carré environ, très-
proprement bâtie, peinte et ornée de plumes, dans laquelle
elle déposait la nourriture sacrée pour son dieu ; celui-ci était
debout sur un poteau près de la cabane. Là nous rencontrâmes
un cbef de la baie Mercure, nommé Toua-Roro. Je lui demandai
combien il nous faudrait de temps pour aller à cette
baie; il répondit : « Deux jours, » et ajouta qu’il nous servirait
de guide.
Après déjeuner, nous quittâmes le village, et en une beure
environ nous atteignîmes au-dessus de Houpa les bords d’une
des principales branches de la Tamise, appelée le Manane. A
quatre milles environ plus haut, se trouve un pâ sur une très-
haute colline rocailleuse, nommé Tepoua-Rahi : il domine une
grande étendue de la Tamise, avec ses forêts et ses immenses
plaines, aussi bien que les montagnes de l’arrière. Ce fut jadis
une place forte, et elle est encore habitée. Nous traversâmes le
Manane à gué, au pied de la colline; l’eau nous montait à la
poitrine, et le courant était très-rapide. Quatre Nouveaux-
Zélandais me portaient sur leurs épaules en toute sûreté; ils
sont si accoutumés à l’eau, que les rivières et les marais ne leur
présentent aucune difficulté.
J’avais avec moi quatorze chefs et leurs serviteurs ; de sorte
que je ne craignais de rencontrer aucune espèce d’ohstaclc
à mon chemin, que je ne pusse facilement surmonter avec
leur assistance.
Le pays commença à devenir très-montucux et couvert de
grands arbres, dont quelques-uns formaient des espars d’une
hauteur et d’une beauté singulières. Les hois s’étendaient au-
delà de la portée de l’oeil, à droite et à gauche de notre route.
Le cours du Manane suit un ravin profond dans la montagne,
au pied de quelques pitons coniques très-élevés. 11 nous fallut
traverser trois fois son lit à gué. Notre route au travers du hois
suivait précisément la crête de la montagne. Le bois peut avoir
trois milles de large à l’endroit où nous le traversâmes ; quant
à sa longueur, je ne puis m’cn former une juste idée, attendu
que je n’en pouvais apercevoir la fm , même lorsque j’eus atteint
la terre haute et découverte du coté opposé.
De ce point, comme le pays est entièrement dégagé au-delà
du bois, les hauteurs qui entourent la baie Mercure se découvrent
aisément. Elles paraissent être à seize milles de distance
environ, situées sur les contours d’une plaine intermédiaire
qui, en général, est passablement unie, couverte de fougères ,
et complètement dépourvue de hois. Dans cette plaine, il y a
au pied des hauteurs qui dominent la haie Mercure quantité
de sources naturelles dont les eaux réunies forment le Ma-
nanc. Les naturels m’apprirent-que les espars, dans le hois
immense opposé à la plaine qui conduit à la haie Mercure,
pourraient être transportés par le Manane dans la Tamise.
Mais comme je n’eus pas l’occasion de vérifier ce fait, je ne
puis rien dire à cet égard. Le bois de construction est de bonne
qualité, s’il est facile à faire.
La journée était fort avancée quand nous atteignîmes la
plaine. Nous marchâmes jusqu’à ce que le soleil fût couché :
alors nous nous arrêtâmes et nous nous préparâmes à passer la