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P IÈ C E S JU S T IF IC A T IV E S .
nées à bord ; mais, à son retour dans sa tr ib u , il avait été si
sévèrement réprimandé pour cette a ction, que pour sa propre
sûreté il avait été contraint de venir les reprendre. Il dit que
toutes les filles qui étaient venues à bord du navire étaient des
esclaves ; mais que les cbefs s’étalent crus déshonorés en permettant
qu’on disposât de leurs filles de la même manière.
Leu r opin ion , à cet égard, était certainement bien différente
de celle de plusieurs des chefs de la baie des Iles, qui entraînaient
leurs soeurs et leurs filles à bord des navires, du moment
de leur a r r iv é e , satisfaits qu’elles devinssent le partage
des Européens du dernier rang comme des classes les plus
élevées.
{P a g e 2 3 5 .) Dans le mois de septembre, à l ’inexprimable
surprise des insulaires, deux baleines qui étaient entrées dans
la baie des Iles, furent attaquées par les canots de deux navires
baleiniers et dépecées. Quand l’huile en fut extraite, on laissa
la carcasse flotter à la surface de la mer.
La chair de la baleine étant considérée par ces peuples
comme une friandise du premier ordre, ils a ccoururent de toutes
les parties de la baie pour s’en repaître. Une foule de que-
relless’élcvèrent sur le corps du cétacée.Les jeunes filles même,
qui vivaient comme servantes chez les missionnaires et partageaient
leur nourriture, abandonnèrentleur service pour prendre
p lace sur la carcasse de la baleine,ou stipulèrent qu’on leur
en achèterait des morceaux pour leur consommation.
269.) 28 nocemâre 1820.Une jeune naturelle, fille d’un
chef, avait vécu depuis quelques mois avec le soldat qui était
cause de la mort deWilliam Aldridje, et on jugea convenable
de l’éloigner du navire. E lle ne céda à cet ordre qu’avec beaucoup
de répugnance. Depuis le moment où le malheureux soldat
avait été mis au c a ch o t, elle s’ctait tenue n ses côtés et n’avait
pas cessé de pousser des cris : comme on lui avait dit qu’il
serait infailliblement pendu, elle avait acheté du lin des naturels
le long du bord et en avait fait une corde, déclarant
que si tel était le sort de son amant, elle terminerait son exis,-
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tence de 1a même manière. D ’après les coutumes de son pays,
il n’y a pas le moindre doute qu’elle n’eût exécuté son projet.
Quoique chassée du navire, elle resta le long du bord dans
une pirogue depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher, et
ni remontrances ni présens ne purent la décider à s’cn aller.
Quand le Dromedary retourna à la baie des Iles, elle nous suivit
par terre ; et reprenant son poste près de la partie du navire
où elle supposait que son amant était emprisonné, elle y
resta même par le temps le plus affreux, et recommença ses
lamentations habituelles sur le sort qui lui était réservé jusqu’à
notre départ définitif de la Nouvelle-Zélande.
{Page 274.) 3 décembre. En prenant congé du navire, les
femmes qui avaient vécu avec les personnes du bord pratiquaient
la cérémonie de pleurer et de se déchirer avec des coquilles,
tout comme elles l’eussent fait en se séparant de gens
qui auraient eu des droits plus légitimes à leur tendresse. L a
douceur du traitement qu’elles recevaient des Européens, comparée
avec la conduite de leurs compatriotes, avait gagné leur
estime et leurs affections. D’ailleurs, outre le regret qu’elles
éprouvaient à se séparer d’bommes avec qui elles avaient si
long-temps vécu, elles devaient songer aux privations et aux
misères de la vie sauvage, et aux traitemens humilians et
souvent cruels des bommes avec qui elles allaient se retrouver.
(P a g e 3 o y . ) Quand un naturel veut faire un marché, il
examine l ’article que l ’Européen lui offre, une bacbe par
exemple, avec beaucoup d’attention et de sagacité; s’ il la trouve
à son g o û t, il tire un fil de sa natte, qu’ il attache autour de
la h a ch e , en déclarant en même temps qu’il l ’a tabouée. Puis
il la rend au propriétaire jusqu’au moment où il peut lui en
donner la valeur.
{ P a g e 'io y .) Leur boisson universelle est l’eau ; par politesse
ils prennent quelquefois du vin et du g r o g , mais avec
répugnance.
Georges de W^angaroa fut la seule exception que nous pu